Le géant industriel allemand, Bosch, contracte ses activités dans le secteur de l'énergie. Il y a quelques mois, il s'est retiré du projet Desertec. Vendredi dernier, il a annoncé son retrait du photovoltaïque, secteur en crise en Europe, une décision qui menace 3 000 postes d'empois dont 200 sur le site français de Vénissieux. Bosch va mettre fin à ses activités photovoltaïques cristallines, la technologie la plus répandue, et vendre ou fermer toutes ses unités, dont celle de modules située à Vénissieux (Rhône), dans la banlieue de Lyon. «L'usine de modules de Vénissieux sera vendue. Le projet de production en Malaisie sera abandonné». Bosch prévoit de vendre ses parts dans Aleo Solar, une filiale qu'il détient à 90,7%, a énuméré le Groupe dans un communiqué largement repris par des agences de presse. En revanche, les activités de développement concernant la technologie des couches minces, assurées par la société CISTech GmbH et située à Brandebourg-sur-la-Havel, en Allemagne, seront maintenues. Malgré les efforts conjoints des salariés et de la direction, cette activité a généré des pertes d'environ un milliard d'euros en 2012 pour le Groupe, a rappelé l'entreprise en évoquant un manque de compétitivité. «Ce n'était pas soutenable à long terme», a commenté son patron, Volkmar Denner, lors d'une conférence de presse téléphonique. Celui-ci a évoqué les «immenses surcapacités» de production auxquelles fait face le secteur. «Aujourd'hui, presque tous les grands fabricants enregistrent des pertes, même les Chinois», a-t-il souligné. «Je suis conscient que pour les salariés s'ouvre une période difficile», a-t-il ajouté en affirmant que la direction avait mûrement réfléchi sa décision et étudié toutes les alternatives. Denner a déclaré avoir «l'espoir de sauvegarder des emplois» en réussissant à trouver des repreneurs pour plusieurs des activités de la division Solar Energy, et indiqué que certains salariés pourraient être reclassés dans d'autres divisions du Groupe. Le président de Bosch France, Guy Maugis, s'est dit vendredi «persuadé» de trouver un repreneur pour le site d'assemblage de modules photovoltaïques de Vénissieux. «Nous avons besoin de la production photovoltaïque en Allemagne et en Europe», a fait valoir dans un communiqué un responsable du syndicat allemand IG Metall, Jörg Hofmann. «Autrement, nous bradons de manière totalement inconsciente notre participation à un marché d'avenir», a-t-il averti. L'annonce de Bosch n'est pas une surprise. En novembre, l'entreprise familiale, non cotée en Bourse, s'était déjà retirée du projet géant d'énergie solaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient Desertec. En janvier, la direction du Groupe avait fait savoir qu'elle étudiait toutes les possibilités envisageables quant à l'avenir de ce segment. Comme tous les fabricants européens de composants et installations photovoltaïques, Bosch souffre d'une intense compétition sur les prix, conséquence de la concurrence accrue de producteurs, notamment chinois, et de la baisse des subventions dans plusieurs pays européens. Le marché du photovoltaïque a chuté de 18% en valeur en 2012, à 77,5 milliards de dollars, pesant fortement sur la rentabilité des fabricants. Un autre Allemand, Siemens, a lui aussi tourné cette page, en octobre dernier, en cédant toutes ses activités solaires, et plusieurs acteurs du secteur ont dû mettre la clé sous la porte l'an dernier en Allemagne. Le photovoltaïque est un sous-segment de la division de techniques industrielles de Bosch, division de taille modeste puisqu'elle a dégagé l'an dernier un chiffre d'affaires total de 8 milliards d'euros, contre plus de 52 milliards d'euros pour le Groupe dans son ensemble. La division solaire de Bosch est active dans plusieurs pays d'Europe mais aussi en Asie. Elle compte quatre sites de production, dont trois en Allemagne. A Vénissieux, elle concerne 200 personnes sur les 800 emplois industriels du Groupe sur le site. Bosch, qui est notamment le premier équipementier automobile mondial, emploie environ 306 000 personnes au total. Y. S.