L'Algérie va proposer une nouvelle initiative dans le cadre de la Stratégie mondiale de la lutte contre le terrorisme, tenant en compte les mutations que connaît ce fléau, a indiqué mercredi le conseiller à la présidence de la République, Kamel Rezzag-Bara. "Le terrorisme djihadiste ou à fondements confessionnels est en train de laisser la place, de plus en plus, à d'autres formes de terrorisme, notamment le narcoterrorisme", a relevé M. Rezzag-Bara, invité de la chaîne III de la Radio nationale. Il a annoncé dans ce cadre que l'Algérie, avec le soutien de ses partenaires, allait proposer dans quelques mois une initiative qui tienne compte de ces évolutions et mutations dans le cadre de la Stratégie mondiale de la lutte contre le terrorisme, sans donner plus de détails sur cette initiative. M. Rezzag-Bara a fait remarquer que l'Afrique, "vulnérable à cause notamment de la porosité des frontières, la circulation des armes, les conflits mal éteints, les problèmes humanitaires et les problématiques de la gouvernance et de développement, fait aujourd'hui le lit de la mutation" de ce fléau qui menace la paix et la sécurité internationales. Dans le même cadre, il a indiqué que le Conseil de sécurité de l'ONU a affirmé lors de sa réunion de lundi dernier qu'il prenait note du changement de la nature du caractère du terrorisme en Afrique et s'était déclaré "préoccupé" par le lien "de plus en plus étroit", dans de nombreux cas, entre terrorisme et criminalité transnationale organisée. Pour le conseiller à la présidence de la République, le terrorisme "est incapable de menacer les équilibres généraux et notamment la sécurité des Etats mais reste une force de nuisance importante pour la sécurité publique". Revenant sur l'attentat ayant ciblé le complexe gazier de Tiguentourine (In Amenas) en janvier dernier, M. Rezzag-Bara a indiqué que cet acte terroriste visait trois objectifs, à savoir installer le terroriste Mokhtar Belmokhtar comme leader du terrorisme dans la région, prendre le maximum d'expatriés pour exercer un chantage sur certains pays, notamment occidentaux et détruire un fleuron de l'industrie gazière en Algérie. "Au plus haut niveau de l'Etat, l'orientation était claire. Il ne fallait pas que les terroristes réussissent leurs objectifs", a-t-il dit. A propos de la sécurisation des frontières du pays, M. Rezzag-Bara a précisé qu'elle se faisait en "complète conformité" avec les accords conclus avec les pays voisins. "Il y a un certain nombre de dispositifs mis en place qui rendent les groupes terroristes incapables de pouvoir se déplacer librement", a-t-il ajouté Pour l'invité de la Radio nationale, l'instabilité dans les pays voisins "complique la situation mais tout le monde est conscient que la sécurité est nécessairement une affaire collective". Interrogé sur les conséquences que pourraient avoir la situation qui prévaut dans certains pays voisins sur la sécurité du pays, M. Rezzag-Bara a souligné que l'évolution des évènements dans la région "fait que nous devons demeurer vigilants et renforcer le front intérieur qui a montré qu'il était solide". Dans ce contexte, il a estimé que les revendications sociales en Algérie, notamment en matière d'emploi et de logement, étaient "légitimes" mais "doivent être exprimées dans le cadre d'institutions solides, démocratiques, pluralistes et conformes avec la volonté d'assurer l'avenir des pays". Invité à commenter les déclarations "haineuses" à l'égard de l'Algérie faites par un parti politique marocain, M. Rezzag-Bara a rappelé que l'Algérie "veut la paix, la sécurité et la stabilité aussi bien à l'intérieur de ces frontières que dans toute la région". "Toute déclaration qui vient contredire cette volonté est malvenue", a-t-il déclaré. Interrogé, enfin, sur le sort des otages algériens enlevés au Mali, M. Rezzag-Bara a indiqué que ce dossier était une "préoccupation quotidienne" de l'ensemble des institutions et départements qui s'occupent de cette question "avec l'objectif de les ramener bientôt sains et saufs au pays".