La pollution des cours d'eau et des ressources hydriques de manière générale, constitue de nos jours un problème majeur. L'oued Soummam, principal affluent de la wilaya de Béjaïa, subit et continue de subir d'importantes dégradations en raison des rejets industriels bruts et des déversements directs d'eaux usées domestiques. Dans une étude récente du laboratoire de technologie des matériaux et de génie des procédés de l'Université de Béjaïa, portant sur les caractéristiques des eaux de cette rivière, les résultats obtenus au niveau des quatre stations de prélèvement des échantillons (Akbou, Sidi Aïch, El Kseur et l'embouchure au port de Béjaïa), montrent que les valeurs de la DPO5 (demande biologique en oxygène sur 5 jours), en augmentation graduelle en suivant le cours d'eau, sont comprises dans la fourchette 12,25 à 114,3 mg/l et la majorité des valeurs mesurées dépassent largement la norme (25 mg/l). Cette forte concentration en DPO5 «pourrait être liée essentiellement au volume élevé des eaux usées domestiques et industrielles, principalement des industries à caractère agroalimentaire», précisent les auteurs de l'étude. La DCO (demande chimique en oxygène), autre paramètre permettant d'évaluer d'une manière plus exacte la quantité des matières organiques biodégradables et non biodégradables, présente des teneurs variant entre 44,8 et 196,56 mg/l. Ces mesures dépassent aussi largement la norme admise (40 mg/l). Les valeurs élevées de la DCO «pourraient être imputées à la charge élevée en matières organiques des eaux usées domestiques et aux effluents des unités industrielles déversées en amont de ces stations», lit-on dans le même rapport. Les teneurs en MES (matières en suspension), comprises entre 5 et 198,66 mg/l, sont souvent supérieures à la norme requise (30 mg/l). La concentration des matières en suspension est cependant liée aussi à la nature des terrains traversés. Par ailleurs, les scientifiques ont relevé une nette augmentation de la concentration en nitrates et des pics de concentration en fer à proximité des décharges publiques. «L'eau de l'oued au niveau des quatre points de prélèvements est non seulement impropre à l'utilisation mais constitue une menace pour l'environnement et la santé des riverains », conclut l'étude en soulignant que l'oued Soummam subit une pollution essentiellement organique suite au volume important des eaux usées urbaines et industrielles déversées en son sein. On doit préciser que le cours du fleuve est jalonné de plusieurs sources de pollution, dont 5 établissements industriels polluants, 33 stations de lavage- graissage, 58 huileries et 26 décharges non contrôlées. À cela s'ajoute un volume important d'eaux usées domestiques déversé par les communes de la Vallée qui atteint 29 810 m3/j. Le volume des rejets annuel vers l'oued Soummam est alarmant (165.105 m3/an). Les rejets urbains constituent près des trois quarts du volume total des eaux usées déversées. Contraindre les industriels à se doter de stations d'épurations et de bassins de décantation, installer des équipements similaires dans les principaux centres urbains pour «décharger» les eaux usées ménagères, réaliser des décharges publiques contrôlées et des centres d'enfouissement techniques pour une meilleure gestion des déchets solides sont autant de mesures édictées de longue date par la direction de l'environnement pour remédier à cette situation. Un programme d'action qui reste malheureusement très peu suivi sur le terrain. K. A.