Les Etats-Unis sont “réellement inquiets" de la situation politique, économique et des droits de l'homme en Egypte, a déclaré mardi le secrétaire d'Etat John Kerry, un mois après une visite au Caire où il avait débloqué une aide de 250 millions de dollars. “Pour l'Egypte, nous partageons une vraie inquiétude au sein de l'administration Obama quant à la direction que prend apparemment l'Egypte", a déclaré M. Kerry lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue sud-coréen Yun Byung-se. “Nous espérons qu'il soit encore temps de changer de direction. Mais les dernières arrestations, la violence dans la rue, le fait que l'opposition n'est pas incluse dans le processus politique, toute cela est une source de préoccupation", a insisté le secrétaire d'Etat. Son département avait dénoncé lundi les restrictions de plus en plus fortes à la liberté d'expression dans ce pays, à la lumière du cas d'un humoriste égyptien poursuivi pour avoir insulté l'islam et le président islamiste Mohamed Morsi. M. Kerry s'était rendu au Caire le 2 mars : il y avait exhorté M. Morsi et l'opposition à redoubler leurs efforts pour rétablir la stabilité politique et remédier à la profonde crise économique, tout en apportant 250 millions de dollars d'assistance. Il avait également poussé Le Caire à trouver un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) à propos d'un prêt de 4,8 milliards de dollars. “Nous avons travaillé très, très dur ces dernières semaines pour tenter de rapprocher le gouvernement égyptien de l'opposition, pour sceller un accord avec le FMI, pour parvenir à un règlement qui permette à l'Egypte de commencer à transformer son économie et améliore la vie de ses citoyens", a rappelé M. Kerry. Allié pendant 30 ans du régime de Hosni Moubarak, Washington marche sur des œufs avec “la nouvelle Egypte", M. Obama semblant privilégier sa relation avec le président égyptien. Pour les Américains, le dilemme est de soutenir les aspirations démocratiques des Egyptiens sans fâcher l'un de ses principaux alliés régionaux, lié à Israël par un traité de paix. Réagissant à cette nouvelle mise en garde, la présidence égyptienne a affirmé hier son engagement pour la liberté d'expression et assuré ne pas être à l'origine des procédures judiciaires contre un humoriste critique du pouvoir, après que les Etats-Unis eurent exprimé leur inquiétude face à l'évolution de l'Egypte. “La présidence réaffirme l'importance de la liberté d'expression et respecte pleinement la liberté de la presse", indique un communiqué des services du président islamiste Mohamed Morsi. Le communiqué dément que les procédures judiciaires en cours contre un célèbre humoriste, Bassem Youssef, très critique des islamistes et de M. Morsi, aient été engagées à la demande de ce dernier. “La présidence n'a déposé aucune plainte contre Bassem Youssef", assure le communiqué, en soulignant qu'elles émanaient de “citoyens". “L'Egypte après la révolution (début 2011) est devenue un Etat de droit avec une justice indépendante. Par conséquent, la convocation par le parquet d'un citoyen quel que soit son titre ou sa notoriété relève du procureur général, qui agit indépendamment de la présidence", ajoute le communiqué. R. I./Agences