Du nouveau dans l'affaire des moines de Tibhirine. Le documentaire de Malik Aït Aoudia qui sera diffusé le 23 mai prochain sur France 3 apporte un nouvel éclairage sur l'identité des assassins des sept moines. Il s'agit bel est bien du GIA. Marianne, le magazine hebdomadaire français à paraître ce matin, visionne ce documentaire et remet sur le tapis ce dossier ancien qui n'a toujours pas connu d'épilogue judiciaire, celui de l'assassinat des moines de Tibhirine. Qui a tué les moines de Tibhirine ? Des témoignages rapportés dans ce nouveau numéro de Marianne raconte l'essentiel du documentaire qui sera diffusé à la fin du mois sur France 3. Les réalisateurs Malik Aït Aoudia, correspondant de Marianne en Algérie, et Séverine Labat apportent les preuves que les sept moines de Tibéhirine ont bien été assassinés par le GIA, le groupe islamique armé, en mai 1996, deux mois après leur enlèvement dans leur monastère de Notre-Dame de l'Atlas. Il a fallu des années d'efforts aux réalisateurs pour retrouver les témoins directs de la tragédie d'il y a dix-sept ans. Ce sont eux qui témoignent dans le film, et dont Marianne dévoile les témoignages. Car un doute entourait jusque-là la mort des moines : ont-ils été tués par le GIA ou ont-ils été victimes d'une bavure de l'armée algérienne, voire d'une machination des services secrets ? Une enquête va, sans le moindre doute, relancer la polémique. Ceux qui affirmaient que les moines ont été tués par les militaires algériens, voudront certainement défendre ce qui a fait leur pain durant les 17 dernières années. Pour l'éditorialiste de Marianne Martine Gozlan, ce film met un point final à la réécriture de l'histoire algérienne et aux tentatives pour dédouaner l'islamisme de sa barbarie. Parmi les témoignages, celui d'Abou Imene, dernier geôlier des moines à la fin de leur captivité. Un témoignage dur qui fait couler une sueur froide dans le dos. Il raconte que les moines avaient froid, qu'on leur donnait de la nourriture avariée, que les plus âgés étaient très malades. Il dit encore que pour les exécuter, il n'y a pas eu besoin de tirer une seule balle, et qu'ils ont tous été égorgés au couteau. Autre témoignage, pas moins sinistre, celui de Abou Mohamed. Emir du GIA, selon ses dires, il apporte une autre sinistre précision. Les corps des moines ont été enterrés dans la montagne, et c'est lui qui a été chargé d'emmener les têtes des moines dans une voiture pour les jeter sur la route. C'était sous un arbre, à l'entrée de Médéa, où les têtes seront découvertes par un automobiliste. D'autres témoignages aussi, d'anciens terroristes, qui parlent à visage découvert dans le film, face à la caméra. Le juge anti-terroriste, Marc Trévidic, tente, pour sa part, toujours de faire la lumière sur la mort de ces sept moines. Il a transmis à Alger début 2012 les noms des témoins qu'il souhaite entendre. Il demande aussi qu'on l'autorise à exhumer les têtes des moines, à pratiquer des autopsies et des expertises ADN pour identifier les victimes. Mission qui peut sembler simple, la routine judiciaire, mission impossible pour l'instant vu la spécificité du dossier pour l'Algérie comme pour la France. Reste ce film qui sera diffusé le 23 mai sur France 3, et tous ces témoignages édifiants à lire dans Marianne à paraître demain. R. I.