De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Les enfants scolarisés de la wilaya de Tizi Ouzou sont très mal lotis en matière sanitaire et tellement à plaindre que même les services de tous les professionnels privés et publics dans la wilaya de Tizi Ouzou ne pourraient faire face aux besoins, selon des médecins. Cette situation est très en deçà du minimum sanitaire quand il s'agit des localités éloignées du chef-lieu de wilaya dans lesquelles la misère et la déchéance sociale (qui n'inquiètent que très peu de responsables à tous les niveaux) multiplient les risques de maladies dangereuses et épidémies d'un autre siècle en l'absence quasi totale de prise en charge médicale. Comme partout dans les pays pauvres, les enfants payent toujours pour les adultes irresponsables. Il y a une dizaine de jours, une douzaine d'enfants d'une école de la commune d'Iloula Oumalou, à quelque 70 kilomètres de Tizi Ouzou, ont été atteints de méningite et ce n'est qu'après coup que la décision de vacciner les écoliers a été prise. Le chiffre est alarmant, dans un pays comme l'Algérie pourtant promis à la prospérité : 40 unités de soins, souvent sous-équipées pour… 211 579 enfants scolarisés, tous paliers confondus, et parmi lesquels on compte 82 237 élèves du cycle primaire et 1 000 en préscolaire ! «Le secteur de l'éducation dans la wilaya dispose de 40 unités de soins qui sont actives, généralement dans les chefs-lieux de daïras et quelques communes privilégiées. Nous avons enregistré à la fin de l'année scolaire 2007-2008 seulement onze unités dotées d'un fauteuil dentaire que tout établissement scolaire doit avoir. Il faut l'avouer : les soins apportés aux enfants scolarisés sont réellement incomplets et se font aussi de façon irrégulière», a affirmé un cadre fonctionnaire de la direction de l'éducation. Il a ajouté que ce grand manque de moyens médicaux est parfois suppléé par des journées portes ouvertes sur la santé scolaire lors desquelles des enfants en profitent pour se vacciner mais «c'est vraiment dérisoire, car les enfants, tous les enfants, ont besoin d'être soignés et prémunis contre les maladies», dit-il. Dans une école du chef-lieu d'Ath Douala, à 15 kilomètres de Tizi Ouzou, où les élèves cotisent annuellement 50 DA pour le volet sanitaire, ils n'ont eu droit qu'à une seule consultation dentaire depuis le début de l'année alors que d'autres ont été orientés vers la polyclinique locale pour faire leur vaccin manquant. Dans une autre commune du sud-ouest de Tizi Ouzou, la situation sanitaire des enfants est encore moins rassurante. En effet, cette commune où étudient des centaines d'enfants ne compte qu'un seul centre de soins domicilié dans le lycée du chef-lieu communal. «Les lycéens peuvent avoir une consultation sur place chez le médecin du centre (qui n'a que peu de moyens, matériels surtout), et les enfants des CEM et des écoles primaires sont obligés de se déplacer pour se faire soigner. Depuis quelque temps, leurs enseignants ne veulent plus les prendre dans ce lycée et ils sont, de fait, privés de soins et de vaccins», affirme un parent d'élève de cette localité pauvre.