La qualité physico-chimique des eaux souterraines de la Mitidja est le thème d'une récente étude ayant mis en exergue la vulnérabilité des nappes aquifères face à la pollution multiforme qui fragilise cette vaste et riche plaine. Essentiellement alimentées par les eaux de pluie mais également par l'infiltration des eaux des oueds traversant la plaine et communiquant en permanence avec la nappe alluviale, les nappes aquifères de la Mitidja, véritable réceptacle d'eau mais aussi de solutés, ne sont pas à l'abri d'éventuelles contaminations. D'autant, comme il est rappelé dans ladite étude menée par le Dr Hadjoudj, docteur en hydrologie à la faculté de médecine d'Alger, sous la direction du Pr Reggabi, professeur en toxicologie et chef de service du Laboratoire éponyme à l'hôpital Aït-Idir d'Alger, que la plaine est traversée par six importants oueds dont l'oued El-Harrach, long de 59 kilomètres, qui la traverse par le centre. Menée sur trois années hydrologiques successives, à savoir 2004-2007 en collaboration avec l'ANRH (direction régionale centre de Blida), la Seaal et l'ADE de Tipasa, l'étude – qui a concerné 860 prélèvements répartis le long de la plaine — a démontré qu'en dépit de l'existence d'un périmètre de protection autour des captages en vue d'éviter toute source de contamination de l'eau souterraine par les effluents des activités humaines et malgré les bons résultats hydro-chimiques, la concentration moyenne des nitrates atteint 61,7 mg/l, le seuil limite dans les eaux potables étant de l'ordre de 50mg/l. Le découpage cartographique a permis aux chercheurs l'identification de la région la plus concentrée. La zone est s'est avérée être la plus polluée avec des concentrations de 120 mg/l dans le réseau de surveillance. Toutefois, est-il indiqué, “les eaux distribuées à la population sont à des concentrations en nitrates nettement inférieures au seuil fixé par la norme algérienne relative aux eaux potables”. Une enquête basée sur les activités socio-économiques dans la région a permis, en outre, aux chercheurs d'expliquer l'origine de la pollution par les nitrates dans la région est. Dans cette zone sont, en effet, concentrés plus de 60% des activités industrielles polluantes avec plus de 250 000 m3 d'eaux usées d'origine industrielle rejetées quotidiennement dans l'oued El-Harrach ou dans l'un de ses affluents. S'ajoutent à cela les rejets urbains, les effluents agricoles, la fertilisation par les engrais chimiques, l'élevage intensif et la multitude de décharges publiques concentrées dans cette zone. S'agissant des eaux usées domestiques chargées en azote, pour ce qui est des rejets urbains, l'étude a révélé qu'en dépit du traitement de ces dernières dans les stations d'épuration, la pollution azotée reste la même. “Ces eaux sont déversées telles quelles dans le milieu récepteur, en l'occurrence les oueds et cours d'eau. La quantité de nitrates issus des rejets urbains de la Mitidja serait de l'ordre de 74 480, 67 tonnes de nitrates par an (RGPH 1998). 66,6% de ces rejets sont drainés par l'oued El-Harrach (…)”. Les quantités de nitrates, compte tenu de la croissance de la population estimée à 1,6% (RGPH 2008), sont ipso facto plus importantes aujourd'hui, précise le docteur Hadjoudj. Notre interlocuteur attire notre attention sur l'existence fréquente de décharges publiques implantées sur des terrains agricoles perméables. (C'est le cas de l'oued Smar sur 40 hectares) qui drainent les Lixiviats liquides vers la nappe. Néanmoins, mise à part la réalisation de centres d'enfouissement technique, le ministère des Ressources en eau a annoncé la réalisation d'une soixantaine de stations d'épuration. Pour l'oued El-Harrach, des travaux de dragage, de décantation et de déviation (des eaux) vers Douéra sont en cours. Il n'en demeure pas moins qu'éradiquer les sources de pollution via, entre autres, des mesures coercitives pour amener les industriels à une coopération effective est aujourd'hui plus que nécessaire pour préserver l'eau. N. R.