Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Difficile de prolonger un Contrat de travail à durée déterminée (CDD) sans la coopération des établissements publics et privés. «Une fois le contrat arrivé à expiration, on retombe dans l'inconnu professionnel», déplore un jeune universitaire de Constantine, dont le contrat de travail est arrivé à terme et devait donc songer à trouver un autre emploi pour demeurer actif. Le spectre du chômage plane toujours… Les tentatives de rompre avec un quotidien fait d'inactivité ne sont pas toujours couronnées de succès. Le chômage touche les jeunes, y compris les diplômés de l'université et des organismes de formation. La réalité d'une jeunesse en quête d'un emploi stable contredit les chiffres officiels qui donnent un net recul du chômage, voire les démente, et remet en question tous les mécanismes mis en place à cet effet.A Constantine, il n'y a pas de quoi pavoiser en matière de création d'emplois. Démunie de grands pôles générateurs d'emplois, la ville puise dans ses réserves éphémères. «La wilaya n'offre pas autant d'opportunités pour caser tous les chômeurs», affirme un cadre de l'Agence nationale de l'emploi (Anem). Cet état de fait souligne la nécessité de songer à l'instauration d'une politique de l'emploi qui visera non plus la création de postes de travail «conjoncturels», mais permanents. Les CDD ne devraient plus être que des contrats de mise à l'essai qui, dès la fin de la période, seraient remplacés par des CDI. C'est cela l'objectif que devraient viser les différents dispositifs d'insertion.Pour les responsables de l'Ansej, la pérennité est, par-dessus tout, une affaire de «flair» dans le choix du créneau investi. Il s'agit de faire une étude de marché et des opportunités avant de se lancer dans la constitution du dossier pour mettre de son côté toutes les chances. L'Etat a mis en place de nombreux dispositifs, mais il semblerait qu'ils aient atteint leurs limites. Et ce ne sont pas les statistiques encourageantes et les taux décroissants qui pourraient faire baisser le chômage. Dans la réalité, une minorité seulement des demandeurs d'emploi recrutés dans le cadre du dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (DAIP) gardent leurs postes de travail. Les entreprises se montrent peu coopératives pour épauler les mécanismes d'appui et les organismes publics sont confrontés, pour la plupart, à la réglementation qui régit le recrutement dans la fonction publique. Et l'emploi précaire ne résout malheureusement pas la problématique. Au contraire, il engendre d'autres déséquilibres qui s'accumulent, d'où la spirale de la demande qui prend le dessus sur l'offre. Le CDD, ou le retour à la case départ Le rush sur les antennes d'embauche s'est accentué ces derniers jours à Constantine et les responsables, qui, hier encore, étaient sourds à toutes les demandes, prêtent une oreille attentive aux demandeurs d'emploi. Intérêt conjoncturel pour faire baisser la pression et la grogne sociale ou volonté réelle de réduire le chômage dont le taux est toujours inquiétant, en dépit des chiffres officiels. Les jeunes se bousculent chaque matin pour espérer décrocher un travail qui leur permettrait d'en finir avec l'inaction et la morosité de leur quotidien. Même un CDD peut faire l'affaire quand on n'a pas la moindre source de revenu. L'Ansej a vu une demande accrue depuis la réouverture de quelques nouvelles activités qui étaient jusque-là gelées. L'Agence nationale de l'emploi (Anem) est, elle aussi, quotidiennement sollicitée par de nombreux chômeurs en quête d'une préinscription.En outre, le DAIP demeure le nouvel espoir d'une insertion provisoire qui peut même offrir des opportunités d'emploi permanent à la fin des contrats de travail paraphés au départ. «Personne ne peut nier les résultats de ce dispositif étatique en ces trois formes : CID, CIP et CFI», soutient un responsable de la commune de Constantine, qui a fait bénéficier, en janvier 2009, 1 200 jeunes recrutés en contrat de formation et a bouclé l'année dernière avec 800 autres. Mais pour cette année, la municipalité n'a pas prévu un autre quota pour cette catégorie de non-diplômés qui ont bouclé l'année et touchaient le Smig. Du coup, à l'expiration de leurs contrats, les quelque 1 600 réemployés se sont retrouvés à nouveau au chômage, avec un certificat en poche. Toutefois, l'APC détient un nouveau quota via l'Anem et notamment en fonction de la fiche technique que celle-ci élabore. Pour le CFI, d'autres organismes publics ont pris le relais, apprend-on de sources concordantes, dont principalement les Directions de l'environnement et de l'hydraulique. «En tant qu'organisme régi par les lois de la fonction publique, on ne peut malheureusement pas assurer à toutes les catégories des recrutements à un poste permanent au niveau de l'APC. Cela passera systématiquement par des concours, et ce, pour la frange des diplômés. Cependant, il arrive que des communes n'organisent pas d'examens, faute de postes budgétaires, malgré un déficit flagrant en ressources humaines», explique un responsable.Concernant les contrats d'insertion (CID et CIP), touchant particulièrement les universitaires et les jeunes diplômés issus de la formation professionnelle, pour cette année la municipalité a pourvu environ 100 postes qui se rapportent aux besoins de l'administration communale. Ainsi, les informaticiens et agents de saisi auront une chance d'accéder à un poste d'emploi, faudra-t-il le rappeler, toujours régi par un contrat d'une année renouvelable une seule fois. Avec la mise en place du réseau informatique au niveau des arrondissements, l'hôtel de ville a formulé sa demande en ce sens pour cette année. C'est en quelque sorte l'intranet qui a décidé de la nature de recrutement.Pour l'heure, les demandeurs orientés par l'Anem défilent et croisent les doigts pour une embauche. Les recrutements dans les APC demeurent infimes. Et les secteurs économiques qui associent beaucoup plus le privé ne jouent pas vraiment le jeu pour tenter d'absorber le chômage malgré les garanties de l'Etat en matière de fiscalité. Cette situation provoque un état de stress constant chez ces jeunes qui non seulement travaillent pour un salaire dérisoire, mais en outre ne sont même pas sûrs de garder leur emploi. Chaque jour qui passe les rapproche de la fin du contrat de travail. Le compte à rebours est enclenché dès le premier jour.En plus de l'hôtel de ville, qui participe selon ses «offres» à l'insertion de jeunes, la Direction de l'action sociale joue, de son côté, un rôle important dès lors qu'elle assure un recrutement allant de 1 500 à 2 000 postes par an. «C'est la tutelle qui fixe le taux à travers chaque wilaya», nous confiera le responsable de cette direction. A l'instar des autres dispositifs mis en place par l'Etat, la DAS se base sur deux critères destinés au recrutement. La prime d'insertion de diplômés (PID), offrant une mensualité de 10 000 DA avec un contrat de travail d'une année renouvelable, et un autre type cadrant avec le DAIS destiné aux jeunes sans certificat, rémunérés à 8 000 DA par mois. «Le but de ces dispositifs est de permettre aux jeunes employés de s'imprégner du circuit professionnel», a expliqué notre source, indiquant qu'une couverture sociale leur est garantie pour trois années. La DAS détient une longueur d'avance sur les autres organismes du fait que ses inscrits ne sont pas soumis à des tests préliminaires. C'est, en quelque sorte, un accord établi avec l'Anem. Néanmoins, il est des métiers qui sont quasiment «gelés», faute de demande. C'est le cas des licenciés en droit qui attendent depuis 2002 des lendemains meilleurs. Régi par l'offre, le secteur de l'emploi à Constantine ne donne rien. Les dispositifs d'insertion tentent, vaille que vaille, de s'imposer comme solution, mais la réalité est là : le chômage mine toujours le quotidien de nombreux jeunes, dont des diplômés.