Par Kamel Amghar La classe politique algérienne vit ces dernières années une espèce de léthargie prolongée. Malgré la proximité d'importantes échéances, dont la révision imminente de la Constitution et les élections présidentielles d'avril 2014, les partis politiques, du moins les formations dites représentatives, restent curieusement de marbre. Paralysé par de graves divergences internes, le FLN est à ce jour sans direction élue. L'éviction d'Abdelaziz Belkhadem et l'absence d'une démarche consensuelle pour sortir de l'ornière maintiennent le parti majoritaire dans une crise ouverte. Cette vacance du pouvoir au sein du FLN n'est pas sans conséquence, notamment dans les collectivités locales où ses élus multiplient les travers. La même difficulté est aussi omniprésente au RND, la seconde force en termes de nombre de sièges au Parlement. Acculé par une fronde interne similaire, Ahmed Ouyahia a fini par jeter l'éponge. Abdelkader Bensalah, désigné pour une brève période intérimaire, n'arrive visiblement pas à parachever cette transition. Les islamistes du MSP qui, du temps de leur leader historique Mahfoud Nahnah et à l'ère de son successeur Bouguerra Soltani, participaient au gouvernement, s'inscrivent résolument dans l'opposition. L'élection récente d'Abderrazak Mokri à la tête du parti, un homme connu pour ses positions tranchées, sonne le glas de la stratégie dite «entriste». Ces formations formaient avec l'arrivée d'Abdelaziz Bouteflika au pouvoir en 1999, les trois piliers de la coalition gouvernementale, communément appelée «Alliance présidentielle.» En ce qui concerne le FLN et le RND notamment, cette situation de stand-by se trouve présentement confortée par la maladie du président de la République. Même les récurrentes disputes internes se sont subitement tues depuis. C'est carrément le silence radio. Leur allié d'hier - le MSP, en l'occurrence- s'attelle à mettre de l'ordre dans la maison. Mokri s'emploie en effet à renouer avec tous les «dissidents» qui ont quitté le parti du temps de son prédécesseur. Des invites au rassemblement ont été adressées à Abdelmadjid Menassera et Amar Ghoul qui avaient précédemment créé leurs propres partis. Mokri compte brasser large au sein de cette mouvance islamiste à travers l'Alliance verte qui regroupe aussi Nahda et Islah. Du côté de la mouvance dite démocratique, le constat est presque le même. Suite au retrait volontaire de son leader charismatique, le FFS traverse une période difficile. L'actuelle direction, menée par Ali Laskri, sera certainement jugée sur la qualité et la pertinence des recommandations du cinquième congrès du parti qui se déroule en ce moment à Alger. Le parti de Hocine Aït Ahmed, revigoré par ses «succès» relatifs lors des dernières consultations électorales, se promet aussi d'élargir sa base sociale à travers une structuration tous azimuts dans toutes les wilayas du pays. Dans la même logique, le PT de Louisa Hanoune aspire à l'approfondissement de sa présence dans les institutions élues. Le RCD digère également mal le retrait de Saïd Sadi. On a l'impression que le Rassemblement s'est davantage muré dans son «oppositionnisme», offrant l'opportunité au MPA d'Amara Benyounès qui lui dispute quasiment le même électorat. De même que la léthargie qui frappe le courant «nationaliste», incarné par le FLN et le RND, incite une coalition d'autres nouvelles organisations (PNA, PNL, MJD, MNE, PRA, entre autres) à piocher dans le même filon. A cette apathie s'ajoute la désaffection des populations, échaudées par d'innombrables promesses électorales non tenues. De manière générale, les citoyens algériens sont dépités par l'attitude des élus et des responsables issus des partis qui, une fois aux commandes, oublient tous leurs engagements antérieurs en pratiquant ouvertement le népotisme et le clientélisme. Un froid qui intimide les rares partis qui bougent encore. En somme, le champ politique est en jachère. Et, les Algériens sont dans l'expectative. K. A.