Au moment où se tient à Alger la première Foire maghrébine et à l'ère de la crise financière internationale, le débat sur l'intégration économique du Maghreb s'accentue. Après les recommandations du Fonds monétaire international (FMI) à ce sujet et les appels des experts, c'est au tour des chefs d'Etat de la région de se prononcer sur cette question cruciale après l'avoir remise aux calendes grecques puisque le projet est en souffrance depuis. Et pour cause, l'heure est grave sur le plan économique. D'où la nécessité de renforcer les blocs régionaux. Le président tunisien Zine El Abidine Benali l'a apparemment compris. Il a appelé samedi dernier à l'ouverture d'une réunion des banques centrales du Maghreb et d'Europe et à une mise en place rapide de la banque maghrébine de l'investissement et du commerce extérieur, un projet pouvant accélérer l'intégration économique régionale dans le contexte de la crise mondiale. «Les mutations économiques mondiales [...] imposent à nos pays d'accélérer la cadence dans la réalisation du projet d'intégration maghrébine, en tant que condition indispensable pour s'adapter à ces mutations», a-t-il déclaré dans un discours lu par le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie repris par les agences. «Nous formons l'espoir que l'ensemble des mesures prises à cet effet seront mises en œuvre, et tout particulièrement l'entrée en exercice de la banque» régionale, a-t-il dit, évoquant le besoin d'investissement, d'ouverture des marchés et de levée des barrières douanières. Pour cela, il a estimé que l'intégration économique reste «un choix stratégique» dans ce contexte de crise économique mondiale. M. Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, a abondé dans ce sillage sans appeler à la création de ladite banque dont la date est fixée pour 2009. Mais il a invité à accélérer les réformes financières dans la région pour la réussite du processus. Un processus de longue haleine, selon les dires de M. Laksaci. «Un tel processus est un processus long et complexe, à l'instar de processus similaires dans d'autres régions», a-t-il estimé. Un chemin sinueux reste donc à parcourir. Relevant que cette intégration est une nécessité dans ce contexte de globalisation, le gouverneur de la Banque d'Algérie a toutefois noté la difficulté de ce changement dont les progrès dans la réalisation sont jugés modestes. D'où la nécessité de mettre en place les conditions nécessaires pour la réussite de cette intégration tant attendue par les opérateurs économiques. Une intégration, certes, prônée par les Etats membres de l'Union du Maghreb arabe mais dont les démarches n'ont pas suivi. Entre le discours et la réalité du terrain, c'est le déphasage. D'ailleurs, pour le gouverneur de la Banque d'Algérie, des efforts sont à consentir dans ce cadre. «L'intégration économique réussie, viable et bénéfique pour tous exige de chacune des parties prenantes d'œuvrer à réunir les meilleures conditions internes à cette intégration», a-t-il avancé. Selon lui, la poursuite des réformes est un atout favorable à ce changement. Et ce, à travers des politiques macroéconomiques saines, susceptibles de préparer ces bonnes conditions internes d'intégration. Et ce, même si des progrès appréciables ont été accomplis par les banques centrales de la région, en matière de modernisation des cadres réglementaires et opérationnels de l'activité bancaire et de renforcement de la supervision, dans un contexte favorable à l'ouverture. M. Laksaci, ayant par la même occasion rappelé la dernière réunion, à Tripoli (Libye), des gouverneurs des banques centrales de pays arabes, qui a permis d'instituer une commission permanente pour asseoir une coopération fructueuse entre les banques centrales, a noté la nécessité d'aller vers le développement de ce secteur en vue d'une intégration financière régionale viable. «Il est ainsi crucial que les efforts en la matière se poursuivent de manière soutenue», a-t-il relevé. S. I.