Par Kamel Amghar En plus de l'aide directe prodiguée au tissu industriel public, le gouvernement encourage fermement le partenariat avec des opérateurs privés locaux et étrangers. Cette stratégie de relance concerne, dans un premier temps, la filière textile et cuir et sera ensuite généralisée à d'autres domaines d'activité dont la chimie, la pétrochimie et le plastique. En 2011, le gouvernement avait, pour rappel, adopté un plan de relance de deux milliards de dinars au profit de ce secteur de la filature et de la maroquinerie. 60% de cette enveloppe ont été destinés à l'effacement de ses dettes fiscales et parafiscales cumulées et les 40% restants ont été consacrés au renouvellement des équipements et à la formation des personnels. A la faveur de cet investissement, des unités, qui étaient longtemps à l'arrêt, seront prochainement rouvertes, a dernièrement annoncé le premier responsable de la Fédération nationale des travailleurs du secteur, Amar Takdjout. S'exprimant sur les ondes de la Radio nationale, le syndicaliste parlera notamment de la reprise du travail dans les unités industrielles de Chéraga (Alger) et Meskiana (Oum El Bouaghi). Afin de garantir le succès de cette démarche, le gouvernement œuvre à la conclusion de partenariats dans le cadre de la loi 51/49 avec des professionnels, locaux et étrangers, qui auraient de solides références en matière de savoir-faire et de maîtrise des réseaux commerciaux. Une nouvelle approche qui intéresse déjà tant le patronat et les milieux d'affaires. Des rencontres professionnelles entre les Sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP) et les opérateurs privés intéressés seront incessamment organisées à cet effet. Il s'agit «d'évaluer et d'étudier toutes les possibilités pour des rapprochements intelligents entre les entreprises. L'idée maîtresse étant de relancer et de tirer profit de l'appareil existant», a indiqué le patron du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Rédha Hamiani, dans les colonnes d'un confrère. Etant donnée la faiblesse du privé national dans ce créneau d'activité, cette offre de participation profiterait sans doute à des entités étrangères aguerries face à la concurrence agressive des firmes chinoises. Des opérateurs turcs, espagnols et italiens manifestent beaucoup d'intérêt pour ces entreprises, selon toujours le président du FCE. En effet, des industriels turcs sont en voie de conclure un gros contrat portant sur une participation de 49% dans le capital des deux unités Alcost (Algérienne du costume), de Béjaïa et Relizane. Ces deux entités du groupe CH (confection et habillement), à présent limitées essentiellement à la confection des uniformes des corps constitués, élargiront leurs gammes de produits pour investir pleinement le marché du vêtement (blue-jeans, pulls, tailleurs, costumes et sous-vêtement pour tous). Les turcs, qui disposent d'une fine connaissance du créneau, s'engagent au transfert du savoir-faire, au renouvellement de l'outil de production et à la garantie de débouchés à l'exportation. A Béjaïa et Relizane, des plans d'investissement sont, désormais, mis en œuvre et on compte recruter en nombre une main-d'œuvre spécialisée pour répondre aux plans de charge annoncés par le nouveau partenaire. Alcost Béjaïa, qui compte actuellement 500 salariés, devra voir ses effectifs atteindre à moyen terme les 2 500 travailleurs, tandis que celle de Relizane, qui tourne actuellement avec 200 salariés, devrait en compter 1 200, laisse-t-on entendre de source proche du dossier. Les Italiens et les espagnols rivalisent pour «reprendre», à leur tour, les fabriques de chaussures et de vêtements en cuir, dont Mac Soum d'Akbou. Les promoteurs de cette politique (ministère de l'Industrie, la PME et de la Promotion de l'investissement, le patronat à travers le FCE ainsi que les représentants des travailleurs du secteur) s'attendent à une amélioration qualitative des capacités de l'industrie du textile et du cuir, une meilleure résistance à la concurrence asiatique et une opportunité de conquête des marchés extérieurs. L'intérêt manifesté par des spécialistes étrangers suppose de réelles chances de succès à cette nouvelle stratégie qui touchera, dans une seconde étape, d'autres filières d'activité. K. A.