Né à Constantine le 26 décembre 1923, Amar Bentoumi est avocat depuis le 11 juillet 1947, date à laquelle, au terme de ses études de droit à l'université d'Alger, il s'inscrit au barreau de la même ville. Scout à partir de 1941, militant au sein du PPA en février 1943, il est arrêté une première fois six mois après. Secrétaire général-adjoint du comité de soutien aux victimes de la répression en 1948, avocat du PPA-Mtld du 1er janvier 1949 au 6 novembre 1954, il devient l'avocat du FLN dès le 8 novembre 1954. Cette activité lui vaudra d'être interné en camp de concentration de février 1957 à février 1959. Ayant rejoint Tunis au mois de mai de la même année, il assure la publication de 7 numéros successifs de L'ouvrier algérien, organe de l'Ugta, dans lequel il mènera une campagne sur l'assassinat ignoble de Aïssat Idir. Au Maroc, où il se rend à la demande de Ferhat Abbas et Abdelhafid Boussouf, il est jugé au tribunal moderne de Casablanca jusqu'en avril 1962, milite au sein de la Fédération du FLN au Maroc et effectue plusieurs missions pour le Malg, l'ALN et le Gpra. En 1962, il est membre de la Commission centrale du référendum d'autodétermination jusqu'au 5 juillet. Député de Constantine à l'Assemblée nationale, il devient le premier ministre de la Justice de l'Algérie indépendante. En septembre 1963, il quitte le gouvernement. Moins d'une année plus tard, en juin 1964, il est arrêté et interné jusqu'en juin 1965, notamment à Adrar avec Ferhat Abbas. Remis en liberté, il reprend ses activités et ne s'implique pas dans le régime militaire issu du coup d'Etat du 19 juin 1965, bien qu'il approuve toutes les mesures prises dans le cadre de la récupération des richesses nationales. En octobre 1967, il est élu bâtonnier de l'Ordre national des avocats, qu'il fait adhérer à l'Union des avocats arabes, à l'Union internationale des avocats, à l'Association internationale des juristes démocrates (Aijd). Il obtient un nouveau statut de l'avocat garantissant mieux les droits de la défense par l'ordonnance de 1972. C'est alors qu'il entre en conflit avec le ministre de la Justice de l'époque, dont le passage à la tête de ce secteur a été, dit-il, une catastrophe et adresse à Boumediène un rapport critique de l'Ordonnance de 1975 qui met le barreau sous la tutelle du parti unique. Me Bentoumi ne cesse de défendre la profession et de plaider les affaires les plus délicates : élèves-officiers trotskystes, Abdenour Ali-Yahia, Abassi Madani (à deux reprises) et Ali Benflis en 2004. Au plan international, Me Amar Bentoumi a déployé des activités considérables. Ainsi en 1968, il est nommé membre de la commission d'arbitrage, de médiation et de conciliation de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA). La même année, il crée le comité algérien de la Palestine avec Abderrahmane Farès, le Dr Pierre Chaulet et le docteur Grangaud, autofinancé et en liaison avec l'OLP afin d'introduire celle-ci dans les milieux de gauche et d'extrême gauche, et surtout religieux, en Occident, notamment au Vatican. Il assure aussi la défense des fidayine palestiniens dans les affaires d'Athènes (avec Vergès), Zurich (Winterthur) Munich (les jeux olympiques), le Caire (attentat Wasfi Tell), New York (affaire du rabbin raciste), etc. Durant la même période, il publie la revue Palestine et Droit avec le Pr Robert Chavrin. Après l'annulation de son élection comme bâtonnier, en 1975, par la promulgation de l'ordonnance qui a supprimé l'Ordre national et mis le Barreau sous la tutelle du FLN, il décide d'avoir une activité sur le plan international où il est l'objet de manœuvres hostiles du ministre de la Justice : A l'ordre des avocats arabes où il a été remplacé, le bureau l'élit membre de coopération puis secrétaire général-adjoint jusqu'en 2003 pour services rendus à l'Union et à la cause palestinienne. A l'Association internationale des juristes démocrates (Aijd) où il est élu au congrès de Malte, malgré la délégation algérienne, comme secrétaire général et réélu jusqu'en 1996, président jusqu'en 2000 et, à cette date, président émérite avec Nelson Mandela. Rappel pour mémoire, Me Amar Bentoumi a été membre de la Commission internationale d'enquête sur les crimes du régime raciste d'apartheid d'Afrique du sud ; -observateur au procès des mercenaires, à Luanda en Angola, et membre du comité d'élaboration de la convention africaine sur le mercenariat ; -participant à la conférence sur la nature raciste du sionisme ; -vice-président, à partir de 1982, de la ligue internationale pour le droit et la libération des peuples ; -membre puis vice-président en 1982 du tribunal permanent des peuples (ex-Bertrand Russel) et a participé aux sessions sur l'Erythrée, El Salvador et l'Equateur ; -titulaire du diplôme d'estime de la Fédération des Barreaux, collèges et association d'avocats du Mexique. Amar Bentoumi est l'auteur d'un ouvrage de référence : Naissance de la justice algérienne, Casbah-éditions, Alger 2010. Son dernier ouvrage Crime et Infamie, la colonisation vécue par un algérien (1923-1954), chez le même éditeur, sera sur les étals en avril prochain.