Dans le cadre de la célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, le Musée d'art moderne et contemporain d'Alger (Mama), organise depuis hier une exposition intitulée «Les photographes de guerre», où les visiteurs pourront découvrir près de deux cents photographies grand format, prises par des photographes étrangers, nationaux et anonymes afin de soutenir la Guerre de libération nationale. En marge de cette exposition, un colloque de deux jours a débuté, hier, sur le thème : «Introduction du visuel dans la Guerre de libération nationale : l'image et la révolution.»A l'occasion de l'ouverture de ce colloque, Mohamed Djehiche, directeur du musée Mama, a souligné que l'objectif de ce colloque «est de mettre en relief l'impact de l'image dans le soutient de la Guerre de libération nationale et de voir comment les responsables de la lutte pour l'indépendance de l'Algérie ont compris les enjeux de l'utilisation des outils de communication à l'instar de l'image, de la radio et des journaux». Le directeur du Mama a également relevé que le fait d'organiser ce colloque au sein même du Mama, entouré par les photographies de cette exposition offre «une ambiance émotionnelle plus que scientifique en harmonie avec l'esthétisme de ces photographies même si elles ont été prises dans l'urgence». Mohamed Djehiche a aussi expliqué qu'au-delà de l'aspect historique ou politique de ces photographies, le choix d'organiser cette exposition répond également à un souci artistique, d'autant plus que le public est de plus en plus demandeur d'expositions dédiées aux œuvres photographiques. Le premier intervenant de ce colloque est Lamine Bechichi, devenu après l'indépendance directeur de la Radio nationale puis ministre de la Communication. A propos de l'introduction de la radio en tant qu'outil de la révolution algérienne il déclarera que, «Si Larbi Ben M'hidi en est l'initiateur, il n'en reste pas moins vrai que c'est Abdelhafid Boussouf qui est le véritable fondateur de la radio de l'Algérie libre et combattante». Lamine Bechichi explique aux présents que lancée le 16 décembre 1956 dans un site montagneux du Rif marocain, les équipes rédactionnelles et techniques de cette radio, ont mené une vie nomade car il diffusaient à partir d'un camion hébergeant un studio ambulant pour des questions de sécurité. Il relatera également différentes anecdotes sur les différentes émissions de «La voix de l'Algérie» qui émettait à partir de Rabat, Baghdad, Tétouan, Tanger, Tunis, Tripoli, Benghazi, Damas et le Caire afin de porter sur les ondes internationales, la juste cause du combat du peuple algérien pour sa liberté et son indépendance. Pour diverses raisons, cette première radio clandestine a interrompu ses émissions pendant deux années. Mais après la création du Gpra (Gouvernement provisoire de la République algérienne) et la désignation de M'hamed Yazid en tant que ministre de l'Information, la radio de l'Algérie libre et combattante a repris ses émissions le 12 juillet 1959 à Nador. Elle cessa d'émettre le 12 juillet 1962 après le recouvrement de la souveraineté nationale. Pour sa part Ali Haroun présenta l'expérience du 1er journal diffusé par le Front de libération nationale (FLN) dans le cadre des efforts pour faire connaître la cause algérienne sur la scène internationale, conformément à l'appel du 1er novembre 1954. Il précisera à cet effet que certes, El Moudjahid existait déjà à cette époque, mais sous forme de tract ou de brochure et non pas sous forme de journal. Ali Haroun relata aux présents comment il a été contacté en avril 1956 à Meknès pour aller à Madrid. C'est là qu'à travers M'hamed Yousfi une réunion a été organisée avec Ben Bella, Boudiaf et Debaghine pour la création d'un journal baptisé «Résistance algérienne». De retour à Meknès et après deux mois d'attente, c'est avec seulement trois personnes, en l'occurrence Mahieddine Moussaoui, Hocine Bouzaher et Ali Haroun que paru le 5 juillet 1956 le 1er journal du FLN. Ali Haroun, très ému présenta à l'assistance, ce 1er numéro, qu'il avait apporté avec lui. Il avait également une trentaine d'autres numéros déclarant aux présents qu'il serait intéressant de les numériser et de les diffuser au niveau des bibliothèques. Tout au long de son intervention, Ali Haroun a détaillé les différentes étapes et le processus de fabrication de ce journal qui a marqué et œuvré dans le cadre de la lutte du peuple algérien pour son indépendance. Il est à noter que ce colloque se poursuivra aujourd'hui, avec plusieurs autres interventions axées plus spécifiquement sur le rôle de l'image durant la Guerre de libération nationale avec, notamment les interventions de Marie Cheminot, Olivier Hadouchi et Abderrazak Hellal. S. B.