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Les remontrances de M. Sellal aux DG des entreprises publiques
Le premier ministre a réuni les sociétés de gestion de participation de l'Etat
Publié dans La Tribune le 17 - 05 - 2013


Par Amine Echikr
La réunion tenue, jeudi dernier, entre des membres du gouvernement et les responsables des entreprises publiques économiques est inédite dans les annales de l'Algérie pour plusieurs raisons. Parmi les raisons à retenir, la communication autour de ce qui a été dit en toute franchise sur l'état de déliquescence que connaît le secteur public économique. La seconde réside dans les mots crus et les vérités chiffrées avancés par les membres du gouvernement. La troisième est qu'il aura fallu vingt années pour qu'enfin ce qui est connu de tous, soit enfin sur la place publique et de manière officielle.
D'emblée le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a instruit les responsables des entreprises publiques à faire «l'effort nécessaire» pour se conformer davantage aux orientations du programme du gouvernement en matière de création d'emplois et de richesses. «Le moment est arrivé pour se dire la vérité et affronter la réalité économique du pays : sortir de la dépendance envers les hydrocarbures et améliorer la croissance hors ce secteur», a-t-il déclaré.
Le secteur industriel public «n'évolue pas comme le souhaite le gouvernement». Le Premier ministre déplore que l'énorme effort financier engagé par l'Etat ces deux dernières années pour l'assainissement financier des EPE n'ait pas donné les résultats escomptés. «Beaucoup d'argent a été dépensé mais les indicateurs de gestion des entreprises publiques restent en deçà de nos attentes», a-t-il regretté.
Le «problème» des entreprises publiques n'est pas désormais un problème de financement. Elles devront impérativement s'orienter de plus en plus vers le partenariat étranger pour acquérir le management et le savoir-faire nécessaires à leur développement.
Aussi, l'Algérie doit profiter de la crise économique mondiale pour remettre sur pied et relancer son secteur industriel, a-t-il souligné. «Si l'Algérie ne profite pas de la crise économique pour remettre sur pied son secteur industriel, tous ses efforts (de développement) seront vains», a affirmé M. Sellal.
La mise en œuvre de partenariats publics-privés ainsi que l'identification et la concrétisation d'opportunités de coopération avec des investisseurs étrangers représente les principales pistes à développer, a recommandé Abdelmalek Sellal. Il a ajouté dans le même sens que certaines firmes étrangères, actuellement en difficultés en raison de la crise en Europe, sont prêtes à investir en Algérie.
Il exhortera les dirigeants des entreprises publiques à «prendre des initiatives conformes aux intérêts économiques du pays et tous les moyens possibles devraient être mis à profit pour relancer le secteur industriel national». Selon la vision de M. Sellal, le secteur privé demeure «un allié fondamental pour la concrétisation de cet objectif, même si le secteur marchand public continue de constituer le principal levier de l'action économique publique».
Le Premier ministre a fait remarquer que les perspectives de réalisation des objectifs de développement fixés par certains secteurs «sont trop loin par rapport à l'urgence d'engager des actions concrètes et immédiates», notamment dans les filières ciment et médicament.
S'agissant de la production du ciment, le groupe public qui détient le portefeuille de cette activité (Gica) s'est fixé comme objectif d'atteindre 60% des besoins nationaux à l'orée de 2017, soit une production supplémentaire avoisinant les 13 millions de tonnes, une perspective jugée «trop lointaine» par M. Sellal. De même pour le segment de l'industrie pharmaceutique où le Groupe pharmaceutique public Saidal ne couvre que 5% de la demande interne, contre 35% assurés par les opérateurs privés et 60% par l'importation. «Vous devez reconsidérer vos objectifs», a-t-il lancé aux responsables de ces deux groupes.
Evoquant le rôle du secteur industriel dans la lutte contre le chômage, le Premier ministre a rappelé que «toute la bataille du pays tourne autour de la création d'emplois». Il a reconnu, à cet effet, que le premier trimestre de l'année en cours a enregistré la création de près de 3 000 nouveaux emplois par l'ensemble des entreprises relevant des différentes SGP. Les entreprises publiques industrielles sont appelées à «passer à la vitesse supérieure» en termes de développement et de création d'emplois et ne plus continuer à «faire dans la médiocrité», a-t-il déclaré.
«L'Algérie continuera à compter sur le secteur public qu'elle maintiendra en force, mais ce secteur ne doit plus faire dans la médiocrité (...) il gagnerait à se conformer rapidement aux orientations du plan (d'action) du gouvernement, notamment en matière de création d'emplois et de croissance hors hydrocarbures», a-t-il souligné. Il a déploré le fait que des filiales industrielles publiques continuent d'enregistrer des reculs dans leur niveau de production alors qu'elles ont bénéficié de plans de charges très coûteux pour l'Etat. Un recul «complètement inexpliqué», a-t-il relevé. La majorité des responsables des SGP qui sont intervenus lors de la réunion ont expliqué que la situation déficitaire des entreprises publiques entravait leur développement dans le passé. Ils ont tout de même reconnu que ce genre d'entraves n'existe plus aujourd'hui ce qui conduira, selon eux, à réaliser des progrès importants en production et en termes de création d'emplois dans le futur. Ils ont déploré par contre l'ampleur du marché informel en Algérie et ont proposé la défiscalisation de certaines activités industrielles.
M. Sellal a laissé entendre que la suppression de certains impôts, comme la TVA, n'était pas une option future pour le gouvernement. «Je ne proposerai jamais de réduire la TVA par exemple car c'est une taxe qui génère des ressources importantes pour le budget de l'Etat», a-t-il conclu.
A. E. /APS

La rigueur de Karim Djoudi
«Il ne faut pas continuer à penser que tout doit venir de l'Etat, l'entreprise publique doit faire face à son marché, développer son contrôle interne et adopter une gestion économique plus moderne et plus souple», a soutenu le ministre des Finances, Karim Djoudi, lors de la réunion gouvernement-SGP. Il rappellera l'effort financier engagé par l'Etat ces dernières années pour assainir, à concours de plus de 1 000 milliards de dinars, les situations financières des entreprises du secteur public (900 milliards de dinars pour l'assainissement, 60 milliards de dinars pour le soutien des fonds de roulement et 29 mds de dinars pour la prise en charge des agios bancaires impayés). Et, avec un engagement bancaire de 2 138 mds de dinars au profit du secteur public, le gouvernement aurait souhaité avoir un bon niveau de dividendes versé au Trésor public, a dit M. Djoudi. Or, le montant des dividendes versé au budget de l'Etat en 2011 par le secteur public industriel n'a pas dépassé 1,4 milliard de dinars contre une trentaine de milliards de dinars versés par les banques, a-t-il relevé. Le ministre a appelé ces entreprises de sortir du «tout Etat».
Même le BTPH…
Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Abdelmadjid Tebboune, a indiqué que les potentialités énormes en matière de plans de charge dans le secteur du bâtiment ne reflètent pas la réalité du terrain lorsqu'il s'agit de parts de marché. En effet, la part détenue par les sociétés publiques de réalisation relevant du portefeuille de la Société de gestion des participations (SGP-Indjab) représente seulement 38 000 logements sur un marché de plus de 1,5 million de logements, alors que les sociétés chinoises ont, elles, pris en charge la réalisation de 200 000 logements, selon M. Tebboune. Il recommandera un redéploiement du portefeuille de cette SGP afin que les entités concernées «disposent de plus de capacités de réalisation».
Le ministre des Ressources en eau et son collègue chargé des Travaux publics, Hocine Necib et Amar Ghoul, ont de leur côté relevé l'amélioration de la trésorerie des sociétés relevant de leurs secteurs. Ceci doit s'accompagner, toutefois, par une amélioration constante des capacités managériales des gestionnaires, estime M. Necib, alors que M. Ghoul a mis l'accent sur l'urgence de «réduire la pression sur ces gestionnaires et de les protéger en vue de libérer leurs initiatives».

Une nouvelle dynamique chez les PME
Le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Cherif Rahmani, a affirmé que les mesures et actions engagées récemment par les pouvoirs publics ont permis «d'amorcer une nouvelle dynamique de relance industrielle qui devrait se traduire à partir de 2015 par des résultats concrets en termes de productivité et d'emploi».
Le privé pour l'agroalimentaire
Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, a expliqué qu'une très large partie de l'activité industrielle liée au secteur est opérée par des sociétés privées, alors que le rôle des établissements publics est davantage axé sur la régulation et l'organisation. La collaboration renforcée entre les deux secteurs a, selon lui, donné des résultats significatifs en matière de couverture de la demande interne en produits alimentaires.
Le secteur économique public par les chiffres
Le secteur économique public a réalisé une croissance de 5,3% du chiffre d'affaires et 9% de la valeur ajoutée et contribué à la création de 3 000 emplois. Le secteur public marchand en Algérie est composé, outre les entreprises des secteurs des finances, de l'énergie et des télécommunications, de 26 SGP, 15 EPE non affiliées, 70 groupes et 668 entreprises selon les données officielles obtenues par l'APS.


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