De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad La culture de gardiennage des enfants s'est imposée dans les petites agglomérations et même dans les grands villages de Tizi Ouzou avec la démocratisation du droit à l'accès au travail pour la femme qui se décharge peu à peu du statut très peu rentable financièrement de gardienne du foyer. Il faut dire que, depuis une dizaine d'années environ, les initiatives de création de crèches privées sont parvenues, dans nombre de chefs-lieux de daïra et de commune de la wilaya, à satisfaire en nombre la demande en la matière des familles, notamment les jeunes couples vivant loin de leurs parents ou de la «grande» famille. La multiplication de ces établissements privés de gardiennage, qui ne répondent pas toujours aux normes et exigences de ce créneau avant tout éducatif, est venue compenser la démission des pouvoirs publics qui ont brillé par leur absence et manqué de prévisions dans l'accompagnement par des infrastructures adéquates des mutations du monde du travail dans la société. C'est d'ailleurs pour tenter de rattraper ce retard que plusieurs directions de la wilaya de Tizi Ouzou, constatant ce vide, se sont mises ensemble et ont lancé récemment un programme de réalisation d'une crèche dans chacune des 67 communes de Tizi Ouzou. «Dans plusieurs communes sinon la plupart des 67 communes de la wilaya de Tizi Ouzou, des assiettes foncières ont pu être dégagées pour l'implantation du programme d'une crèche et d'une bibliothèque communale ; dans quelques communes, les travaux de ces établissements ont beaucoup avancé, des moyens humains et matériels sont mis pour leur livraison dans le courant de cette année 2009. Dans quelques communes, ces crèches ont été réceptionnées au grand bonheur des familles résidantes ; ces crèches sont très demandées par les femmes travailleuses qui seront ainsi rassurées quant à la bonne prise en charge de leurs enfants et pourront accomplir sans souci leurs activités professionnelles», affirme un cadre de la direction de l'éducation de Tizi Ouzou. Les satisfactions apportées par l'ouverture en grand nombre de ces crèches ne peuvent occulter des carences qui pourraient causer du tort aux enfants à un âge fragile et où l'apprentissage exige des aptitudes, des compétences et des performances de la part des éducateurs et des infrastructures aménagées et destinées à cette catégorie sensible d'apprenants. Des parents soulèvent souvent des problèmes de niveau de certains éducateurs qui n'auraient pas la formation qualificative pour exercer cette profession. «Si je laisse mon enfant pendant plus de huit heures dans une crèche avec d'autres enfants, c'est d'abord pour pouvoir travailler et ne pas perdre mon emploi mais c'est aussi pour permettre à mon enfant d'apprendre des choses utiles par tous les moyens pédagogiques, j'ai envie qu'il soit préparé et s'adapte rapidement aux méthodes de l'enseignement à partir de la première année primaire», déclare une jeune enseignante en langue étrangère dont le congé de maternité est terminé et qui a peur que son petit ne soit pas bien pris en charge par les éducatrices de la crèche située au chef-lieu de wilaya mais qui n'a pas non plus envie de perdre l'emploi qu'elle a décroché après plusieurs années de chômage. Elle dit que l'éloignement de la maison de ses parents l'empêche de confier sa progéniture à sa maman ou à l'une de ses «nombreuses» cousines diplômées sans travail. «Je donnerais moins de la moitié des trois mille dinars par mois que je paye à la crèche à l'une de mes cousines et je serais plus à l'aise au boulot, je n'aurais pas à m'en inquiéter, mais je ne pourrai pas le faire, chez moi c'est à une cinquantaine de kilomètres de Tizi Ouzou ; déjà qu'on arrive difficilement mon mari et moi à régler les charges fixes entre loyer, eau, gaz et électricité», ajoute-t-elle.D'autres femmes évoquent des insuffisances en matière de prise en charge médicale au sein des crèches, un manque de formation des éducatrices, la surcharge et la nourriture qui ne serait pas de bonne qualité.