«J'appelle pour vous confirmer qu'il y a eu des évanouissements. Ma nièce passe son examen au lycée Bouamama (ex-Descartes) et c'est elle qui m'a donné l'information. Il y avait une certaine panique et beaucoup de pression sur les autres candidats», rapporte un homme, la quarantaine, interpellé par cette situation qu'il juge très peu compréhensible, d'autant que, estime-t-il, «le sujet n'est pas vraiment difficile et il est très clair et pas du tout long». Des évanouissements à l'établissement Bouamama (Alger) et des abandons dans d'autres. «A peine ont-ils lu les sujets qu'ils ont pris leurs affaires et sont sortis de la salle d'examen. Ils n'ont pas pleuré, ils ne se sont pas évanouis mais ont ramassé leurs papiers et leurs stylos et pris la direction de la porte, sans dire mot aux surveillants», rapporte une jeune femme, assise sur les marches d'escaliers du lycée Emir Abdelkader, dans la commune de Bab El Oued. Elle attend sa sœur. Celle-ci passe son épreuve de philosophie, dans la filière lettres et philosophie. Elle vient juste de terminer. Selon elle, le sujet est peu abordable. «Je n'ai pas bien travaillé. Ce n'était pas facile. J'ai essayé quand même de répondre aux questions sans m'affoler ou prendre la décision d'abandonner sur le champ», assure-t-elle. Et sa grande sœur de l'interrompre : «C'est de cela que j'avais peur justement. Une voisine nous a racontés qu'il y a eu des évanouissements et des abandons dans certains lycées. Elle m'a cité Hassiba Ben Bouali à Kouba, un autre lycée à Staouéli et un autre à Bordj El Kiffan. Des candidats sont sortis moins d'une heure après la distribution des sujets.» «Ce n'est pas juste ce qu'ils nous ont fait. Les questions portent sur des sujets qui ne sont pas dans le programme fixé pour les révisions. Il y avait ce qu'on appelle le seuil et cela n'a pas été respecté. J'imagine les choses pour les élèves du Sud qui ont connu plusieurs jours de grève», poursuit un candidat dans le même établissement. Et un autre d'insister : «Coefficient 6». Une manière de dire que c'est déjà raté pour lui (peut être même pour d'autres) le baccalauréat de cette année. Au lycée Frantz Fanon, à quelques mètres du précédent, une candidate franchit le portail de l'établissement sans dire mot à personne. Très en colère. «Bien sûr que je n'ai pas travaillé. Les questions ont porté sur le programme de l'année dernière (2e AS) pas celui de cette année.» Apparemment pressée de rentrer chez elle, elle termine ses propos par cette phrase : «Rendez-vous l'année prochaine.» Pour elle aussi, le baccalauréat de cette année, c'est raté. A refaire l'année prochaine. La jeune fille a composé dans une autre matière essentielle pour sa filière : sciences. Coefficient 6. «Nous, les candidats scientifiques, nous ne sommes pas gâtés cette année. Les maths, hier, c'était une catastrophe. Aujourd'hui, c'est un peu moins mais c'est tout de même difficile. Rien à voir avec les sujets du baccalauréat de l'année dernière.» Pour quelques enseignants, il y a une certaine exagération dans les propos de ces élèves et aussi dans leurs comportements. «Les sujets sont abordables. Le problème est dans les élèves qui cherchent trop la facilité. Ils n'aiment pas l'effort», affirme un proche du domaine de l'éducation. Un enseignant, à son actif 35 ans d'exercice dans le domaine, affirme avec désolation : «Rien d'étonnant, c'est le résultat de la politique adoptée jusque-là dans le secteur. Les compétences sont marginalisées. Les meilleurs enseignants sont mis à l'écart et pour les postes d'inspecteurs, ils choisissent les leurs. Ceux qui appliquent leurs ordres sans discuter.» K. M.