Il y a une vingtaine d'années, les Constantinois ne pouvaient pour rien au monde manquer une pièce de théâtre qui mettait en scène des travers de la société ou clouait au pilori la gestion des responsables de l'époque. Rih samsar et Nass el houma, pour ne citer que ces deux pièces produites respectivement en 1977 et 1980 parmi tant d'autres créations du Théâtre régional de Constantine (TRC), ont eu un succès tonitruant. Elles brocardaient société et dirigeants. L'équipe mise en place parvenait à faire rire son public et à ouvrir des voies de réflexions. Une période et une conjoncture favorables ont permis au TRC de s'illustrer, d'épater et de se placer en bonne position parmi les théâtres régionaux du pays. Cette réussite était évidemment le produit de la qualité des productions réalisées, malgré tous les écueils et manques. Les comédiens qui travaillaient avec les moyens de bord, ont su, grâce à l'authenticité dans l'interprétation et leur professionnalisme, dépasser les diverses embûches. Mais le glas a sonné ! Ces dernières années, les professionnels du 4e art n'ont cessé d'attirer l'attention sur la déliquescence que vit la scène théâtrale. Malgré la profusion des productions, il est rare de voire un scénario accrocher du monde. «C'est à l'image de tous les arts à Constantine ou ailleurs. La difficulté perdure pour intéresser les populations à priser les salles de spectacles notamment le théâtre», avoue un ex gestionnaire du TRC. La régénération est à rechercher pour rafraîchir les planches. Les sujets traités semblent avoir été dépassés par la contemporanéité. Contemporanéité du langage et celle de la mise en scène. Ce qui dénote l'absence de véritables créateurs dans le domaine. C'est là l'avis de professionnels qui ajoutent que la qualité s'acquiert par la formation et le perfectionnement. C'est une vérité absolue. De plus, les adaptations et reprises ont perdu toute originalité à force d'être réadaptées. Comme pour les autres disciplines artistiques, le copier-coller a également affecté le théâtre. Avec des moyens financiers énormes accordés par l'Etat, les scènes dans leur majorité ne parviennent pourtant pas à offrir un produit qui agréerait le public. «L'originalité fait cruellement défaut dans les pièces ces dernières années. Il est vrai que la quantité y est et que le quota de productions exigé est respecté par les divers théâtres régionaux comme consigné dans les cahiers des charges propre à l'activité, mais la qualité, elle, se fait attendre», estiment des comédiens. A titre d'exemple, le Théâtre régional de Constantine doit faire sa mue. Beaucoup le disent et le répètent à chaque occasion. L'équipe qu'il emploie - pas plus d'une douzaine d'artistes permanents -, étoffée par des associations, notamment Belliri, et des collaborateurs issus pour la plupart des circuits universitaires, peut aisément améliorer ses produits, si elle intègre dans sa démarche le souci de perfectionnement. «Des cycles de perfectionnement et des ateliers de formations in situ sont nécessaires pour améliorer la qualité des productions», soutient un comédien. «Il est nécessaire d'inculquer aux amateurs, ou même aux professionnels, que l'exercice est délicat et appelle des mises à niveau perpétuelles. On ne peut pas demeurer figé dans les notions basiques sans les développer ou les dépoussiérer», ajoute un autre. Le développement des pratiques théâtrales reste le seul garant pour honorer un TRC qui aura subjugué et donné à réfléchir aux citoyens et responsables. L'année 2000 a été franchie avec une nouvelle ère ponctuée par la mise en place de gros moyens. Mais la qualité tarde à suivre dans la majorité des productions où l'adaptation «toute faite, toute prête» prend le dessus, au grand dam de la nouveauté et de l'originalité. N. H.