Le chef de daïra a beau vouloir convaincre les journalistes d'une opération originale visant à faire l'annonce de la publication pour dimanche prochain de la liste des 1 210 bénéficiaires de logements sociaux, mais il s'agit plutôt d'anticiper sur des risques de dérives de la population, notamment ceux qui n'y figureraient pas. A près de cinq jours avant cette publication, l'administration a donc le double avantage de préparer les esprits, de diluer l'impact de l'opération compte tenu du fait qu'il est plus que certain que des informations vont filtrer avant la matérialisation de l'annonce et ensuite de se préparer elle-même ou préparer les instruments qui contribueraient à amortir l'onde de choc, car malheureusement c'en est une à chaque fois qu'un tel cas de figure se présente. Cela étant, à tenir compte de la somme d'arguments livrée par le chef de daïra aux côtés duquel se tenait le maire, en l'occurrence le Pr. Aberkane, comme pour apporter une caution morale à l'opération, le travail réalisé pour tamiser les listes qui remontent à l'année 1987 et actualisées jusqu'à 2011, traitées dans les plus infimes détails plus de 17 000 demandes, est des plus appréciables. Ce d'autant plus qu'en plus des critères habituels, il fallait par souci d'humanisme faire également preuve d'«ijtihad» pour ne pas laisser en rade des demandeurs qui seraient dans de véritables situations de détresse. C'est un peu le cas de ces célibataires qui le sont restés jusqu'à dépasser la cinquante d'années d'âge et pour cause l'absence d'un toit. Deux familles de non voyants notoirement connues à travers la wilaya ont également été directement cooptées par l'administration, non pas uniquement pour leur handicap visuel mais également compte tenu de leur situation sociale dramatique. Pour atténuer toujours le risque de grogne populaire, le chef de daïra annoncera le lancement d'un programme de 1 200 autres logements sur celui global de 5 910 (dont les 1 210 qui vont être distribués). Sur cette tranche de 1 200, 300 décisions de pré-affectations seront remises à leurs titulaires toujours, une procédure qui montrerait alors plus que les bonnes intentions des pouvoirs publics de répondre graduellement aux demandeurs mais plus encore de confirmer les attributions à de potentiels bénéficiaires qui n'auront plus à vivre le stress quotidien imputable au doute de ne pas se retrouver parmi les heureux élus. Néanmoins cette pré-affectation pourrait être annulée dès lors qu'un argument contraire vienne justifier ladite annulation : propriété dissimulée du demandeur ou de son conjoint à titre d'exemple. Enfin sur les 17 672 dossiers étudiés, 400 ont été d'autorité affectés au logement participatif aidé (LPA) en raison de la consistance des émoluments des demandeurs (+ de 24 000 dinars de salaire). Bien entendu, la procédure des recours reste valable et tout citoyen en mesure de démontrer une indue attribution doit toutefois en apporter la preuve. En somme un risque de délation qui ne dit pas son nom et au-delà d'autres risques de conflits entre personnes, voire familles et par voie de conséquence de possibles dérives. Le mot de la fin : quoique drapée d'approche novatrice de l'administration selon les propos du chef de daïra, cette démarche semble plus procéder de l'anticipation sur une réaction houleuse de la rue en la désamorçant avant coup ou sinon en atténuant, d'une part, la violence et de déculpabiliser, d'autre part, les pouvoirs publics dans le cas du recours probable aux moyens dissuasifs et coercitifs pour juguler les débordements et enfin battre en brèche toute récupération politique et politicienne. Il n'est pas exclu qu'à la publication des listes et qu'à l'opportunité d'introduire des recours au même instant, le Centre culturel M'hamed-Yazid soit pris d'assaut, dimanche prochain, par les mécontents. A. L.