Par Karima Mokrani La grève de l'Intersyndicale de la santé publique se poursuit au même rythme soutenu qui a marqué le premier jour de la protestation. Elle se termine aujourd'hui par l'organisation d'un rassemblement devant le siège du département ministériel. «Nous sommes en train de préparer le rassemblement de demain. Seront présents les quatre syndicats composant l'Intersyndicale», a indiqué hier le Dr Mohamed Yousfi, le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp). Et ce dernier de dire sa grande colère contre le ministère de tutelle qui «au lieu d'inviter les syndicats à une reprise de dialogue», a réagi au mouvement par un communiqué de presse. «Langue de bois, fuite en avant, désinformation», s'indigne le Dr Yousfi, au nom de ses collègues et compagnons de lutte au sein de l'Intersyndicale. «Nous dénonçons cette manière de travailler avec les syndicats. Si c'est seulement un seul syndicat qui est en grève, on pourrait dire qu'il a tort et que le ministère a donc raison. Là, ce sont tous les syndicats de la santé qui sont dans la protestation. Il n'est pas possible qu'ils soient tous dans l'erreur.» Dans ce communiqué, rendu public lundi, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a clairement affirmé son mécontentement envers les syndicats en grève. «La contestation permanente prônée par certains syndicats de la santé pénalise les citoyens et porte préjudice aux professions du secteur», est-il écrit dans le texte. Dans ce même texte, le ministère assure que «des avancées notables ont été enregistrées dans la prise en charge des revendications des professionnels de la santé à la faveur des réunions régulièrement tenues avec l'ensemble des partenaires sociaux (17 syndicats) depuis le dernier trimestre de 2012». Selon les représentants du département ministériel, «le dialogue transparent et responsable mené avec les partenaires sociaux de la santé avait permis notamment une revalorisation des indemnités transversales (garde et risque de contagion)». De ce fait, «les propositions introduites par le ministère ont débouché sur une augmentation substantielle de 200% de l'enveloppe financière actuelle consacrée à ces deux indemnités et ce, après l'arbitrage du Premier ministre». Se voulant rassurant, le rédacteur du communiqué indique que «pour l'indemnité de risque de contagion, et en sus de l'effet rétroactif accordé à compter du 1er janvier 2012, il a été procédé à son extension à de nouvelles catégories des corps communs. Les projets de textes y afférents sont finalisés et soumis à la procédure de signature». Sur un autre registre, «le dialogue engagé entre la tutelle et les syndicats a permis aussi la signature des arrêtés interministériels relatifs aux postes supérieurs des différents personnels de la santé et qui se trouvent en instance de publication au Journal Officiel». Pour les paramédicaux, le ministère assure : «S'agissant de la mise en œuvre de la promotion massive des paramédicaux brevetés au grade de paramédicaux diplômés d'Etat, ainsi que la promotion des autres paramédicaux dans les autres grades supérieurs, l'arrêté interministériel y afférent a été signé et sera publié au Journal Officiel.» Autre point cité dans le communiqué, et c'est cela qui suscite davantage la colère des grévistes, l'organisation récente du concours de gradation. «Les négociations ont également abouti à l'organisation, pour la première fois, du concours de passage au grade de spécialiste principal au profit des spécialistes de la santé publique avec l'ouverture de 3 004 postes. L'arrêté n°7 du 12 janvier 2013 du ministre de la Santé a permis à 2 641 spécialistes inscrits de participer à ce concours. 2 506 candidats ont vu leurs efforts couronnés par la promotion au grade praticien spécialiste principal, soit un taux de réussite de plus de 95%. Un autre concours pour le passage au grade de praticien chef est prévu.» Pour le Dr Yousfi, «ils nous parlent du concours, alors que notre grève porte sur d'autres revendications! De plus, l'organisation de ce concours qui est une première en Algérie est un acquis que nous avons arraché après une lutte de plusieurs années». Le ministère de la Santé assure également que «l'obtention de l'accord pour l'intégration à titre dérogatoire et exceptionnel de 24 500 travailleurs contractuels, figure aussi parmi les décisions prises par le ministère pour améliorer les conditions socioprofessionnelles des travailleurs du secteur». Quant à la grande question, celle de l'amendement des statuts particuliers, c'est toujours l'impasse. «Le traitement de cette revendication relative à l'amendement des statuts particuliers ne relève pas de la seule compétence du ministère», indique le communiqué. Une réponse qui suscite l'ire et la désolation au sein des membres de l'Intersyndicale : «C'est un reniement des engagements du ministre de tutelle, Abdelaziz Ziari, et aussi du Premier ministre, Abdelmalek Sellal.» K. M.
La justice déclare «illégale» la grève de l'intersyndicale de la santé La chambre administrative près le tribunal d'Alger, statuant en référé, a déclaré «illégale» la grève lancée par l'intersyndicale, lundi dernier, a affirmé, hier, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière dans un communiqué. «Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière informe que la chambre administrative près le tribunal d'Alger, statuant en référé, a déclaré illégales les grèves initiées par le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), le Syndicat national algérien des psychologues (SNAPSY) et le Syndicat national des professeurs de l'enseignement paramédical (SNPEPM)», a indiqué le communiqué.