Photo : Riad De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali S'il existe bien encore à Oran des sinistrés des dernières intempéries, voire d'effondrements remontant à une dizaine d'années, qui attendent toujours un relogement, tous les habitants des quartiers à forte concentration de vieux bâtis, soit l'écrasante majorité des constructions du tissu urbain (environs 20 000 logements), se considèrent déjà comme des sinistrés. Même si leurs logements tiennent encore debout. «Mais, jusqu'à quand ? Ces maisons ne tiendront pas longtemps ; elles risquent de s'effondrer à la prochaine averse, au prochain séisme... La nuit, il nous arrive même d'entendre les craquements annonciateurs de l'écroulement», déplorent les habitants d'El Hamri, comme ceux de Sidi El Houari, Gambetta, Derb, les Planteurs ou St-Eugène. «D'ailleurs, nous nous réfugions assez souvent dans la rue de peur que le plafond ne s'abatte sur notre tête, comme c'est déjà arrivé à d'autres !», affirment-ils. Personne n'a, en effet, oublié le terrible sort de Djamila, 23 ans, et de son enfant de deux ans, qui ont péri, en décembre dernier, dans l'effondrement de leur demeure à El Hassi, pauvre quartier situé à la sortie ouest d'Oran. Durant les très pluvieux mois de novembre et de décembre derniers, beaucoup de familles, apeurées par les sinistres craquements de leurs maisons, ont passé plusieurs nuits à la belle étoile : «Même les services de la Protection civile ont déclaré que nos maisons représentent un danger pour nous. Mais, nous n'avons pas d'autre choix. En tout les cas, si nous ne sommes pas rapidement relogés ailleurs, il risque d'y avoir d'autres décès !», prévient-on dans ces suscités. Lundi dernier encore, une centaine de familles habitant Haï Cheklaoua ont manifesté devant le siège de la wilaya d'Oran pour dénoncer leurs conditions de vie précaires et réclamer leur relogement dans un environnement décent. «Nous vivons sans eau et sans électricité alors que les pouvoirs publics nous ont recensées et ont promis le relogement voilà bientôt six ans. Depuis, seule une vingtaine de familles ont bénéficié de nouveaux logements, le reste attend toujours.», signale-t-on parmi ces habitants. Seulement voilà ! Des dizaines d'autres familles, victimes d'effondrements ou d'intempéries, attendent toujours leur hypothétique relogement depuis de longues années. C'est le cas de quelque150 familles, qui végètent dans les centres de recasement de Aïn Turck, dans des conditions d'insalubrité et de précarité avancées, ou les dix familles qui partagent encore la Maison des associations du quartier de Sidi El Houari avec les quelques associations qui continuent toujours d'activer malgré l'absence de sécurité et les bagarres qui éclatent parfois entre des gangs rivaux. «Nous vivons l'enfer ici. Les enfants sont constamment malades ; nous manquons de tout et attendons toujours que l'Etat se penche sur notre cas», plaident les habitants. Depuis le lancement du programme d'urgence adopté après les séismes de janvier et de juin 2008, plus d'un millier d'habitants des anciens quartiers ont été relogés dans les nouveaux Haï En Nour et Haï El Yasmine, et la ville s'apprête à lancer une opération de réhabilitation de 400 vieilles bâtisses après en avoir récupéré 200 dans une précédente opération. «Cela ne peut suffire même si le rythme de construction est appréciable. Il faudra sans doute attendre plusieurs années encore avant que la tension sur le logement ne baisse», explique-t-on du côté des pouvoirs publics. En attendant, des centaines de familles vivent entre la peur des effondrements et celle des maladies…