De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
C'est par la Soul, le blues, le Gospel, avec quelques excursions disco et Rock n'roll que la 11e édition de DimaJazz, le Festival international de jazz de Constantine, a été ouverte, jeudi soir dernier, au Théâtre régional de Constantine. Une soirée purement festive et endiablée en rythmes pour marquer cette nouvelle décennie du jazz printanier de Constantine, qui est désormais inscrite dans la dimension universelle après sa désignation par l'Unesco «Ville du jazz» et l'intégration de son festival dans son programme. L'odéon était pratiquement plein. Des mélomanes aux différents goûts ont assisté au concert inaugural. Il s'est même trouvé quelques artistes locaux du malouf qui ont quitté momentanément leur «carcan andalou» pour s'ouvrir à cette musique unificatrice. «La musique rapproche les peuples. On n'est pas de mêmes origines. Nos cultures sont différentes. Mais on se retrouve, ici, ensemble, au même endroit. C'est la meilleure preuve de communication qu'apporte la magie de la mélodie». Chanter la paix, l'amour, la liberté et l'espoir est la philosophie adoptée par «The soul family», dont le crédo demeure le «tribute to Ray Charles». Un plateau plein d'émotion, d'énergie de rythme et surtout de musicalité. Le front line formé par les quatre vocalistes (trois femmes et un homme) Toni Robinson, Joniece Jamaison, Ange Fandoh et Theos Allen, reprenait les plus belles interprétations de la Soul revisitées par le pianiste et fondateur du groupe, il y a douze ans, le «Blanc» Bernie Hopman. Un acapella d'Amazing Grace inspirera l'orchestre au dernier souffle pour entonner le signal de la soirée. Rythmée. Le public est vite conquis. Les artistes se mettent aux mouvements en dégageant leur talent de «soul woman» sur une scène vibrante. Des hits don't Bye bye love, Green Grace, Will the circle, Sweet home… s'enchaînent. Avec Georgia on my mind on retrouve Ray Charles s'inscrivant contre la ségrégation raciale. Ce titre mythique dont la plus belle version lui revient a été repris dans son énième arrangement. Toni Robinson l'interprétera majestueusement avec un piano en folie qui fera un «yeah» au black de la soul… Il est des standards qui ne meurent jamais. Ils renaissent à chaque occasion. Même s'ils sont retravaillés, ils garderont toujours leur charge émotionnelle. Sans transition, l'ambiance vire au disco avec Knock on wood, composé en 1966 par Eddy Floyd et interprété treize ans plus tard par Amii Stewart en version disco. Ce qu'ont réussi à façonner The soul Family ! Le même tempo est soutenu. La scène s'enflammera avec le fameux What'd i say. Theos Allen invite le public au chant. Unchain my heart est également chanté en chœur, avec toujours cette touche particulière qu'apporte Bernie Hopman. Plus tard, après un gospel portant son message de paix adressé à tout le monde à travers cet évènement, Theso dira : «Nos enfants doivent vivre au dessous d'un toit et dans la joie», avant de soutenir ce rêve avec l'inusable Imagine de John Lennon. La trompette prendra toute sa splendeur avec une variation impressionnante… Chaque couplet est interprété par un vocaliste.«C'est la richesse et l'expérience de chacun d'entre nous qui contribue à enrichir le groupe», nous confiera à la fin du concert le leader de la formation qui dira «sans complaisance, que le public de la soirée était parmi les meilleurs qu'on ait rencontré même en Europe». «The soul family se réunit dans des concerts à travers le monde. Mais chaque vocaliste a son propre projet», nous dira Ange Fandoh lors d'un point de presse. Hier, Hadjer and the rail road's et Manou Manou Galo and woman band devaient être au programme de la 2e soirée, purement «féminine». N. H.