Les cinq médailles d'or obtenues par les boxeurs aux Jeux de Mersin vont avoir le mérite, surtout, de voiler la réalité d'une participation quasi nulle de la délégation algérienne en Turquie. De morosité, pour ne pas dire de deuil annoncé, les responsables des fédérations concernées et ceux du ministère de la Jeunesse et les Sports vont avoir cette «performance» l'opportunité inespérée de tirer la couverture vers eux et bien évidemment transformer une incontestable débâcle du sport algérien en formidable succès. Récemment, un joueur de l'EN de football disait «Personnellement, je préfère gagner quatre rencontres par la plus faible des marges et voir l'Algérie qualifiée que de battre le leader du groupe par un score lourd après avoir perdu celles (rencontre) de qualification». Autrement dit, à la fin des Jeux de Mersin, il n'y aura aucune gloire à tirer d'une bonne place au classement grâce à cinq médailles gagnées dans une seule discipline au lieu d'avoir apporté ses preuves sur l'ensemble des disciplines quitte pour cela à ne prendre que des médailles intermédiaires (argent ou bronze) parce qu'elles seront synonymes de volonté, vigueur et aptitudes authentiques chez les athlètes et dans la foulée l'idée même d'un travail qui se fait par les staffs techniques et les dirigeants de fédérations. Bien avant le départ vers la Turquie de la délégation algérienne, le ministre de la Jeunesse et Des Sports rappelait que participer à une manifestation international rien que pour le principe de répondre à une présence n'était plus une option tout en affirmant néanmoins qu'avoir pour seul objectif de gagner des médailles ne l'était pas non plus d'autant plus, selon toujours le ministre, qu'en matière de représentativité internationale une grande partie des athlètes serait en fin de cycle. Solution : se renouveler et donc prendre option pour touts les évènements se profilant à partir de 2015. Mais faudrait-il encore rappeler que ce genre d'engagement officiel frappé de grande solennité a été servi par tous les ministres qui ont eu à servir la République dans ce domaine…,la réalité demeurant implacable, l'Algérie n'arrêtant pas de faire du surplace depuis la fin des années 1990 et la retraite de quelques sportifs d'exception. La razzia des boxeurs à Mersin est d'autant plus un leurre dangereux qu'il y a seulement une année et plus précisément lors des Jeux Olympiques de Londres, l'échec de ces derniers était vécu comme la pire des Bérézina et le déclin du noble art irréversible par les analystes sportifs, les journalistes, etc. Pour «historique» donc, la «performance» des pugilistes algériens l'est dans la mesure où elle vient fausser les vraies conclusions dans un secteur que seule une révolution en profondeur et dans son ensemble pourrait remettre en orbite et non pas des replâtrages épars qui n'ont qu'un effet cosmétique. Il faudrait également se souvenir qu'à Londres, la seule satisfaction n'est venue que de Touffik Makhloufi, lequel, est-il également besoin de le souligner, est aux abonnés absents depuis l'instant qui lui a permis de prendre une médaille d'or au 1 500M. Or, à ce stade de la compétition, un champion s'affirme dans les semaines qui suivent en étant présent à tous les meetings possibles. Ce qui n'a pas été le cas. Quoiqu'il en soit, il relèverait de la honteuse et indécente prétention que d'affirmer que la participation algérienne aux Jeux de Mersin serait un gage de réussite et un renouveau du sport qui ferait autrement voir l'avenir. Donc, renvoyer aux calendes grecques un véritable audit du secteur et surtout une authentique politique de prospection, formation et prise en charge des sportifs dès leur plus jeune âge. A. L.