Une conférence placée sous le thème "transformer les économies arabes : avancer sur la voie de la connaissance et de l'innovation" se tient depuis mardi à Rabat en présence de représentants des gouvernements, du secteur privé et des experts de la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). La conférence de deux jours qui se déroule au siège de l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (Isesco) a pour objectif notamment de discuter des défis que doivent relever les pays de la région pour la mise en place d'une économie fondée sur la connaissance et l'innovation. Les participants examineront les mesures concrètes à prendre, dans leur contexte national ainsi que dans le monde arabe et le bassin méditerranéen, pour avancer sur la voie d'une économie de la connaissance. Les initiateurs de cette conférence en l'occurrence la Banque mondiale (BM), le Centre de Marseille pour l'Intégration en Méditerranée (CMI), la Banque européenne d'Investissement (BEI) et l'Isesco ont rendu public leur rapport conjoint sur l'Economie de la connaissance dans la région Mena. L'innovation et le savoir pour accélérer la croissance économique Ce nouveau rapport montre comment une économie fondée sur l'innovation et le savoir peut contribuer à accélérer la croissance économique et à accroître la compétitivité et souligne qu'il faut investir davantage dans un modèle économique basé sur la connaissance si l'on veut relever le défi du chômage dans les pays de la région. "Nous espérons que ce rapport aidera les pays du monde arabe à envisager un nouveau modèle de développement ayant pour moteur le savoir et l'innovation", a déclaré Inger Andersen, vice-présidente de la BM pour la région Mena, ajoutant que cette approche "peut aider les pays arabes à diversifier leurs économies et à innover tout en créant des entreprises et des emplois". Selon le rapport, l'ampleur du changement dépendra dans une large mesure de la manière dont l'économie du savoir prendra racine dans la région préconisant dans le cadre de la création d'emplois d'"investir davantage dans les secteurs du savoir" et de "mettre davantage l'accent sur les moyens de créer des économies compétitives, productives et viables". "Si des pays de petite taille comme la Finlande et Singapour, de moyenne taille comme la Malaisie et la République de Corée, et de grande taille comme le Brésil, la Chine et l'Inde sont capables de tirer parti du progrès technique, les pays du monde arabe peuvent en faire autant", a jugé Mats Karlsson, directeur du CMI. Il indiqué que "cela demandera de la patience et de la détermination, car il faut parfois attendre plusieurs années avant que les investissements dans le domaine du savoir ne portent leurs fruits". D'importantes réformes dans différents secteurs : une nécessité Le rapport montre également qu'un modèle économique fondé sur le savoir nécessite la mise en œuvre d'importantes réformes dans différents secteurs afin de créer des conditions favorables à l'innovation et à la croissance telles que l'adoption d'un train de mesures pour créer des économies plus ouvertes et plus dynamiques, former une main-d'œuvre plus qualifiée, améliorer les capacités d'innovation et de recherche, et développer les TIC et leurs applications. Le document estime que le transfert des connaissances est un autre élément important de l'économie du savoir - indispensable pour organiser, créer et diffuser les connaissances, notamment par le biais de l'investissement étranger direct et des échanges internationaux de biens et services. Selon cette étude, la gestion des connaissances est un outil essentiel pour accroître la productivité, ce qui contribue, en retour, à une croissance économique durable et plus robuste. Elle montre aussi que l'intégration régionale peut être un atout pour élaborer un modèle plus solide de développement économique fondé sur le savoir dans la région Mena, en aidant à accroître les échanges commerciaux et à améliorer le fonctionnement du marché du travail. Pour la création de pôles de croissance Parallèlement à des réformes structurelles, le rapport recommande aux gouvernements de la région de créer les conditions nécessaires au développement des secteurs et sites les plus susceptibles de générer des activités et emplois nouveaux. La création de pôles de croissance dynamique aiderait à donner confiance dans le nouveau modèle économique et, partant, à promouvoir l'investissement, l'activité économique, le partage du savoir et l'innovation. D'après l'un des principaux auteurs du document, Anuja Utz, chef d'équipe du rapport auprès du CMI, l'approche préconisée tient compte du fait que les pays de la région Mena n'ont pas tous les mêmes problèmes et les mêmes possibilités. "Vu la diversité du monde arabe, l'étude ne recommande pas une solution toute faite", explique-t-elle considérant qu'elle "donne des exemples de bonnes pratiques dans différents pays et recommande des mesures concrètes pour guider les efforts, en laissant à chaque pays le soin de les adapter à sa situation particulière".