Photo : M. Hacène De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani
L'efficacité des dispositifs d'emploi mis en application, PID, CID, Daip, Dais, Ansej et Angem n'est pas vraiment avérée et les résultats escomptés n'ont pas été atteints dans la mesure où ces formules sont devenues juste un moyen pour les jeunes d'avoir un petit pécule qui leur permet de plus ou moins survivre sachant à l'avance qu'au bout du contrat ils ne seront pas recrutés par l'employeur. Et, à moins d'un besoin réel de l'entreprise d'accueil et d'une compétence avérée, avec une petite «intervention» on ne pourra pas prétendre à un emploi stable et bien rémunéré. En effet si les administrations (DAS, Anem et direction de l'emploi) qui gèrent ces différents dispositifs font de leur mieux pour insérer les jeunes demandeurs d'emploi, les entreprises qui profitent de la manne puisque, c'est l'Etat qui prend en charge les rémunérations, recrutent peu ou pas du tout. Les jeunes se retrouvent à la fin du contrat sans emploi et doivent encore s'adresser à ces administrations pour être placés une deuxième fois, et cela risque de prendre beaucoup de temps au vu du nombre important de demandeurs. Les facilitations accordées aux entreprises et aux sociétés n'y font rien et la situation générale s'est quelque peu améliorée du fait de la création d'emplois dans le secteur du bâtiment (qui reste toujours déficitaire en main-d'œuvre qualifiée), dans l'administration publique ou au niveau des grandes entreprises (Fertial, l'Entreprise portuaire d'Annaba et Algérie Postes). A la Direction de l'action sociale (DAS) de la wilaya d'Annaba, qui gère 16 000 emplois depuis 2010 dans le cadre du PID (programme d'insertion pour diplômés), du Dais ( dispositif d'Aide à l'insertion sociale) et du programme Blanche Algérie, on affirme que le quota alloué à Annaba est le plus important du pays pour résorber le chômage qui touche de plein fouet les jeunes universitaire, techniciens, artisans ou sans qualifications. Pour l'année en cours, il a été placé au PID dans le secteur économique 2 040 jeunes, dont 75 % de diplômés universitaires, et 25 % de techniciens supérieurs. Ils perçoivent respectivement 10 000 et 8 000 DA avec la couverture sociale, les autres Daip et Dais sont affectés au niveau des communes pour des travaux d'intérêt général et d'utilité publique. Et là, il faut dire qu'au niveau des communes le suivi de ces jeunes ne se fait pas, on se contente en fin de mois à signer les documents nécessaires qui sont transmis à la DAS. En réalité les bénéficiaires ne pointent pas à leurs postes, ils viennent juste en fin de mois pour récupérer les documents pour être payés sans pour autant avoir travaillé. Une situation qui continue et, pour certains, elle assimilée à une sorte d'allocation chômage. Pour le programme Blanche Algérie, il en est tout autrement, puisque les chantiers sont confiés à des tâcherons avec un contrat en bonne et due forme pour un montant annuel de 3 millions de dinars. Ils sont aujourd'hui au nombre de 70 chantiers répartis sur le territoire de la wilaya, employant chacun 8 personnes percevant 18 000 dinars avec la couverture sociale. Ils sont affectés à des travaux dans les quartiers, nettoyage, désherbage, chaulage et autres travaux en relation avec l'environnement. Mais là aussi le manque de suivi des responsables dans les communes a fait que lesdits travaux ne sont pas exécutés convenablement. Pour l'Ansej, 1 179 projets ont été réalisés en 2012, créant 1 498 emplois directs permanents. Cette performance a été rendue possible grâce à l'allégement des entraves bureaucratiques liées aux dossiers à fournir, ainsi qu'aux facilitations accordées aux jeunes demandeurs. Pour les placements au niveau des entreprises, seules Fertial Algérie la Poste et l'Epan ont admis pour permanisation les jeunes mis à leur disposition et, au bout de la période d'essai, ont décidé de les maintenir. En effet, le port d'Annaba, suite à une convention avec la DAS, a inséré définitivement 150 jeunes, Fertial 50 et Algérie postes 40. Ces 2 dernières entreprises ont pris en charge uniquement les universitaires. Sur l'efficacité de ce système, il faut signaler les défaillances relevées, en dehors des objectifs fixés qui escomptaient la permanisation des jeunes placés, qui ont trait à la double voire à la triple inscription dans les dispositifs d'emploi, sachant qu'il n'y a pas de contrôle à priori et que la coordination entre différents services, si elle est faite, prend beaucoup de temps. En effet, les jeunes chômeurs, qu'ils soient universitaires ou sans qualification profitent de la situation et s'inscrivent en même temps dans différents dispositifs et, pour certains dans ces mêmes dispositifs dans 2 ou 3 wilayas, le certificat de résidence ne posant pas problème. «Nous avons découvert cette forme de fraude et nous sommes en train d'assainir nos listes, nous a déclaré Mme Mayouche, directrice de la DAS d'Annaba. Les rapprochements faits avec la direction de l'emploi et l'Anem ont permis de débusquer 300 indus bénéficiaires PID/DAIP et 500 autres au Dais. Ces derniers ont été convoqués pour rembourser les salaires indument perçus et certains sont déjà en train de le faire. Pour ceux inscrits dans d'autres wilayas nous n'y pouvons rien, mais maintenant au lieu de demander le certificat de résidence nous demandons une photocopie légalisée de la carte de vote, et là nous sommes sûrs que le demandeur réside bien dans la wilaya d'Annaba, ce qui limite considérablement ce type de fraude.»