Photo : Medjahdi De notre correspondant à Tlemcen Mohamed Medjahdi La faculté de médecine de Tlemcen a abrité, mardi et mercredi derniers, les travaux de la première conférence internationale sur la thermodynamique de l'environnement et le développement durable. Durant cette rencontre scientifique, les spécialistes ont souligné que l'Algérie, un pays à la fois pétrolier et surtout gazier, se doit de connaître ses potentialités, en utilisant toutes les méthodes d'optimisation de la production, et lutter contre la pollution et l'effet de serre par la technique de séquestration du CO2. Cette manifestation scientifique a pour but, selon les experts, de faire le lien entre les connaissances théoriques et techniques des énergies renouvelables et non renouvelables, et la nécessité d'aller de plus en plus vers le développement durable, pour assurer l'équilibre écologique de la planète, sans pour autant compromettre l'avenir des générations futures. Les conférenciers ont encouragé la contribution de ceux qui utilisent les méthodes de la thermodynamique pour élucider les mécanismes de transfert de produits chimiques pour vulgariser les techniques de dépollution de l'environnement naturel. Chems Eddine Chittour, enseignant à l'Ecole nationale polytechnique d'El Harrach, a parlé des verrous technologiques et du monde de l'énergie au futur. D'emblée, l'orateur a évoqué le monde actuel composé, entre autres, de l'énergie, de l'environnement des changements climatiques, de la mondialisation et du vrai pouvoir : les 50 sociétés qui gouvernent le monde, le déséquilibre Nord-Sud, les aspects géopolitiques : état des lieux, et les conflits identitaires, religieux et économiques. Quelles ressources pour demain ? Le professeur a précisé que l'énergie est un problème majeur pour l'avenir. Il a noté les besoins indispensables à la vie, comme l'alimentation, l'habitat, les transports, l'industrie et la santé, tout en se posant des questions sur la production et les énergies non renouvelables. «Le panier se vide, quelles réserves pour demain ? Les énergies renouvelables coulent-elles assez du robinet ? Quelles ressources pour demain ? Et le climat dans tout ça ?» Le conférencier a déclaré, cependant, même s'il est possible de réduire la consommation totale au niveau mondial, et malgré les rapports alarmants du GIEC, les promesses ne sont pas significatives. Et pour parvenir à réduire la consommation, cela nécessiterait un changement de mentalité (éviter le mimétisme ravageur), ainsi que dans celui de l'habitat, etc. A l'avenir, la consommation mondiale va croître et le pétrole s'épuisera rapidement, soit dans quarante ans, selon les experts. Sur quoi peut-on compter ? Sa réponse était simple. Sur le charbon, avec des réserves ultimes (1 400 ans), le nucléaire fission (réacteurs rapides : réserves 14 000 ans), le nucléaire fusion (réserves infinies), le solaire (ressource immense), et les autres sources renouvelables doivent prendre le relais (éoliens, biocarburants, H2…). Le conférencier n'a pas manqué de soulever en parallèle les pollutions engendrées par le charbon. Il a brossé un long tableau sur cet état des lieux. Evoquant la consommation de l'énergie dans le monde et les prévisions en 2030, l'orateur a précisé que 85% représentent les hydrocarbures, et, depuis la découverte des combustibles fossiles, chaque nouvelle source d'énergie est venue s'ajouter aux autres en évoluant constamment. «Un Américain consomme 8 fois plus d'énergie qu'un Chinois.» Les nouvelles techniques permettent de réduire la consommation d'énergie L'orateur a évoqué également le dérèglement climatique, le manque de l'eau… «Il faut savoir que 80% de la planète [principalement les pays en voie de développement] consomment 20% d'énergie et 20% en consomment 80%. Entre les émissions d'un Américain (20 tonnes) et celles d'un Djiboutien (0,5 tonne), le rapport est de 40 ; ce dernier consomme en une année ce que consomme l'Américain en une semaine ! Le Pr Chems Eddine a souligné que les réserves d'énergie sont limitées, et que de graves menaces pèsent sur la planète avec des conséquences fâcheuses, notamment sur l'écologie, l'économie, le social, et la santé ; et que l'énergie fossile est à l'origine de 85 à 90% des émissions de gaz à effet de serre, donc, pour combattre le réchauffement climatique, il faut d'abord réduire les consommations d'énergie. Le scénario Negawatt, dira le conférencier, consiste à supprimer les gaspillages absurdes et coûteux à tous les niveaux de la société et dans nos comportements individuels, en responsabilisant tous les acteurs, du producteur au consommateur. Il faut réduire au maximum les pertes lorsqu'on utilise ou qu'on transforme l'énergie, en les ramenant, d'ores et déjà, de 2 à 5 avec les techniques existantes. Le solde énergétique doit maintenant être couvert par les ENR. Il est inépuisable, et son impact sur l'environnement est faible et émane du soleil. Il est encore là pour 5 milliards d'années. Au volet solaire, la solution se trouve dans l'éolien et le solaire, qui représentent deux formes d'énergie renouvelable parmi les plus prometteuses. «Alors, pourquoi ne pas les combiner ? C'est ce que vient de réaliser une entreprise new-yorkaise avec Grow, le lierre solaire. En s'agitant, ces minuscules capteurs solaires actionnent un dispositif piézo-électrique dissimulé dans leur tige en produisant de l'énergie sous la contrainte mécanique. La société Smit souligne l'importance de combiner les deux sources d'énergie dans une solution qui en garantirait un fonctionnement plus continu en cas de carence de l'une ou de l'autre.» Dans un autre sillage, la seconde génération de panneaux solaires, connue depuis 10 ans avec l'arrivée des premières cellules dites «thin film», a fait l'objet de débats. Ces cellules, indique le conférencier, sont 100 fois plus minces qu'une cellule de silicium, avec une performance tout aussi efficace, voire supérieure. La troisième génération, poursuit l'orateur, est issue de la nanotechnologie, qui, physiquement, ressemble fortement aux «thin film», et qui a, quant à elle, l'énorme avantage d'assurer un coup de production très bas, car les cellules sont imprimées sur un support. «Avec ce nouveau procédé de fabrication, le coût de production a atteint un seuil critique, à savoir un prix de revient de moins de 1 dollar par watt, c'est à-dire moins cher que le charbon. Le marché des panneaux solaires sera très attractif.» Dans ce cadre, enchaînera-t-il, une équipe de chercheurs de Munich (LMU) a montré qu'il était possible d'améliorer considérablement la capacité naturelle d'absorption lumineuse des plantes en introduisant des nanoparticules d'argent dans les pigments responsables de cette absorption. Economisons au quotidien Cette découverte est utilisée pour le développement futur de cellules photovoltaïques innovantes, lesquelles fonctionneraient sur l'exemple biologique d'exploitation photosynthétique de l'énergie solaire, etc. «A partir de 2020, l'électricité solaire pourrait même devenir l'option énergétique la plus abordable. Les importations en provenance d'Afrique du Nord pourraient couvrir environ 15% de la demande nationale allemande en électricité. Théoriquement, un millième de la superficie des déserts suffirait à couvrir la demande mondiale en électricité. De nouvelles infrastructures haute tension seront nécessaires pour relier l'Europe aux zones ensoleillées du Sahara, distantes de 4 000 km, et la prochaine génération de lignes passera à 800 kV et sera caractérisée par une réduction des pertes et des coûts», déclare-t-il avant d'ajouter : «Il faut construire des centrales solaires thermiques qui convergent les rayons du soleil sur un grand miroir parabolique afin de produire de la vapeur d'une température de 400 degrés Celsius sous une pression de 50 à 100 bars. Une turbine traditionnelle convertit ensuite cette chaleur en électricité. Un autre avantage de cette technologie : la chaleur se stocke beaucoup plus aisément que l'électricité…» Enfin, un seul mot : économisons au quotidien. Pour manger «citoyen», il faut retrouver le temps des saisons et le goût de la consommation des productions de sa région.