Photo :S. Zoheir Par Samira Imadalou L'interdiction des ventes en espèces durant cette 16e édition du Salon international de l'automobile d'Alger remet sur le tapis le débat sur l'utilisation des chèques et des moyens de paiement moderne dans les transactions commerciales. Chaque année, les ventes de voitures au Palais des expositions des Pins maritimes à l'occasion du salon se font dans l'informel. Les acquéreurs de nouveaux véhicules règlent les premières tranches des commandes sur place en espèce. Ce qui augmente la circulation de l'argent cash hors circuit bancaire, c'est-à-dire de façon informelle. Pour ne pas rééditer ce scénario, la Société algérienne des foires et exportations (Safex) en concertation avec l'Association algérienne des concessionnaires automobile (AC2A) a instruit les participants au salon de passer par les agences bancaires activant au niveau de la Safex pour les transactions liées aux vente des voitures. Il reste à savoir si cette mesure est respectée. Ce qui se passe au salon de l'automobile n'est qu'un exemple sur les pratiques commerciales qui se font dans un cadre informel ou par le biais de la «Chkara», un phénomène qui a apparemment la peau dure puisque rien n'est fait pour l'endiguer. En effet, depuis le recul en janvier 2011 sur l'obligation de l'utilisation du chèque pour les transactions commerciales supérieures à 500 000 dinars, il y a eu que des promesses. Ayant renoncé à imposer le chèque prévu initialement en avril 2011, le gouvernement n'a fait que faciliter le recours aux grosses coupures pour toutes opérations commerciales et faciliter ainsi l'activité aux barrons de l'informel qui continuent à sévir sur la scène commerciale au vu et au su de tous. Deux ans après ce recul les représentants du gouvernement préfèrent parler de mesure de suspension et promettent par ailleurs un meilleur encadrement des transactions commerciales. Mais, l'attente ne fait que s'étaler. Entre temps, ce retard fait le bonheur des commerçants et autres importateurs et prolonge la vie de la sphère informelle. Dans une économie majoritairement dominée par le commerce, comme l'a montré le bilan de la première phase de l'opération du recensement économique dont la deuxième est en phase de lancement, les acteurs trouvent beaucoup plus de facilités à faire leurs échanges en espèces comme le font les grossistes des produits alimentaires et agricoles frais qu'autrement. Même les transactions immobilières se réalisent de cette manière intensifiant ainsi la circulation du cash dans un marché toujours en quête de régulation.
Quelles solutions face une telle situation ? Le développement des instruments de paiement scripturaux, comme le chèque et la carte bancaire, est difficile à réaliser avec le recul de l'Etat à imposer le chèque dans les transactions. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci n'a pas trouvé mieux à faire que de lancer un énième appel pour une large utilisation du chèque et de la carte bancaire. L'accent devrait être mis, selon lui, sur les transactions commerciales de gros et de demi-gros et sur les transactions immobilières. Et ce, d'autant que le système de paiement approprié ou de télé compensation, mis en place en 2006, reste utilisé à seulement 10% de ses capacités, alors qu'un tel système «devrait normalement susciter l'utilisation préférentielle de la monnaie scripturale». Or, ce n'est pas le cas. Les experts, de leur côté, recommandent la transformation du réseau téléphonique en un réseau de payement comme c'est fait dans de nombreux pays, notamment en Afrique, en Asie ou en Europe. Par définition, la monnaie électronique est une valeur monétaire de nature électronique, stockée sur un support, notamment un téléphone portable ou un compte sur Internet. Elle est censée être l'équivalent des pièces et billets de la monnaie fiduciaire, sous forme électronique. «Les pays innovent dans la recherche de solutions pour diminuer le cash. Et ce, via la monnaie électronique qui est en train de prendre le pas sur la monnaie structurale», notera dans ce cadre l'expert financier Abderahmane Benkhelfa. «Il y a toujours une petite rentabilité, ajoutera t-il. «Avec cette course vers l'atténuation du cash, nous n'avons pas encore réussi à mettre en place un réseau bancaire étoffé. Il est toujours limité. Le choix qui s'impose c'est de mettre en place une plate-forme de payement électronique via le réseau téléphonique», expliquera encore M.Benkhelfa. Cependant, faudrait-il assurer les conditions nécessaires à cet effet, notamment la réglementation et le développement de la 3G. En somme, selon l'expert, il y a lieu de continuer à bancariser tout en développant en parallèle le réseau de payement électronique ou autres transferts et à travailler pour permettre le transfert d'argent sans avoir nécessairement un compte bancaire. «Faire du téléphone mobile l'allié du secteur bancaire pour virtualiser l'argent».