La Corée du Nord a transporté un 2e missile de moyenne portée sur sa côte orientale et l'a hissé sur un lance-missiles mobile. La nouvelle alimente les craintes d'un tir imminent qui aggraverait une situation déjà explosive. En Corée du Sud on prend la mesure au sérieux. Deux destroyers sud-coréens équipés de radars perfectionnés sont déployés, un au large de la côte Est et l'autre de la côte Ouest. Les ingrédients d'une déflagration possible se multiplient. Le transport de missiles est le dernier acte en date de Pyongyang, qui redouble de déclarations guerrières depuis quelques semaines face à la provocation des Américains. Pyongyang refuse les sanctions prises par l'ONU, sous instigation occidentale, après l'essai nucléaire début février. Les manœuvres américano-sud-coréennes dans la région sont considérées comme la provocation de trop. La Corée du Nord a proposé hier à Moscou d'envisager l'évacuation de son ambassade et ceux d'autres pays compte tenu de l'aggravation de la situation sur la péninsule. Berlin a convoqué l'ambassadeur de Corée du Nord pour lui signifier «son inquiétude» face à l'aggravation de la crise. La Maison Blanche a fait savoir jeudi que les Etats-Unis prenaient «toutes les précautions nécessaires». Le Pentagone compte envoyer des intercepteurs de missiles pour protéger ses bases à Guam, île du Pacifique située à 3 380 km de la Corée du Nord et où se trouvent 6 000 soldats américains. Pyongyang cite Guam régulièrement parmi ses cibles potentielles. L'armement balistique nord coréen a la capacité d'atteindre la Corée du Sud ou le Japon. Le missile Musudan, dévoilé pour la première fois à l'occasion d'un défilé militaire en octobre 2010, aurait une portée théorique de 3 000 kilomètres. Sa portée pourrait atteindre les 4 000 km en cas de charge légère. La presse sud-coréenne et japonaise qui prend la question au sérieux rapportait que le Nord avait positionné sur ses côtes orientales toute une batterie de Musudan. Selon ces médias, citant des sources militaires, le Nord pourrait tirer un missile le 15 avril, date-anniversaire de la naissance du fondateur du régime communiste nord-coréen, Kim Il-sung, mort en 1994. L'armée nord-coréenne avait prévenu qu'une guerre pourrait éclater. «Les Etats-Unis feraient mieux de réfléchir à la grave situation actuelle», ajoutait-elle, rappelant que les vols de bombardiers B-52 et B-2 américains au-dessus de la Corée du Sud, lors de manœuvres communes américano-sud-coréennes, étaient à l'origine de l'aggravation de la crise. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a rappelé jeudi que «la menace nucléaire n'était pas un jeu» et a dit craindre que «toute erreur de jugement dans cette situation puisse provoquer une crise aux conséquences très graves». La Corée du Nord n'a pas d'autre choix que de «faire face» aux Etats-Unis qui sont la «principale raison des tensions» régionales actuelles, a estimé hier l'adjoint du chef d'état-major des forces armées iraniennes, le général Massoud Jazayeri. M. B. /Agences