«L'âge des patients et la non-détermination du germe en cause nous a incité à prendre les mesures préventives nécessaires afin de parer à une éventuelle épidémie en vaccinant l'ensemble des élèves scolarisés dans nos établissements scolaires.» Les propos sont tenus par un responsable d'une école primaire de la wilaya de Tizi Ouzou où des cas de méningite ont été signalés. La situation a vite provoqué l'inquiétude et l'angoisse au sein des familles et des directeurs de l'éducation. Mais au-delà des circonstances particulières ayant généré de tels cas, on comprend que la prise en charge médicale dans les établissements scolaires n'est pas garantie, même si les directions exigent de payer les frais d'assurance à chaque rentrée scolaire. Le procédé a pris néanmoins, à mesure que les années passent, les contours d'une formalité que personne ne compte vraiment respecter. Et si la prise en charge soulevée ici peut paraître difficile à assurer chez nos responsables, il y a aussi des écoliers qui aspirent à des aides de la part de la tutelle, sinon du département de la Solidarité. Qu'en est-il vraiment de ces aides qu'attendent des enfants en souffrance et qui ne peuvent être à l'aise sur les bancs de l'école sans cet apport ? Le cas présent concerne précisément les écoliers issus de familles nécessiteuses et qui ont besoin de lunettes. Ils sont nombreux en effet à se retrouver dans cette situation. «Ma paire de lunettes est usée. Par conséquent, je n'arrive pas à lire facilement ce que mon enseignant écrit au tableau. Et cette position s'est répercutée sur la qualité de mes résultats scolaires», déclare Yasmine, une lycéenne de première année secondaire au lycée Omar Racim d'Alger. Et d'ajouter : «Mes parents ne peuvent pas me payer de nouvelles lunettes, dans la mesure où ils ne travaillent pas.» La situation de ces élèves vient justement donner raison aux appréhensions émises par beaucoup de gens quant à la prise en charge de la catégorie d'élèves qui souffrent de maladies chroniques ou qui sont dans le besoin pour pouvoir suivre leurs cours. Mis à part la gratuité des manuels scolaires et l'attribution de la prime de scolarité au profit des élèves issus de familles nécessiteuses –au cas où celle-ci serait effectivement attribuée à tous les enfants démunis-, qu'y a-t-il d'autre en matière d'aide et de solidarité en direction de ces élèves ? Pourquoi les ministères de la Solidarité et de l'Education nationale ne prendraient-ils pas ce volet en charge, et ne viendraient-ils pas en aide aux parents en cas de maladie grave ou chronique de l'enfant ? s'interroge-t-on. Quelques instants plus tard, le père de Yasmine se présente devant le portail de l'établissement. Sa mission peut paraître anodine n'était l'état de santé de sa fille, qui court des risques sur le chemin du lycée et du domicile. «C'est la raison pour laquelle je suis obligé de venir quotidiennement la récupérer», nous a déclaré son père. Ce dernier, tout en soutenant qu'il ne peut acheter une nouvelle paire de lunettes à sa fille, souligne qu'il a évoqué le sujet avec des membres de l'association des parents d'élèves pour qu'ils lui viennent en aide. Mais les promesses sont restées lettre morte. Dans des situations similaires à celle que vit Yasmine, les responsables des établissements scolaires, loin d'être insensibles à l'attente des élèves, n'arrivent pas à accompagner les familles de ces élèves dans leur quête de solutions. Il existe ainsi des élèves qui ont été contraints d'abandonner l'école faute de traitement médical ou de prise en charge sanitaire de la part des autorités. Les difficultés rencontrées par certaines familles à trouver un interlocuteur ont poussé ces dernières à prendre des mesures extrêmes et surtout lourdes de conséquences, aussi bien sur l'avenir de l'enfant en question que de la société tout entière. Il s'agit du douloureux «choix» consistant à abréger le cursus de l'élève à cause d'une maladie, pourtant pas souvent incurable. A ce niveau, c'est le rôle de la Solidarité nationale qui devrait venir au secours de ces gens. Qu'en est-il de la réalité ? Il est franchement naïf d'attendre un geste de la part du département de Ould Abbes à l'égard de ces familles qui ne parviennent pas à assurer ces outils si nécessaires à l'accomplissement des études. Pour le moment, les Algériens n'ont pas encore entendu parler d'une prise en charge de cette catégorie d'écoliers par le département de la Solidarité. Pourtant, les concernant, il y a vraiment urgence. Car cette non-assistance à des écoliers en souffrance participe à la déperdition scolaire et aussi à la marginalisation de cette catégorie de citoyens. Il suffit de tendre une oreille à ce qui se passe dans les écoles algériennes, particulièrement celles des régions enclavées, pour constater le dur quotidien et les souffrances de ces élèves. Et si la voix du concerné peine à se faire entendre, les responsables de l'Education nationale tentent tant bien que mal de dire toute la douleur que vivent nos écoliers. «Il n'existe que trois unités de dépistage et de suivi (UDS) sur le terrain. Ce qui est loin de couvrir les besoins de 30 000 élèves», a annoncé tout récemment un responsable de l'éducation. Le constat n'est pas exclusivement sombre. Il y a lieu, en effet, de souligner que des classes intégrées sont lancées par-ci ou par là. La dernière à voir le jour a été ouverte à Ferdjioua, dans la wilaya de Mila. L'école Nouara Belaidi vient en effet de bénéficier d'une classe intégrée dans laquelle des écoliers handicapés peuvent suivre leurs cours. L'intérêt de cette classe réside dans le fait que des enseignants spécialisés vont prendre en charge les élèves de cette classe. L'initiative mérite d'être généralisée sur tout le territoire national afin de placer tous les enfants qui souffrent d'un handicap physique dans des conditions d'enseignement favorables. Dans une œuvre de sauvetage, la ministre déléguée chargée de la Condition féminine, vient d'annoncer le lancement, dès le mois de décembre prochain, d'un plan national pour l'enfance. En marge de l'installation de la commission préparatoire de la conférence nationale sur la formation de la femme au foyer et en milieu rural, la même intervenante a soutenu que la mise en œuvre du plan national pour l'enfance interviendra le 19 décembre, date de la signature par l'Algérie de la Convention internationale sur l'enfance. Objectif de l'opération : mettre en place un plan national global basé sur des données scientifiques visant la réalisation du bien-être de l'enfant algérien. Il est indiqué que plusieurs aspects liés à la vie de l'enfant soient traités afin de mettre l'enfant dans les meilleures conditions de vie. Il s'agit principalement de la santé et de l'éducation. Et quand l'éducation et la santé évoluent dans des espaces sains, le résultat ne sera que positif. Aujourd'hui, l'urgence est d'intégrer des pratiques médicales dans le milieu scolaire. C'est un moyen, parmi d'autres, qui pourrait permettre de venir en aide à cette frange d'écoliers. Des observateurs ont le doigt sur le fait qu'il n'existe aucun autre mécanisme à même de favoriser la prise en charge des cas qui nécessitent la solidarité en milieu scolaire. Un fonds d'aide et de solidarité avec cette catégorie d'écoliers devient de plus en plus nécessaire. Car, assurer les manuels scolaires et offrir une prime scolaire pour chaque élève n'aura son impact positif que si le destinataire a été accompagné et pris en charge de bout en bout. L'opération d'aide aux élèves atteints de maladies a manifestement besoin d'être mieux organisée et structurée pour éviter de nouveaux gâchis… A. Y.