Le parquet de Milan a ouvert une enquête sur le directeur général du géant énergétique italien ENI, Paolo Scaroni, dans le cadre d'une affaire de pots-de-vin qui auraient été versés à des responsables algériens, ont rapporté, jeudi, les agences de presse italiennes. Des commissions occultes, évaluées à 197 millions de dollars, auraient été payées par la filiale du groupe italien Saipem en échange de contrats, notamment celui concernant la pose d'un gazoduc sous-marin. En 2008, Saipem avait décroché des contrats totalisant plus de 6,5 milliards de dollars avec Sonatrach, alors qu'entre 2006 et 2009, le chiffre d'affaires de cette société en Algérie se situait entre 15 et 20 milliards de dollars. La police financière mène actuellement des perquisitions aux sièges d'ENI et de Saipem et au domicile de M. Scaroni à Milan, selon les médias italiens qui citent des sources judiciaires. M. Scaroni est soupçonné d'avoir participé à au moins une rencontre afin de faire obtenir à ENI et Saipem un marché de 11 milliards de dollars. Rappelons que l'administrateur délégué de Saipem, Pietro Franco Tali, avait démissionné, début décembre, après l'annonce de l'ouverture d'une enquête pour corruption sur les activités de Saipem en Algérie. Le directeur financier d'ENI, Alessandro Bernini, qui était directeur financier à Saipem au moment des faits, a également quitté son poste. Dans un communiqué rendu public, Paolo Scaroni a démenti, jeudi, «toute implication dans une affaire de corruption en Algérie sur laquelle enquête le parquet de Mila », après l'annonce de l'ouverture d'une enquête à son encontre ainsi qu'à celle du groupe. «ENI prend acte du fait que l'enquête du parquet de Milan sur les activités de Saipem en Algérie a été étendue à ENI et à son directeur général», ajoute le communiqué du groupe. Et de préciser que «l'enquête concernait initialement sa seule filiale, le groupe d'ingénierie et d'exploration pétrolière Saipem, dont il détient 42,93%. ENI coopère totalement avec les enquêteurs». Le titre d'ENI a lourdement chuté à la Bourse de Milan après ces annonces, perdant 4,62% en clôture à 17,33 euros. Celui de Saipem, en revanche, a bondi de 5,26% à 21,8 euros, profitant de l'élan suscité plus tôt dans la journée par l'annonce d'importants contrats. Saipem avait déjà fait les gros titres la semaine dernière après un avertissement sur le résultat qui avait fait effondrer son cours en Bourse d'un tiers de sa valeur en une journée et suscité des soupçons de délits d'initié. Ses dirigeants ont été entendus la semaine dernière par la Cosob.