Après les affaires Sonatrach I et II, une nouvelle affaire de détournement de GNL algérien, dont se serait rendu coupable l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khellil, vient d'être révélée. L'enquête, que publie notre confrère Algérie-news, a été menée aux Etats-Unis et fait référence à des documents officiels, pour démontrer les perfidies de l'ex-ministre, que l'on accuse d'avoir défendu «les intérêts de ses ‘'amis'' du gotha mondial de l'énergie et de la finance» à la place de l'Algérie, notamment pour avoir œuvré à supplanter le GNL algérien sur le marché américain, par celui d'Egypte. L'enquête fait référence à des documents officiels de l'«Office of Natural Gas Regulatory Activities», qui retracent toutes les livraisons de GNL algérien aux Etats-Unis, depuis 1973 jusqu'au mois de janvier 2013, et où sont clairement notifiées les dates d'arrivées ainsi que les informations sur l'origine des cargaisons. Elle retrace l'historique des ventes du GNL algérien sur le marché depuis 1973 jusqu'en 2007, révélant qu'une cargaison algérienne aurait même été payée à d'autres. L'auteur de l'enquête, qui estime, néanmoins, que c'est en 2005 que le jeu a amorcé le plan «machiavélique», raconte, que «le 4 avril 2005, le tanker Lala Fatma N'soumer arrive en Louisiane. L'acheteur est BG-LNG alors que Sonatrach était le vendeur. Le 15 avril de la même année, ce n'est pas une cargaison algérienne mais égyptienne qui arrive pour la première fois en Louisiane. Cette fois, c'est toujours BG-LNG qui l'acheta et BG-GM est le vendeur. Revoilà une autre cargaison algérienne qui arrive le 27 avril 2005 en Louisiane. Pour cet arrivage, encore BG-LNG comme acheteur et Sonatrach comme vendeur. Après une petite accalmie de quelques semaines, une cargaison algérienne de GNL arrive en Louisiane le 15 juillet 2005 suivie par une autre égyptienne le 24 juillet, toujours avec l'acheteur BG-LNG. Au mois d'août 2005, Chakib Khellil donne congé aux tankers de Sonatrach à l'exception du voyage du bateau Lala Fatma N'soumer, qui arrive en Louisiane le 18 août 2005.L'Egypte fonce les 5 et 11 août avec deux cargaisons vers la Louisiane pour le compte de BG-LNG. Deux autres cargaisons égyptiennes de GNL arrivent pour le compte de BG-LNG vers le terminal de la Georgie, le 12 et le 27 août, mais le vendeur est cette fois-ci la compagnie égyptienne Damietta, une holding qui, selon certains médias égyptiens, était utilisée pour blanchir de l'argent vers des comptes numérotés aux Iles Caïmans. Nombreuses interrogations sur le rôle de Sonatrach dans une connexion dénommée Fenosa l'espagnole, Damietta et Eni l'Italienne. Les 2,6, 14 et 26 septembre, des tankers transportant du GNL égyptien occupent les terminaux américains». Pour étayer ses affirmations, le journal sous un inter «Une cargaison algérienne payée à d'autres», révèle suite à une vérification numérique des tankers transportant du gaz algérien en 2004, et qui étaient au nombre de 42 (43?), que «l'acquittement et le paiement de 4 livraisons, dont la destination serait Sonatrading, une entité claire-obscure dépendant, semble-t-il, de Sonatrach, dont le siège est signalé à Amsterdam. Les traces bancaires de ces quatre transactions se trouvant à Londres», et que «Sonatrading est, ou était, chapeautée par un certain Abdelatif Khellil qui serait un ex-cadre de Sonelgaz». En se référant à d'autres documents, «le paiement d'une cargaison de GNL algérien du terminal d'Arzew vers le port de Lake Charles (Louisiane) s'est fait par un bateau nommé Methane Polar (Chypriote mais enregistré au Liberia) n'est jamais revenu à Sonatrach», indique le journal, qui juge «plus troublant» que les registres du port américain ne mentionnent pas le pays d'origine de la cargaison. «Durant l'année 2005, l'Algérie avait vendu son gaz (concerné uniquement par des contrats à court terme) pour un prix moyen de 8 dollars et 13 cents, alors que l'Egypte, elle, réussit à décrocher un meilleur prix à 10 dollars et 46 cents (le MMBtu)», indique l'auteur de l'enquête, d'après des factures. Pour enfoncer encore le clou, la même source ajoute, qu'«au mois d'août 2005, des mouvements suspects sont relevés par les documents concernant les mouvements et déplacements entre les ports égyptiens et algériens et le terminal gazier d'Elba Island en Géorgie(USA)», pour conclure «qu'une partie égyptienne ou européenne aurait encaissé au moins deux cargaisons de gaz algérien». En rappelant les déclarations de Chakib Khellil, le 24 octobre 2005, que «Sonatrach allait approvisionner les Etats-Unis en gaz naturel pour un volume de 250 millions de pieds cubes/jour et pour une durée de 20 ans», l'auteur fait état d'un total des exportations algériennes en gaz naturel liquéfié vers les Etats-Unis en 2006 qui n'a pas dépassé les 17,7 milliards de pieds cubes, et qu'en 2007 BG-LNG arrête de recevoir le gaz algérien. En s'interrogeant «qui a pris la place algérienne ?», le journal suggère une piste : Khellil été placé par l'émir du Qatar comme P-dg à la tête de Qatar-Gas, avant d'affirmer, sans ambages, que «le Qatar et l'Egypte nous ont remplacés». A. R.