Il ne sera plus possible à la compagnie canadienne SNC Lavalin de soumissionner pour des projets lancés par Sonelgaz. SNC Lavalin a été black-listée par Sonelgaz. «Par précaution, nous avons décidé de ne plus travailler avec cette société», a tranché le P-dg de Sonelgaz, Nordine Bouterfa, qui s'exprimait, hier, au cours d'une conférence de presse tenue à Alger. Il est reproché à la compagnie canadienne d'avoir versé des pots-de-vin pour décrocher des marchés en Algérie. Nordine Bouterfa a ajouté que la société qu'il dirige détient 10% dans le projet de centrale électrique de Hadjret E'Nouss, à Cherchell (Tipasa) et qu'elle n'a pas de contrat la liant à SNC Lavalin. «Nous n'avons rien à avoir avec SNC Lavalin. Et à force de rendre les affaires ambiguës, on ne sait pas de quoi on parle», a-t-il précisé. SKH est détenue à 51% par SNC Lavalin et l'émirati Moubadala, à travers la joint-venture Aiul et à 49% par les groupes algériens Sonatrach, Sonelgaz et AEC. Ni Sonelgaz ni ses filiales de distribution ne sont ainsi partie prenante dans ce contrat. C'est un contrat passé entre SKH et SNC Lavalin (EPC). Cette centrale a provoqué, il y a quelques mois, une polémique et la presse s'est emparée de l'affaire. L'introduction de Sonelgaz comme acheteur unique de l'énergie produite l'a conduit à exiger préalablement à la remise des offres commerciales relatives au contrat EPC et O&M, précisait récemment Sonelgaz. Parce qu'il y a une croissance de la demande en électricité et il y a nécessité de réaliser la centrale de Hadjret E'Nous dans des délais très courts, Sonelgaz s'est résignée à la mise en place d'un Term Sheet (document fixant les conditions et principes du contrat de tolling). C'est ainsi qu'AEC a pu procéder à l'ouverture et à l'évaluation publique des offres commerciales le 17 décembre 2005, à l'issue de laquelle SNC Lavalin a été désignée comme adjudicataire des contrats EPC et O&M sous condition de concrétiser son engagement à prendre des participations à hauteur de 51% (engagement exigé également de son concurrent Siemens). Et suite à cette ouverture des plis, SNC Lavalin et Moubadala (à travers la joint-venture Aiul), ainsi que Sonatrach, Sonelgaz et AEC ont constitué la société SKH. C'est dire que, selon la direction de Sonelgaz, le déroulement de cette phase d'attribution (bien que difficile et complexe) a connu un traitement «transparent» et «équitable» vis-à-vis des deux concurrents. Et le prix du KWh ? Il serait estimé au double de celui produit par la filiale de Sonelgaz SPE. Dans le secteur de l'électricité, il faut comparer les prix marginaux de l'électricité (c'est-à-dire ceux issus des derniers investissements), souligne Sonelgaz. «SPE n'ayant pas dans son parc de production des centrales de type ‘‘cycle combiné'', nous ne voyons pas comment une comparaison pourrait être faite, sauf à comparer la dernière centrale de type cycle simple en turbines à gaz de M'Sila à celle de type cycle combiné de SKH. Encore que, en tenant compte du rendement du cycle combiné, l'avantage n'est certainement pas en faveur de la turbine à gaz», explique Sonelgaz. M. Bouterfa a indiqué qu'il a saisi SNC Lavalin au sujet de cette affaire, mais le groupe canadien a affirmé qu'il est «clean» et qu'il «n'y a pas d'intermédiaire». En avril dernier, la Banque Mondiale avait radié la compagnie canadienne SNC Lavalin Inc et ses filiales, pour une période de 10 ans, de tous ses projets pour inconduite de cette entreprise dans le cadre d'un projet au Bangladesh. La durée de la sanction décidée contre SNC Lavalin est la plus longue jamais prise par la Banque Mondiale contre une firme impliquée dans des affaires de corruption. Y. S.