De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
Miguel Gomez «salsa dura» a mis de l'ambiance, jeudi soir dernier au Théâtre régional de Constantine, en cette avant-dernière soirée du Festival international de jazz DimaJazz. L'aria jazzy de la manifestation a été rompue par ce show qui a trouvé son réceptacle chez un public conquis. Plus d'une heure cette formation s'est donnée à fond les interprétations. Changement de style, mais avec beaucoup de musicalité caribéenne «afro-hispanique» qui n'a laissé aucune personne insensible à «moving». Le répertoire de la salsa, cette musique qui «libère le corps et l'esprit», a été généreusement servie par Miguel. Le maître à jouer, ambassadeur des musiques afro-caribéennes et ex chef d'orchestre (pendant 18 ans) du groupe Africando, continue toujours d'épater par sa frappe et sa touche sur son instrument fétiche, les congas. Le public s'attendait à ce que cette soirée soit animée et dansée. Les deux vocalistes cubains Yusnavi Killos et Alexie do Macia renvoyaient des syncopes qui exhument les saveurs de cette musique de fête. «C'est fantastique. Nous sommes fiers de participer à cette onzième édition de DimaJazz avec sa très belle programmation. Je suis très heureux d'avoir présenté ma musique. Elle est chaleureuse, métissée, pleine d'amour et de joie. Le public a ressenti les vibrations africaines, puisque cette musique rythmée ‘‘afro-hispanique'' regroupe tous les pays l'Amérique latine les Caraïbee… viva algeria», devait dire Miguel ému à la fin de sa prestation. La troupe cosmopolite qui compte un trompettiste né en Algérie, Christian Martinez, interprétera plusieurs arrangements tribute, dont une reprise du jazzman Nicolas Former ainsi qu'un clin d'œil au défunt chanteur Béninois Yonas. Une reprise de Khaled a été également «salsée» par Miguel pour l'offrir au public algérien. Selon le percussionniste la Salsa continue d'exister malgré les diverses mutations musicales. «C'est une musique forte qui ne va pas se démoder. Les gens prisent des orchestres représentatifs de ces musiques», affirme le chef d'orchestre de «Salsa Dura», avant de nous faire part des éventuelles ouvertures de sa musique sur d'autres styles (bossa, samba, jazz,…«Avec Africando, par le passé, on a su mélanger la salsa aux influences africaines. Mais, en fait, c'est une belle expérience traduite par un retour aux sources», a-t-il avoué. Pour l'avenir, il projette de produire ses propres albums. «Il est temps de m'occuper de moi… après avoir passé plusieurs années comme directeur artistique de mon ex groupe»
«Esclaves volontaires» de la Makossa et de l'humour… Energique, mêlant professionnalisme et «simplicité», le groupe français The volunteered slaves (esclaves volontaires) a animé la première partie de la soirée. L'appellation pour le moins «paradoxale» de cette formation est tirée d'un thème de Roland Kirk (saxophoniste américain), Volunteered slavery, mais ne change en rien la prestation funky, Motown et jazz des années soixante dix. Formée de deux musiciens qui sont nés en Algérie, le percussionniste et bassiste Moeza dont le père était l'ami de Frantz Fanon, et Akim Bournane né à Annaba d'une mère Constantinoise, la troupe menée par Temmime au saxophone et du claviériste Jérôme B. qui s'intègre au groupe pour la première fois (le pianiste absent) ont développé un funk pour le moins plaisant et plein de boucles. Des arrangements à la «Makossa» enluminés de Motown faisaient bouger le plateau. Avec un guitariste de qualité, le side-man sénégalais, Hervé Samb, a ajouté beaucoup de musicalité aux diverses productions dont une de sa propre compositions. «On travaille régulièrement les festivals et clubs. Nous avons deux albums. Le troisième, Breckfast in Babylon, sortira ces jours-ci», nous dira le saxophoniste lors d'une conférence de presse pleine d'humour. Les musiciens volontaires ont proposé des adaptations de I want you back, Don't stop 'til you get enough de Mickael Jackson. Les mélomanes ont aussi apprécié The day after, une composition du groupe et une autre du batteur Michel J. Sans se targuer jouer dans la cour des grands, ces arrangeurs talentueux ont ravivé un style, celui d'une rencontre «club» qui a trouvé écho chez la majorité du public. Pour mettre de l'humour, après la scène Moeza, le percussionniste algérien, en parlant des arrangements, ironisera : «Lorsque nous avons enregistré et terminé la reprise de Mickael Jackson, il s'est trouvé que l'artiste disparaissait les jours qui ont suivi… On lui a apporté de la poisse.». L'avant-dernière du 11e DimaJazz a été une belle rencontre musicale, conviviale, où on sentait le rapprochement. Hier, à la clôture, le bluesman Lucky Peterson et Tamara Peterson devaient faire retentir les dernières notes de cette onzième édition avec You can always turn around. N. H.