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« Le paiement électronique se structure en Algérie via le GIE... »
Mourad Goumiri, expert en économie, au MIDI LIBRE
Publié dans Le Midi Libre le 05 - 11 - 2012

La Satim (société publique algérienne) est chargée de mettre en œuvre et d'introduire la monétique en Algérie depuis plus de vingt ans ! Force est de constater que le bilan est peu reluisant. Seules quelques banques sont équipées d'un réseau fiable et sûr de paiement électronique. D'autre part, la sécurité du réseau est tributaire des infrastructures téléphoniques de l'administration des postes, ce qui ne facilite pas les choses. Le choix est clair, le système bancaire doit disposer de son propre réseau.
La Satim (société publique algérienne) est chargée de mettre en œuvre et d'introduire la monétique en Algérie depuis plus de vingt ans ! Force est de constater que le bilan est peu reluisant. Seules quelques banques sont équipées d'un réseau fiable et sûr de paiement électronique. D'autre part, la sécurité du réseau est tributaire des infrastructures téléphoniques de l'administration des postes, ce qui ne facilite pas les choses. Le choix est clair, le système bancaire doit disposer de son propre réseau.
Midi Libre : Comment expliquez-vous le décalage entre son apparition et cette structure (GIE) pour la généraliser ?
Mourad Goumiri : Les retards enregistrés dans le domaine sont essentiellement dus au fait qu'il n'y a jamais eu de vision globale à moyen et long termes suivie d'un plan rigoureux de mise en œuvre. Le résultat a été des actions ponctuelles, incohérentes et surtout incompatibles avec le reste des réseaux ce qui va perturber tout le réseau et le rendre non fiable donc inutilisable (sécurité et pannes). Il faut espérer que le GIE va enfin remplir sa mission et nous permettre de rejoindre nos voisins marocains et tunisiens qui eux ont un système fiable et efficace depuis plus de dix ans.
Où réside la différence entre le carnet de chèque et la carte bancaire ?
La monnaie électronique permet des applications multiples et complexes en un temps record et avec un maximum de sécurité. Dans tous les compartiments (back et front office) les opérations seront facilitées avec des gains appréciables en temps d'exécution, en rentabilité, en fiabilité et en contrôle. Dès lors, cet outil va booster l'activité bancaire, augmenter la confiance de sa clientèle et permettre de diminuer l'utilisation de la monnaie fiduciaire dans l'activité économique. En même temps, une transparence accrue des transactions financières sera réalisée, ce qui permettra une traçabilité financière nécessaire à l'évasion et la fraude fiscale et au blanchiment d'argent.
Et concernant le plan fiscal ?
Le système fiscal actuel est doublement inefficace. Il l'est par une réglementation qui n'arrive pas à se réformer (le Conseil national de la réforme fiscale a été installé en 1981, il n'a rien produit de sérieux à ce jour) datant de la période coloniale et des moyens humains et matériels très en deça de l'exigence des missions. A l'évidence cette avancée électronique va faciliter les enquêtes et autres recherches fiscales, ce qui va se répercuter sur son rendement.
Quand on connait l'ajournement, à ce jour, du paiement par chèque des transactions de plus de 500.000 DA dû aux insuffisances structurelles quel peut être le champ d'application de la carte magnétique ?
Le problème de la généralisation du chèque et de son utilisation dans les transactions courantes ne peut pas être réglé par un décret qui interdit les transactions en liquide au delà d'un certain niveau (500.000 DA). Nous avons essayé cela en 1981 (à un niveau de 5.000 DA) sans résultat probant, il faut par contre s'attaquer au problème par la racine et se poser la question de savoir pourquoi sommes nous réfractaire à la monnaie scripturale? La réponse à cette question vous donnera les vraies solutions à mettre en œuvre.
Concrètement, si le chèque a du mal à passer chez nous quid de la carte bancaire ?
La carte bancaire n'apportera qu'une réponse partielle à un problème structurel. Quand les autorités monétaires vont enfin comprendre que les fausses solutions ne font qu'accroître la situation de la circulation fiduciaire dans notre pays. Que la banque d'Algérie nous donne les statistiques de la circulation fiduciaire; elle est en mesure de la calculer, alors on comprendra la gravité du problème. Je ne parle même pas de l'état des billets de banques et de leur usure honteuse qui bloque les machines à compter les billets!
Pourquoi, selon vous, la monnaie scripturale tarde-t-elle à devenir courante chez nous ?
La montée en puissance de l'économie informelle a certainement une part lourde de responsabilité dans cette situation, en effet, cette dernière ne s'accommode pas d'un instrument qui laisse des traces des transactions commerciales effectuées, le cash est donc l'instrument privilégiés de cette sphère. La deuxième raison c'est les taux d'imposition prohibitifs qui étaient et demeurent appliqués dans notre pays et qui incitent les contribuables à la fraude et l'évasion fiscale. Enfin, il faut ajouter les disfonctionnement des systèmes monétaire et financier et de celui de la fiscalité, des Domaines et des Douanes qui en émettant des signes de bureaucratie et de corruption, poussent les contribuables à tricher.
De ce côté il n'y a pas que cette monnaie qui vient à manquer mais toute la culture qui va avec ...
Il faut certainement ajouter les éléments culturels et sociétaux pour comprendre la complexité du problème. Des milliers d'utilisateurs potentiels du chèque ne savent pas lire ou écrire leur propre nom et demandent aux autres de le leur remplir... Qui a pensé à eux? Les commerçants refusent les chèques, quelles mesures peuvent les amener à les accepter? Des facilitations sont pourtant faciles à introduire pour régler ces problèmes.
Parmi les Gabs il est signalé l'absence du ticket, de tirette sur tous les points de vente...
L'architecture commerciale dans le domaine monétaire et financier est déplorable, les distributeurs d'argent (DAB) sont très rares (quasi uniquement dans le réseau bancaire et postal) non reliés entre eux et souvent en panne notamment en dehors des heures de service ce qui est un non sens. Les points de vente, l'organisation du front office, le réseau lui-même, tout le système est à repenser pour offrir au client le meilleur service possible.
Qui est chargé de corriger ces
gaps ?
Il y a une responsabilité collective que personne ne veut assumer, les autorités monétaires (ministère des Finances, Banque d'Algérie) se rejettent la balle l'un l'autre, jouant au ping pong avec les usagers. Quant aux banques et autres institutions financières elles assistent passives au match.
Techniquement parlant le GIE peut-il être étendu et ou élargi à la monnaie spicturale ?
Le GIE est un système comme un autre qui permet de facilité les transactions en introduisant la rapidité, la sécurité et le contrôle. Il ne faut pas lui en demander plus.
Nombreux sont les observateurs de la scène nationale à établir un lien inversement proportionnel entre la monnaie scripturale et le marché informel...
Pour faciliter l'épanouissement du marché informel, il parait que la Banque d'Algérie va mettre en circulation un billet de 5.000 DA et pourquoi pas un autre de 10.000 DA tant que l'on y est! Si cette information s'avérait exacte elle démontrerait la complicité de la BA dans le développement de l'économie informelle. A l'évidence, le marché informel, pour s'épanouir, a besoin de la monnaie fiduciaire.
Aujourd'hui le marché de l'informel a pris une ampleur considérable chez nous si bien que j'aimerai vous demander l'impact de cette monnaie sur ce marché ?
La monnaie fiduciaire a été conçue pour facilité les transactions dans les activités économiques mais comme tout instrument elle a ses avantages et ses inconvénients, voire même les inconvénients de ses avantages. En effet, elle est le témoin muet d'une transaction instantanée, ce qui la rend particulièrement prisée, par ceux qui exercent une activité lucrative sans qu'ils ne soient autorisés ou qui veulent minorer leurs bénéfices. Une économie informelle ou des activités criminelles, utilisent toujours pour régler les transactions la monnaie fiduciaires ou ses autres formes jumelles.
Midi Libre : Comment expliquez-vous le décalage entre son apparition et cette structure (GIE) pour la généraliser ?
Mourad Goumiri : Les retards enregistrés dans le domaine sont essentiellement dus au fait qu'il n'y a jamais eu de vision globale à moyen et long termes suivie d'un plan rigoureux de mise en œuvre. Le résultat a été des actions ponctuelles, incohérentes et surtout incompatibles avec le reste des réseaux ce qui va perturber tout le réseau et le rendre non fiable donc inutilisable (sécurité et pannes). Il faut espérer que le GIE va enfin remplir sa mission et nous permettre de rejoindre nos voisins marocains et tunisiens qui eux ont un système fiable et efficace depuis plus de dix ans.
Où réside la différence entre le carnet de chèque et la carte bancaire ?
La monnaie électronique permet des applications multiples et complexes en un temps record et avec un maximum de sécurité. Dans tous les compartiments (back et front office) les opérations seront facilitées avec des gains appréciables en temps d'exécution, en rentabilité, en fiabilité et en contrôle. Dès lors, cet outil va booster l'activité bancaire, augmenter la confiance de sa clientèle et permettre de diminuer l'utilisation de la monnaie fiduciaire dans l'activité économique. En même temps, une transparence accrue des transactions financières sera réalisée, ce qui permettra une traçabilité financière nécessaire à l'évasion et la fraude fiscale et au blanchiment d'argent.
Et concernant le plan fiscal ?
Le système fiscal actuel est doublement inefficace. Il l'est par une réglementation qui n'arrive pas à se réformer (le Conseil national de la réforme fiscale a été installé en 1981, il n'a rien produit de sérieux à ce jour) datant de la période coloniale et des moyens humains et matériels très en deça de l'exigence des missions. A l'évidence cette avancée électronique va faciliter les enquêtes et autres recherches fiscales, ce qui va se répercuter sur son rendement.
Quand on connait l'ajournement, à ce jour, du paiement par chèque des transactions de plus de 500.000 DA dû aux insuffisances structurelles quel peut être le champ d'application de la carte magnétique ?
Le problème de la généralisation du chèque et de son utilisation dans les transactions courantes ne peut pas être réglé par un décret qui interdit les transactions en liquide au delà d'un certain niveau (500.000 DA). Nous avons essayé cela en 1981 (à un niveau de 5.000 DA) sans résultat probant, il faut par contre s'attaquer au problème par la racine et se poser la question de savoir pourquoi sommes nous réfractaire à la monnaie scripturale? La réponse à cette question vous donnera les vraies solutions à mettre en œuvre.
Concrètement, si le chèque a du mal à passer chez nous quid de la carte bancaire ?
La carte bancaire n'apportera qu'une réponse partielle à un problème structurel. Quand les autorités monétaires vont enfin comprendre que les fausses solutions ne font qu'accroître la situation de la circulation fiduciaire dans notre pays. Que la banque d'Algérie nous donne les statistiques de la circulation fiduciaire; elle est en mesure de la calculer, alors on comprendra la gravité du problème. Je ne parle même pas de l'état des billets de banques et de leur usure honteuse qui bloque les machines à compter les billets!
Pourquoi, selon vous, la monnaie scripturale tarde-t-elle à devenir courante chez nous ?
La montée en puissance de l'économie informelle a certainement une part lourde de responsabilité dans cette situation, en effet, cette dernière ne s'accommode pas d'un instrument qui laisse des traces des transactions commerciales effectuées, le cash est donc l'instrument privilégiés de cette sphère. La deuxième raison c'est les taux d'imposition prohibitifs qui étaient et demeurent appliqués dans notre pays et qui incitent les contribuables à la fraude et l'évasion fiscale. Enfin, il faut ajouter les disfonctionnement des systèmes monétaire et financier et de celui de la fiscalité, des Domaines et des Douanes qui en émettant des signes de bureaucratie et de corruption, poussent les contribuables à tricher.
De ce côté il n'y a pas que cette monnaie qui vient à manquer mais toute la culture qui va avec ...
Il faut certainement ajouter les éléments culturels et sociétaux pour comprendre la complexité du problème. Des milliers d'utilisateurs potentiels du chèque ne savent pas lire ou écrire leur propre nom et demandent aux autres de le leur remplir... Qui a pensé à eux? Les commerçants refusent les chèques, quelles mesures peuvent les amener à les accepter? Des facilitations sont pourtant faciles à introduire pour régler ces problèmes.
Parmi les Gabs il est signalé l'absence du ticket, de tirette sur tous les points de vente...
L'architecture commerciale dans le domaine monétaire et financier est déplorable, les distributeurs d'argent (DAB) sont très rares (quasi uniquement dans le réseau bancaire et postal) non reliés entre eux et souvent en panne notamment en dehors des heures de service ce qui est un non sens. Les points de vente, l'organisation du front office, le réseau lui-même, tout le système est à repenser pour offrir au client le meilleur service possible.
Qui est chargé de corriger ces
gaps ?
Il y a une responsabilité collective que personne ne veut assumer, les autorités monétaires (ministère des Finances, Banque d'Algérie) se rejettent la balle l'un l'autre, jouant au ping pong avec les usagers. Quant aux banques et autres institutions financières elles assistent passives au match.
Techniquement parlant le GIE peut-il être étendu et ou élargi à la monnaie spicturale ?
Le GIE est un système comme un autre qui permet de facilité les transactions en introduisant la rapidité, la sécurité et le contrôle. Il ne faut pas lui en demander plus.
Nombreux sont les observateurs de la scène nationale à établir un lien inversement proportionnel entre la monnaie scripturale et le marché informel...
Pour faciliter l'épanouissement du marché informel, il parait que la Banque d'Algérie va mettre en circulation un billet de 5.000 DA et pourquoi pas un autre de 10.000 DA tant que l'on y est! Si cette information s'avérait exacte elle démontrerait la complicité de la BA dans le développement de l'économie informelle. A l'évidence, le marché informel, pour s'épanouir, a besoin de la monnaie fiduciaire.
Aujourd'hui le marché de l'informel a pris une ampleur considérable chez nous si bien que j'aimerai vous demander l'impact de cette monnaie sur ce marché ?
La monnaie fiduciaire a été conçue pour facilité les transactions dans les activités économiques mais comme tout instrument elle a ses avantages et ses inconvénients, voire même les inconvénients de ses avantages. En effet, elle est le témoin muet d'une transaction instantanée, ce qui la rend particulièrement prisée, par ceux qui exercent une activité lucrative sans qu'ils ne soient autorisés ou qui veulent minorer leurs bénéfices. Une économie informelle ou des activités criminelles, utilisent toujours pour régler les transactions la monnaie fiduciaires ou ses autres formes jumelles.


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