Comme il était prévisible, dès que les postulants au logement social ont connu l'identité des 1 210 bénéficiaires, les lieux «stratégiques» où ils pouvaient laisser transparaitre, voire matérialiser leur colère ont tout de suite été pris d'assaut. Anticipant sur une telle réaction, pouvait-il d'ailleurs en être autrement, les responsables du complexe administratif abritant la daïra et le reste des sous-directions et subdivisions administratives ont préféré garder portes closes. Les interlocuteurs potentiels sur place canalisant la foule vers le Centre culturel M'hamed-Yazid où était convenu dès le départ le dépôt des éventuels recours. A hauteur dudit centre culturel s'étaient déjà présentées dès potron-minet les personnes soucieuses de remettre leur recours. Autant dire qu'il s'agissait de citoyens clean lesquels, par ailleurs, ont vite été rassurés par la présence du maire en l'occurrence le Pr Aberkane, présent très tôt sur place, qui s'est chargé en personne du ramassage des recours formulés, n'hésitant pas un seul instant de parler autant que faire se peut avec qui sollicitait avec insistance des explications. Exception faite de quelques crises d'hystérie féminine et coup de gueule de jeunes la situation a été impeccablement gérée par le premier édile d'autant plus que la majorité des personnes introduisant les recours faisaient preuve de la plus grande dignité. Des échos venaient de temps à autre, colportés par les téléphones mobiles, annonçant le blocage de la principale voie d'accès de la ville (entrée nord-est) et moins d'une heure plus tard, ce seront en fait l'ensemble des voies qui seront verrouillées installant alors des scènes indescriptibles d'usagers de la route s'évertuant à trouver les moyens de sortir de ce qui prenait progressivement l'allure d'une véritable toile d'araignée. Des pistes seront improvisées parfois par les éléments des services de police eux-mêmes, très souvent à travers champs et méandres de sites d'auto-construction. Les conducteurs visiblement pris de panique, stressés et donc peu soucieux des violences faites aux pneus et à la carrosserie. Un «savant» dosage de présence policière laissait faire tout cela, les dépassements étant permis, les colères, les insultes envers le gouvernement, les responsables politiques, le président de la République ne faisait ciller aucun des policiers vraisemblablement instruits pour ne pas répondre à la provocation et encore moins jouer les provocateurs. Il paraissait d'ailleurs pour le moins étrange que les moyens dissuasifs habituellement utilisés ne soient pas directement visibles. Ceci étant, à hauteur du plus important regroupement d'individus qui donnaient des signes d'hostilité, autrement dit au lieudit «Mouzina», les risques d'une flambée de violence étaient nettement perceptibles. Il demeure toutefois peu évident que les troubles aient lieu au cours de la journée. Les jeunes qui veulent en découdre avec les éléments du service d'ordre pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le logement social jugeant plus profitable d'attendre la tombée de la nuit pour aller à la bastonnade. Concluons enfin sur l'absence des responsables locaux pour la gestion de la situation. Il y a lieu cependant de se féliciter de l'attitude du Pr Aberkane, lequel, quoique non concerné par la question dans la mesure où le dossier logement est géré par la daïra, ne s'est pas dérobé à ses obligations d'élu. A. L.