Confrontée à l'enlisement de la zone euro dans la récession, la Banque centrale européenne (BCE) n'a jamais été aussi proche d'une baisse de ses taux directeurs depuis sa précédente initiative en la matière en juillet 2012. Une baisse d'un quart de point du taux de refinancement, son principal taux directeur, pourrait ainsi intervenir dès la semaine prochaine, selon plusieurs sources au fait des débats au sein du Conseil des gouverneurs. Le consensus en faveur d'une action sur les taux se renforce afin de soutenir l'économie de la zone euro qui a rechuté en récession, selon ces sources. Certains responsables monétaires de la zone euro avaient souhaité une décision moins tardive. Le recul de l'inflation nettement en dessous de l'objectif de moyen terme de la BCE d'un rythme proche de 2% l'an lui donne une marge de manœuvre, selon un responsable de la BCE. Même le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, le moins accommodant des 23 membres du conseil, est prêt à envisager une action, selon cette source. A l'issue de la réunion de politique monétaire du 4 avril, le président de la BCE, Mario Draghi, avait déclaré qu'elle se tenait «prête à agir» pour soutenir l'économie de la zone euro. «Maintenant, la voie est libre», a déclaré un responsable de la BCE. «Lors de la prochaine réunion à Bratislava, je regarderai certainement les taux», a-t-il ajouté. Le Conseil des gouverneurs se réunira le 2 mai dans la capitale slovaque pour l'une des deux réunions annuelles qui ne se tiennent pas à Francfort. Si le conseil a rarement pris des décisions sur les taux lors de réunions se tenant hors du siège de la BCE, la situation économique dégradée de la zone euro plaide pour une action rapide. L'évolution des données conjoncturelles sera déterminante pour justifier une éventuelle décision de baisse de taux dès le mois de mai. Benoît Cœuré, membre du directoire de la BCE et classé parmi les tenants d'une politique accommodante, a déclaré lundi qu'aucun rebond n'avait été observé dans les indicateurs depuis la dernière décision sur les taux. La BCE a dit s'attendre à une reprise graduelle de l'activité en zone euro dans la deuxième partie de l'année, soulignant que cette perspective est sujette à des «risques baissiers». La perspective d'une baisse de taux serait confortée par des chiffres montrant que la performance de l'économie sera plus faible que dans ce scénario. «S'ils confirment (ce scénario), est-ce que cela veut dire qu'il ne baisseront pas les taux ? Pas nécessairement», a déclaré le responsable de la BCE. Une baisse de taux - qui ne serait pas nécessairement décidée à l'unanimité - n'aurait qu'un impact limité sur l'activité, estiment les responsables monétaires mais elle signalerait leur détermination à soutenir l'économie de la zone. Les premiers résultats des enquêtes PMI (auprès des directeurs d'achat), suivies de près par la BCE, ont montré mardi un net recul de l'activité en Allemagne au mois d'avril. L'indice composite préliminaire en Allemagne est ainsi repassé pour la quatrième fois depuis 2008 sous le seuil de 50 impliquant une contraction du secteur privé. Lors des trois précédents passages de l'indice PMI composite allemand sous le seuil de 50, la BCE avait décidé d'une baisse de taux, soit immédiatement après la publication des données définitives, soit le mois suivant. L'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne, lui aussi très suivi, a reculé plus que prévu en avril, selon les données publiées mercredi, en phase avec le signal envoyé par les enquêtes PMI.