Photo : S. Zoheir Par Amar Rafa Une caravane humanitaire algérienne de solidarité avec les sahraouis vivant dans les camps de réfugiés à Tindouf, sera organisée à partir d'aujourd'hui. Cet élan de solidarité à mettre à l'actif de la Commission nationale algérienne de solidarité avec le peuple sahraoui (Cnasps), en collaboration avec le Croissant-Rouge algérien (CRA), à travers ses démembrements dans toutes les wilayas, et plusieurs organisations de la société civile algérienne, dont les Scouts musulmans algériens (SMA), l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) et l'association des oulémas, intervient après les signaux d'alarme faisant état d'une situation humanitaire préoccupante dans les camps de réfugiés, due à la rupture de stocks de denrées alimentaires de première nécessité. Le convoi humanitaire devrait arriver dans les camps de Tindouf durant la période comprise entre les 10 et 20 mai prochain. Ces dates sont loin d'êtres fortuites, comme l'explique le président de la Cnasps, Khaled Mahrez, qui précise qu'«au-delà du pain et de l'huile, les sahraouis ont besoin, aujourd'hui, de dignité surtout. Aussi, cette caravane véhicule-t-elle le message du soutien au droit du peuple sahraoui à l'exercice de l'autodétermination, et à vivre dans la dignité». Lors d'une tribune, tenue hier à l'hôtel Safir, en présence de nombre d'organisations de la société civile, des représentants d'organisations humanitaires internationales ont réitéré leur volonté de poursuivre leur action de solidarité envers les sahraouis vivant dans les camps de réfugiés de Tindouf. «J'y suis, j'y reste», est le message lancé par les représentants du Cicr, de l'Unhcr, du PAM, et de l'Unicef. Ainsi, le représentant du Cicr, Bruce Lorenz Biber, a souligné l'engagement dans la durée de son organisation qui continuera à aider les handicapés sahraouis, en affirmant : «On est dans les camps de réfugiés et on compte y rester.» Celui de l'Unhcr, tout en souhaitant que l'initiative profite aux réfugiés de longue durée que sont les sahraouis, lancera un même message rassurant en affirmant à l'adresse des Sahraouis : «Je vous assure, on ne va pas vous oublier.» Quant à la représentante du PAM, Mme. Francesca Caponera, elle a annoncé la poursuite du projet de soutien de l'agence en indiquant que le support international n'a pas changé et qu'il œuvrera à trouver d'autres donateurs. Le PAM évalue les besoins du peuple sahraoui à 35 millions de dollars, sur une période de 18 mois. Selon Mme Caponera, le PAM a déjà reçu 12 millions de dollars, et espère recevoir encore 5 autres millions au cours des deux semaines à venir. Cela représente la meilleure opération de récolte de fonds, indiquera-t-elle en relevant qu'il y a une base de donateurs stable très engagée et continue qui finance les programmes du PAM. Les principaux donateurs sont les Etats-Unis, à raison de 50%, l'UE, l'Espagne, la Suisse, Cuba (sucre) et l'Arabie saoudite (dattes). Toutefois, le problème qui pourrait exister, selon elle, réside dans les relations bilatérales des sahraouis avec certaines ONG, qui se retirent suite à la crise économique. Le président du Croissant-Rouge sahraoui (CRS), Yahia Bouhabini, a, dans son exposé, fait état d'une crise humanitaire alarmante dans les camps de réfugiés due, selon lui, à la crise économique qui secoue les principaux pays donateurs, principalement l'Espagne, pour des raisons historiques évidentes, crise qui s'est répercutée sur le financement des programmes en direction de réfugiés de Tindouf. Nombre de besoins des sahraouis qui étaient fournis par plusieurs régions de ce pays ont connu une baisse de l'ordre de 60%, souligne-t-il, en ajoutant que le montant des aides est passé de 9 à 7,9 millions de dollars en 2013. Cette baisse des aides s'explique aussi, selon M. Bouhabini, par le fait que les parties donatrices accordent la priorité aux conflits dans la région, au dépend donc des conflits de longue durée. Pour résumer le drame humanitaire, le président du CRS a indiqué, en citant des enquêtes de nutrition menées par l'Unhcr, que 30% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition et de retard de développement. Il ajoutera qu'un grand pourcentage d'anémie est signalé chez les femmes qui allaitent ou en âge de procréer, en sus de l'augmentation du nombre de diabétiques et d'hypertendus. Et pour clore le tout, le plus grand taux au monde d'enfants souffrants de maladies céliaques est signalé dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf. Ce constat établi, M. Bouhabini lancera un appel aux pays donateurs pour intervenir en urgence, indiquant que le véritable défi à relever réside dans la constitution de stocks alimentaires afin de pallier à ce genre de situation.