Le recours aux eaux usées traitées pour l'irrigation des cultures maraîchères et des aires pastorales dans les communes de Fesdis et de Djerma, au nord de la wilaya de Batna, ne fait plus l'unanimité au sein des citoyens, comme d'ailleurs chez les cadres des secteurs concernés, comme celui de l'hydraulique. On prend de plus en plus conscience des éventuels impacts négatifs sur l'environnement et la santé publique d'une gestion non rigoureuse d'un dossier aussi sensible. L'utilisation des eaux usées à des fins agricoles, dans ces communes précitées, correspond-elle aux normes ? Ces légumes et fruits irrigués avec ces effluents sont-ils comestibles ? Telles sont quelques questions qui animent le débat mais qui restent, malheureusement, sans écho auprès des autorités locales faute d'analyses et d'enquêtes épidémiologiques réalisées auprès des populations qui se nourrissent de ces cultures et sur la flore et la faune. Si plusieurs institutions de la wilaya de Batna préfèrent observer le silence et rester loin de ce débat, au niveau de la direction de l'hydraulique de la wilaya on y prend part mais les avis divergent d'un interlocuteur à un autre. A la question sur la qualité des eaux usées qui sortent de la station d'épuration (STEP) de Batna répond-elle aux normes ou aux valeurs limites qui protègent l'agriculteur, le consommateur et l'environnement, un de nos interlocuteurs répond par l'affirmative et appuie ses dires par les données du bulletin de résumé mensuel de l'exploitation de Batna du mois de mars dernier. Pour un autre, le document, en question, n'est pas fiable du moment qu'il ne mentionne, malheureusement, que la DBO 5 (demande biologique en oxygène en 5 jours). Point de renseignements sur les autres analyses telles que les MES (les matières en suspension), la DCO (demande chimique en oxygène) et AOX. D'une manière générale, le document est avare en informations sur les traces des substances chimiques. Un troisième interlocuteur précise que cette station d'épuration est destinée à épurer, uniquement, des eaux usées urbaines et non industrielles. “Le problème, si problème il y a, provient des usines et des établissements industriels, qui ne disposent pas, malheureusement, de mini-stations d'épuration, pour leur permettre d'atteindre les normes acceptables… Les seuls établissements industriels qui contrôlent leurs rejets sont ceux de l'Orelait et de Saidal”, souligne un cadre au sein de la direction de l'hydraulique ayant requis l'anonymat. Un cadre, de la direction de l'environnement de la wilaya de Batna cette fois-ci, gardant lui aussi l'anonymat, tient un autre langage et affirme que toutes les usines sont équipées de mini-station d'épuration et que les normes, contrôlées par la direction de l'environnement, sont respectées. Auprès des citoyens, la tendance n'est pas l'optimisme. Selon eux, “une grande partie des eaux usées ne passe pas par le by-pass de la station d'épuration de la ville de Batna”, la contournant, ainsi, pour alimenter, en fin de parcours et par des rejets non épurés, l'oued de Fesdis dont les eaux sont utilisées dans l'irrigation des cultures maraîchères. Devant cet état de fait, certains pessimistes s'interrogent même sur l'utilité de la station d'épuration puisqu'elle ne traite pas toutes les eaux usées de la ville. En effet, à quelques kilomètres plus bas de la sortie de la station d'épuration de la ville de Batna, à hauteur de la commune de Djerma, daïra d'El-Madher, des effluents épurés se mélangent aux eaux usées brutes déversées par les réseaux d'assainissement des agglomérations de Arrâar, de Lahrakta et de Fesdis. Du coup, la question relative à la qualité des productions agricoles de ces régions se pose avec sérieux. B. Boumaïla