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Appel à l'arrêt du démantèlement de l'enseignement technique en Algérie Les enseignants du technique se manifestent et rappellent leur ancienne revendication
Par Karima Mokrani Après une période d'absence relativement prolongée qui est loin d'être synonyme d'abandon et de renoncement, les enseignants du technique se sont manifestés hier par l'organisation d'une conférence de presse à Alger. Ils ont réitéré leur appel pour la réhabilitation de l'enseignement technique et ont insisté sur la nécessité de récupérer les technicums. Ces derniers, aujourd'hui transformés en lycées d'enseignement général, et les équipements pédagogiques atteints de rouille. Les enseignants du technique, regroupés au sein d'une coordination (Cnlt) ont également plaidé pour un dialogue sérieux et fécond avec la tutelle, dans l'espoir d'amener celle-ci à renoncer définitivement à sa démarche de démantèlement de l'enseignement technique en Algérie. L'organisation de cette rencontre avec la presse intervient quelques jours après l'annonce de la finalisation des consultations sur ce qui est censé être une réforme de la réforme, même si le ministre, Abdelatif Baba Ahmed, persiste dans son refus d'utiliser cette expression, insistant sur le fait qu'il ne s'agit pas de remettre en question les fondements de cette réforme mais juste de remédier aux lacunes dans son exécution sur le terrain. Naïma Zaïda, membre active au sein de cette coordination des enseignants techniques, créée en 2006, affirme son espoir que le nouveau ministre et ses collaborateurs prennent en considération leurs propositions: «Nous espérons que nos propositions seront bien examinées par la tutelle et prises en charge de façon à redonner à l'enseignement technique son aura d'antan. C'était une erreur de la part du ministère de l'Education nationale de procéder à sa suppression. Une grande erreur qu'il faudrait corriger très vite. On verra bientôt les conséquences sur les entreprises économiques et la production industrielle en Algérie.» Les propositions de la Cnlt sont au nombre de deux: retour à l'enseignement technique par une réhabilitation de toutes les filières disparues (électronique, fabrication mécanique, électrotechnique, bâtiment et travaux publics, technique comptable…) et d'autres encore, toujours enseignées dans les établissements du secondaire mais mal, selon le propre mot de la représentante de la Cnlt. «Certaines filières existent toujours mais elles sont très mal enseignées. Juste des généralités. Un enseignement général, sans pratique. Dans les meilleurs des cas, cours assistés par ordinateur. Ce n'est pas de l'enseignement technique ce qu'ils sont en train de faire aujourd'hui. Et nous, avec eux, sommes contrariés. Nous souffrons. Nous nous battons à notre manière mais nous subissons, en revanche, une grande pression.» Et notre interlocutrice de dire son mal de voir de nombreux anciens collègues partir ailleurs: «Certains ont complètement quitté l'enseignement après avoir fait des demandes de départ à la retraite. D'autres enseignent d'autres matières qui n'ont rien à voir avec leur domaine et leur spécialité. Certains sont dans des tâches administratives, une grande frustration pour eux. Les autres, les plus combatifs, en paient le prix.» Selon son collègue, Bendaïkha, présent à la conférence de presse, moins de 2 000 enseignants du technique sont restés sur un ensemble de 6 000. Tous les autres ont opté pour d'autres solutions. D'autres horizons. Un autre membre de la coordination insiste: «Il n'y a plus d'enseignement technique en Algérie. Ils ont tout cassé. En 2006, les élèves du technique représentaient 9,6% du total des candidats au baccalauréat. En 2009, ils n'étaient que de 1,5%. C'est insignifiant. En France, c'est presque la moitié des candidats qui sont de l'enseignement technique.» Et ce dernier d'insister sur l'importance du baccalauréat professionnel, évoqué maintes fois par le passé par les représentants des deux ministères de l'Education nationale et de la Formation professionnelle. «Il est absolument nécessaire d'instaurer un baccalauréat professionnel. Un grand nombre d'élèves ne se retrouvent pas dans l'enseignement général. Ils ne sont pas faits pour les études théoriques, ils sont plus dans le travail manuel, dans la pratique. Seul moyen de les sauver, c'est d'instaurer ce baccalauréat professionnel. C'est aussi une manière de résoudre le chômage dans le pays». Ce baccalauréat professionnel est une autre proposition de la Cnlt, qui précise qu'il doit être une porte qui s'ouvre sur trois voies: «Ceux qui obtiennent les meilleures notes passent à l'université, les moyens s'inscrivent dans les écoles spécialisées et les autres s'orientent directement vers la vie active.» Autre problème soulevé par les enseignants du technique, leur non intégration dans le corps des professeurs de l'enseignement secondaire : «Nous sommes lésés, dévalorisés. Pourtant, nous assurons les mêmes tâches que les PES, avec un même volume horaire. La discrimination ne date pas du dernier statut mais bien avant.» K. M.