Mine défaite, démarche engourdie, un regard vide, triste, les candidats au baccalauréat 2013 ne s'attendaient pas à ce que l'épreuve de mathématiques soit si difficile hier, deuxième jour des épreuves à travers le pays. Ce n'était pas du gâteau, du tout. «C'était trop difficile. Les deux sujets étaient trop difficiles. L'année dernière, c'était facile. Je ne m'attendais pas à cela. Je suis déçu. Je ne comprends pas pourquoi ils ont agi ainsi», affirme, presque en s'efforçant à la parole, un candidat de la filière Mathématiques, rencontré à la sortie du lycée Boulkine, sis dans la commune d'Hussein Dey à Alger. Une cigarette à la main, il traîne le pas à la recherche d'un mur ou d'une porte où s'adosser. Non qu'il soit trop fatigué mais juste qu'il a besoin de s'isoler. Il s'éloigne d'un groupe d'amis et de leurs parents, trop curieux pour en savoir plus sur le contenu des sujets. Une jeune fille arrive, se charge de remettre les deux sujets de l'examen à une femme, enseignante de maths dans un lycée à Bordj El Kiffan, puis quitte, elle aussi, le groupe aussi vite qu'elle l'a rejoint. «Elle aussi ne veut pas parler. Je la comprends, elle est brisée. Pas seulement parce qu'elle n'a pas bien travaillé, mais ses parents ne sont pas d'accord pour qu'elle fasse des études universitaires. Eh oui ! Il y a encore des familles qui pensent comme cela. Ils n'acceptent pas que leur fille aillent à l'université», confie une de ses voisines. D'autres garçons arrivent, eux aussi, la cigarette à la main et la mine défaite. Ce n'est pas du tout leur jour. «Trop difficiles les deux sujets. Que tu choisisses le premier ou le deuxième, c'est la même chose.» Les parents, abasourdis, essaient de remonter le moral de leurs enfants sans y parvenir, étant eux même dans une grande angoisse et une grande colère : «Apparemment, le baccalauréat de cette année, ce n'est pas comme les années précédentes. Le nouveau ministre a d'autres projets en tête.» A l'établissement Thaâlibia, toujours dans la commune d'Hussein Dey, ce sont les candidats de la filière gestion-économie qui traînent le pas, à leur sortie des salles d'examen. Mêmes propos de frustration et de colère et mêmes interrogations : «Ils nous ont cassés. On ne sait pas pourquoi ils ont fait cela. Les deux sujets étaient difficiles.» «Ce ne sont pas les sujets qui sont trop difficiles mais le niveau des élèves qui n'est pas vraiment au top. Ce n'est plus le niveau d'il y a quinze ans ou vingt ans. Les élèves n'ont pas l'habitude de se retrouver devant ces exercices», indique une enseignante. Celle-ci assure qu'il n'y a pas la moindre erreur dans le contenu des sujets : «Non, ce n'est pas long et c'est très clair et compréhensible.» Au lycée Hamia, dans la commune de Kouba, l'ambiance est encore plus désagréable. «J'avais vraiment peur, je n'ai rien compris à ce qui se passait. Une ambulance arrive et une autre part. Et pourquoi ? C'est parce qu'un candidat ou une candidate s'est évanoui ou est mal en point. Elèves et parents étaient affolés à la vue de ce spectacle», raconte une des candidates, elle-même n'ayant pas répondu comme il se doit aux questions dans le sujet d'examen. «C'était difficile, je n'avais pas les bonnes réponses, je suis déçue mais ce n'est pas une raison pour se mettre dans cet état. Ce n'est qu'un examen. Si je ne le réussis pas cette année, je le repasserai l'année prochaine. Et si c'est encore raté, je vais chercher autre chose. Ce n'est pas la fin du monde», affirme-t-elle, avec sagesse et sérénité, sans toutefois réussir à cacher son chagrin. D'autres candidats, des garçons, affirment en souriant : «Nous rions de nous-mêmes. Nous n'avons pas travaillé, c'était difficile mais ce n'est pas une raison de penser au suicide.» Chacun réagit à sa façon face à l'épreuve. Une épreuve parmi tant d'autres dans le parcours scolaire de l'élève et dans la vie. K. M.