C'est devenu une habitude : à chaque averse, la panique s'empare des habitants des 54 000 constructions classées vieux bâti que compte la wilaya d'Oran, et en amène de nombreux à sortir dans la rue pour dénoncer leurs conditions de vie précaires et réclamer un relogement d'urgence. Depuis qu'en 2007, les intempéries ont provoqué l'effondrement d'une maison dans le quartier d'El Hamri et la mort de trois personnes d'une même famille, les habitants des vieux quartiers vivent dans l'angoisse de l'effondrement et n'hésitent plus à recourir à la rue pour exprimer leur désarroi. Fin avril dernier, des dizaines d'Oranais ont ainsi investi la rue dans quelques quartiers de la ville (notamment Ras El Aïn et Derb) pour protester contre «le cauchemar» vécu, une nouvelle fois, à l'occasion des intempéries qui s'étaient abattues quelques jours auparavant sur la région oranaise. Sans que des blessés ou des dégâts matériels importants aient été déplorés lors de ces manifestations de colère, des affrontements à distance ont, quand même, opposé les forces de l'ordre aux contestataires qui ont bloqué les routes et fermé les accès : «Nous vivons un danger permanent dans ces habitations, ont-il dénoncé encore une fois. Lorsqu'il pleut, nous ne pouvons pas fermer l'œil et beaucoup se réfugient dans la rue par peur des effondrements.» Et de fait, des tentes apparaissent régulièrement dans le voisinage des constructions menaçant ruine, dans une grande partie des quartiers de la ville comme El Hamri, Gambetta, Médioni, Derb, St-Eugène, M'dina J'dida… Aucun secteur n'est épargné par le phénomène d'abris de fortune que des familles apeurées dressent hâtivement pour se protéger des risques réels d'écroulement partiel ou total de leurs habitations. Du reste, la majorité des quartiers d'Oran est menacée par le risque des effondrements et des centaines de familles continuent de vivre dans la crainte du drame (sur les 54 000 constructions classées vieux bâtis, 10% sont destinées à la destruction et 27% nécessitent une réhabilitation, selon les estimations). Cela, en dépit des efforts des autorités locales et des opérations de relogement dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP), dont la dernière en date a vu le transfert, il y a un mois, de 105 familles dans la commune de Gdyel (une vingtaine de kilomètres à l'est d'Oran). L'opération avait touché les habitants des constructions illicites situées sur la frange maritime est, près du Centre des conventions, Ahmed-Benahmed. D'après les estimations, plus de 1 200 effondrements ont été enregistrés à Oran entre 2005 et 2010, faisant une dizaine de morts et plusieurs blessés. S. O. A.