N'est-ce pas que ces attentats spectaculaires ont sonné le glas de l'option militaire dans la lutte contre le terrorisme? Comment ne pas rapprocher le 27 novembre 2008 à Bombay du 11 septembre 2001 à New York? L'assaut terroriste sans précédent, dont a été la cible la capitale économique de l'Inde, Bombay, dans la nuit de mercredi dernier, et qui a fait 125 morts et près de 500 blessés, fait penser à un remake des attaques du 11 septembre aux Etats-Unis avec la marque de fabrique d'Al Qaîda. Les terroristes ont mené à Bombay, une véritable opération militaire qui implique un haut niveau de préparation et des moyens financiers importants. Solidement armés, les assaillants ont tiré dans toutes les directions, semant une mort aveugle, engageant des combats contre des policiers et des soldats de l'armée indienne. Le mode opératoire, le timing et les cibles choisies, font croire qu'il ne s'agit ni d'un hasard, encore moins d'une coïncidence. Les «combattants» ont attaqué sept sites différents à Bombay, dont deux hôtels prestigieux fréquentés par des Occidentaux, mais aussi deux hôpitaux, un cinéma, un restaurant, et un centre communautaire juif et pendant des intervalles de temps très réduits, exactement comme les attaques spectaculaires du 11 septembre à New York. La capitale économique américaine a été décapitée en 2001 par des avions terroristes. La mégalopole de l'ouest de l'Inde, centre financier de la dixième puissance économique mondiale, a été attaquée mercredi dernier par des hommes armés de fusils d'assaut et de grenades. Les Moudjahidin ont pris des touristes en otage, et ce sont surtout des détenteurs de passeports britanniques et américains qui ont été choisis. Le message est donc clair: il s'agissait de viser les pays de la coalition. Ce sont donc autant d'éléments qui renseignent sur cette marque de fabrique. Il est difficile en effet, de ne pas imaginer que ce groupe terroriste, qui a revendiqué l'attaque, ne soit pas affilié à une organisation comme Al Qaîda. Pour renforcer l'impression de chaos, les terroristes ont frappé simultanément dans plusieurs endroits différents. Armés de fusils d'assaut et de grenades, tirant en rafales sur tout ce qui bouge, le commando, composé de très jeunes membres, est arrivé par la mer. Désolation et désespoir dans les rues, dans les coeurs et surtout chez les stratèges de la lutte antiterroriste. Ce nouveau mode opératoire remettra en cause toutes les stratégies sécuritaires particulièrement orientées vers le transport aérien. Désormais, les mesures de sécurité seront aussi draconiennes dans les lieux touristiques que dans les aéroports. Les grands palaces seront aussi étroitement surveillés que les cockpits des avions. Le terrorisme est réellement une hydre à plusieurs têtes. La guerre mondiale dirigée par les Américains contre elle, n'a pas pu venir à bout de ce phénomène. N'est-ce pas que ces attentats spectaculaires ont sonné le glas de l'option militaire dans la lutte contre le terrorisme? Si l'incertitude demeure sur l'identité exacte des terroristes, les premiers éléments indiquent qu'il s'agit encore d'une action menée par un groupe issu de l'islamisme radical. Soutenus, inspirés, ou tout simplement affiliés à Al Qaîda, les «Moudjahidin du Deccan», auteurs de cette spectaculaire attaque, sont un sous-ensemble inclus dans le mouvement djihadiste indien, proche d'un syndicat étudiant islamiste, le «Simi». L'attentat de Bombay ne ressemble pas aux autres. Il ne s'agit pas cette fois d'explosion de bombes, comme ce fut le cas à Jaipur le 13 mai dernier, Ahmedabad le 26 juillet, New Dehli le 13 septembre, ou dans l'Etat d'Assam, totalisant 220 morts. Cette attaque, que certains nomment le «11 septembre indien», suppose de nouvelles méthodes dans la lutte contre le terrorisme et annonce déjà une nouvelle ère dans les relations internationales. Finalement, les grands changements dans cette planète, ce sont les guerres et les carnages qui les annoncent et la tragédie humaine continue.