Les participants à la conférence «transformer les économies arabes : avancer sur la voie de la connaissance et de l'innovation» ont adopté à Rabat une déclaration finale intitulée «vers de nouvelles stratégies de développement pour le monde arabe» dans laquelle ils ont énoncé un certain nombre de recommandations et de propositions. La conférence qui a regroupé des représentants des gouvernements, du secteur privé et des experts de la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) a estimé notamment, à l'issue de deux jours de travaux que les pays du monde arabe «doivent sortir des approches conventionnelles et développer de nouvelles stratégies pour s'adapter à une économie mondiale qui change rapidement». Ils ont considéré que «créer des emplois implique d'investir dans des secteurs à haut contenu en connaissance et de s'engager résolument dans le développement d'économies plus productives, plus compétitives et plus durables» et qu'un «effort soutenu dans l'économie fondée sur la connaissance devrait à long terme être une importante source d'emplois nouveaux dans le monde arabe, à condition que les marchés du travail fonctionnent mieux et que les qualifications soient plus adaptées aux besoins». Importance du régime économique et institutionnel Les conférenciers on jugé que «la qualité du régime économique et institutionnel est cruciale», soulignant qu'«une gouvernance médiocre est le plus grand obstacle au développement économique et social en général, et à celui fondé sur l'économie de la connaissance et l'innovation en particulier». «Une stratégie cohérente requiert une approche intégrée avec des réformes dans une série de domaines clés : la mise en place d'économies plus ouvertes et plus entrepreneuriales, la préparation d'une population mieux éduquée et plus qualifiée, y compris en tirant meilleur parti des talents des femmes, l'amélioration des capacités d'innovation et de recherche, et l'expansion des technologies de l'information et des télécommunications et de leurs applications», note la déclaration. Les conférenciers ont, par ailleurs, estimé que «les gouvernements devraient également mettre en place des conditions appropriées pour le développement de secteurs déterminés (qu'ils soient traditionnels comme l'agro-alimentaire, les textiles, ou les produits chimiques, ou nouveaux comme les TIC, un tourisme à haute valeur ajoutée, ou les médias), et de sites innovateurs, sources de nouvelles activités ou emplois». Pour une approche participative en appui aux réformes A cet effet, ils ont appelé «une forte coordination au sommet du gouvernement», et «une approche participative» pour mobiliser la population dans l'appui aux réformes, avec des consultations et des engagements de toutes les parties prenantes du secteur privé et de la société civile, y compris des milieux académiques, des think tanks et, particulièrement importants, des médias. Selon eux, les membres de la diaspora constituent «des agents de changement très utiles pour catalyser les mouvements, notamment ceux qui possèdent des qualifications élevées et peuvent apporter des soutiens techniques, financiers et commerciaux». Considérant l'importance de ces transformations majeures, ils ont préconisé «une prise de conscience des enjeux en sensibilisant les parties prenantes à haut niveau dans les sphères publiques et privées dans le monde arabe, mais aussi en élargissant le dialogue pour y inclure la société civile, les jeunes et les médias, la facilitation des échanges continus sur les types de stratégies d'économie de la connaissance qui sont mises en œuvre par les pays de la région et ailleurs dans le monde».
Nécessité d'un réseau de partenaire dans l'économie de la connaissance D'autre part, ils ont préconisé la création d'un réseau de partenaires dans le monde arabe qui «peuvent se consulter sur les voies de l'économie de la connaissance, partager leurs expériences et expertises, suivre les efforts nationaux, encourager les initiatives régionales, et, si besoin est, aider dans la conception, la mise en œuvre et le suivi des activités et des projets en la matière». Par ailleurs, ils ont appelé à «renforcer la coopération horizontale et verticale dans le domaine de l'économie de la connaissance au sein de la région Mena, à coordonner les plans et initiatives dans la région afin d'assurer plus de cohérence entre les projets et à promouvoir, protéger et renforcer les savoirs traditionnels comme partie intégrante de l'économie de la connaissance et impliquer, à cette fin, toutes les populations dans le développement économique et social». Ils ont aussi plaidé à rassembler les organisations internationales et régionales pour travailler de manière concrète avec les pays du monde arabe à travers diverses modalités : appuis techniques, préparation de notes stratégiques, plateformes de développement de capacités.
Stimuler l'innovation et le développement par l'intégration régionale En outre, les conférenciers ont appelé à stimuler l'innovation et le développement à travers plus d'intégration et plus de collaboration régionale, particulièrement dans l'espace Euro-méditerranéen, à mobiliser les médias pour publiciser activement les initiatives locales, nationales, et régionales, notamment les réussites, pour sensibiliser les populations et engendrer un dialogue entre parties prenantes. Enfin ils ont réaffirmé l'intérêt d'organiser un sommet d'Etat des leaders du monde arabe dans les deux années à venir, qui conduirait à la formulation d'un agenda commun pour l'économie de la connaissance et de l'innovation dans la région. La conférence qui s'est tenue mardi et mercredi au siège de l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (Isesco) a été organisée par la Banque mondiale (BM), le Centre de Marseille pour l'Intégration en Méditerranée (CMI), la Banque européenne d'Investissement (BEI) et l'Isesco. Lors de cette conférence les initiateurs de cette rencontre ont rendu public leur rapport conjoint sur l'Economie de la connaissance dans la région Mena qui montre comment une économie fondée sur l'innovation et le savoir peut contribuer à accélérer la croissance économique et à accroître la compétitivité. Le rapport souligne notamment qu'il faut investir davantage dans un modèle économique basé sur la connaissance si l'on veut relever le défi du chômage dans les pays de la région. APS