Il semblerait que le proverbe «bien mal acquis ne profite jamais» se soit appliqué au numéro un du secteur des services pétroliers européen, Siapem. Son titre a plongé de 29% en Bourse lundi à la suite d'un deuxième avertissement sur ses résultats en moins de cinq mois, entraînant d'autres valeurs du secteur. Saipem, dans son «profit warning», a évoqué des problèmes avec des contrats en Algérie, au Mexique et au Canada. Le groupe, détenu à 43% par la compagnie pétrolière italienne Eni, a clôturé en baisse de 29,19% à la Bourse de Milan, à 14,24 euros, entraînant l'Eni (-2,14%) qui a accusé la plus forte baisse de l'EuroStoxx 50. Saipem a annoncé, vendredi soir, s'attendre désormais à une perte nette de 300 à 350 millions d'euros cette année, en raison notamment de la détérioration de ses relations avec l'Algérie. La société fait l'objet d'enquêtes pour corruption en Italie et en Algérie au sujet de contrats passés avec la compagnie gazière Sonatrach, un partenaire de longue date. Saipem avait déjà surpris en avertissant sur ses résultats en janvier, ce qui avait fait plonger son titre de 34% en une séance. Son second «profit warning» a suscité de la colère. «Nous pensons qu'il ne sera pas possible d'investir dans Saipem avant que certaines inconnues de taille ne soient levées», a commenté Crédit Suisse, en ramenant son objectif de cours sur la valeur de 22 à 16 euros. «Beaucoup d'investisseurs étaient revenus sur la valeur après le premier profit warning en pensant que le pire était passé. Ils se sont encore brûlé les doigts», relève un trader à Milan. L'action Saipem a perdu plus de 50% de sa valeur depuis le début 2013, impactant l'Eni par ricochet. Selon des traders, le groupe pétrolier perdrait 140 millions d'euros si sa filiale n'était pas en mesure de verser un dividende cette année. Après la clôture, Eni a évoqué un impact «relativement modeste» des contre-performances de Saipem sur ses résultats. Paolo Scaroni, l'administrateur délégué d'Eni, a ajouté que le profit warning de sa filiale ralentirait au lieu d'accélérer le désengagement prévu de la compagnie pétrolière. «Mais on a l'habitude de faire les choses vite alors cela ne veut pas dire dans trois ans», a-t-il ajouté. L'annonce en décembre de l'ouverture d'une enquête en Algérie avait coûté son poste à l'administrateur délégué de Saipem à l'époque, Franco Tali. Dans son communiqué de vendredi, le groupe fait également état de problèmes concernant des contrats au Mexique et au Canada, qui lui coûteront 260 millions d'euros. Il signale aussi des difficultés chez sa filiale E&C Offshore. Le nouvel administrateur délégué Unberto Vergine n'en continue pas moins de promettre un net redressement des bénéfices à partir de 2014. «Le deuxième profit warning de Saipem en six mois accroît l'incertitude concernant le rythme du redressement des résultats et la possibilité de nouvelles surprises négatives», estiment les analystes de Morgan Stanley. Pour rappel, concernant la relation liant Sonatrach à Saipem, Youssef Yousfi, ministre de l'Energie et des Mines, avait indiqué que «l'Algérie, pays souverain, prendra, si la nécessité l'y oblige, ses distances pour défendre ses intérêts de manière conforme à la loi.» A. E.