L'armée égyptienne aurait évité au pays une guerre civile en février 2011. C'est du moins ce que pensent les responsables américains. L'armée égyptienne a joué un rôle décisif pour éviter une guerre civile lors du renversement du président Hosni Moubarak en 2011, a estimé, jeudi, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, dont le pays fournit 1,3 milliard de dollars par an aux militaires en Egypte. S'exprimant devant une commission du Sénat, M. Kerry a toutefois réitéré les inquiétudes de Washington face à la «direction» prise par l'Egypte du président islamiste Mohamed Morsi, élu au printemps 2012. «L'armée en Egypte s'est franchement comportée de manière incroyablement responsable dans ce drame. Sans l'armée, je pense que vous auriez eu une guerre civile en Egypte, vous auriez vu de grosses effusions de sang», a déclaré le chef de la diplomatie américaine. Les militaires égyptiens sont les deuxièmes récipiendaires de l'aide américaine, après Israël, avec 1,3 milliard de dollars par an et constituent «le meilleur investissement que l'Amérique ait réalisé dans la région», a affirmé M. Kerry. Il a salué notamment la «retenue» dont a fait preuve l'armée égyptienne lors des manifestations en février 2011 sur la place Tahrir au Caire, qui avaient entraîné la chute du président Moubarak. Mais le secrétaire d'Etat a répété à l'adresse du régime civil du président Morsi que «toute aide supplémentaire serait très clairement conditionnée à des progrès sur un certain nombre de choses». Début avril, M. Kerry avait exprimé les «inquiétudes réelles» des Etats-Unis face à la situation politique, économique et des droits de l'Homme en Egypte, notamment sur les restrictions à la liberté d'expression. M. Kerry s'était rendu au Caire le 2 mars: il y avait exhorté M. Morsi et l'opposition à redoubler leurs efforts pour rétablir la stabilité politique et remédier à la profonde crise économique, tout en apportant 250 millions de dollars d'assistance. Il avait également poussé Le Caire à trouver un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) à propos d'un prêt de 4,8 milliards de dollars. Allié pendant 30 ans au régime Moubarak, Washington avance prudemment avec «la nouvelle Egypte». Pour les Américains, le dilemme est de soutenir les aspirations démocratiques des Egyptiens sans fâcher l'un de ses principaux alliés régionaux, lié à Israël par un traité de paix. R. I.