Six personnes accusées d'appartenance à un groupe terroriste, de détention de munitions et de vols de cheptel sous la menace d'armes à feu ont comparu hier devant la cour criminelle d'Oran. Les inculpés, en l'occurrence Mouna Azzedine, alias Talha, chef du groupe, Babah Samir, Habbar Samir, Missoum Driss, Boukhalfa Boubaker et Abdeldjabar Mohamed, ont été identifiés, localisés et arrêtés à Oran, la fin du mois de novembre 2003 par les forces de sécurité qui étaient sur le qui-vive, grâce à des informations fournies par un repenti connu sous le sobriquet d'Ayoub. Selon les faits consignés sur l'arrêt de renvoi, ce groupe terroriste, composé d'éléments venus des différentes contrées de l'Ouest, qui étaient affiliés à l'une des phalanges du GSPC, s'était installé à Oran dans l'intention de perpétrer plusieurs attentats. Ils avaient, en effet, planifié l'assassinat du porte-parole du parti politique RND, Miloud Chorfi, l'attaque à l'explosif de l'hôtel Phœnix, situé près de l'aéroport international d'Es Sénia, et des entrepôts de l'Office des céréales (OAIC) à Chteïbo. Le principal accusé dans cette affaire, Mouna Azzedine, originaire de la ville de Oued Rhiou (wilaya de Relizane), avait été déjà condamné par la cour criminelle d'Oran en 1996 à une peine de sept années de réclusion criminelle pour appartenance à un groupe de terroristes. Il n'a pas purgé entièrement sa peine, car il a bénéficié d'une grâce présidentielle en 1999. Aussitôt libéré, il a rejoint un autre groupe armé du GSPC, qui s'était réfugié dans les monts boisés de Stamboul, dans la région de Sig (w. Mascara), pour recevoir des instructions de l'« émir » Abou Djaffar (abattu par les forces de l'ANP). Il est retourné à Oran pour prendre contact avec les autres éléments qui devaient composer ce groupe chargé de commettre les attentats cités plus haut dans la ville d'Oran. Son premier contact a été Abdeldjabar Mohamed, un terroriste originaire de la région de Tiaret qui faisait partie d'un groupe armé qui opérait dans une zone frontalière délimitant la wilaya de Saïda et celle de Tiaret. Ce groupe était réfugié, à l'époque des faits, dans des casemates construites dans le djebel H'did. Ce terroriste, qui s'était provisoirement installé à Chteïbo, a présenté à Mouna Azzedine le dénommé Habbar Samir, propriétaire d'un local commercial versé dans la réparation de réfrigérateurs, situé dans le quartier de Cité Protin. Ce magasin était, entre autres, utilisé pour dissimuler des armes, des munitions, des médicaments et des effets vestimentaires destinés à des terroristes. Habbar Samir avait émis le vœu d'adhérer à un groupe terroriste et de participer à des attentats dans le grand Oran. Les accusés avaient, entre la période allant de 2000 à 2003, commis un nombre indéterminé de vols de cheptel dans la région d'Oran et de Mascara pour financer les opérations qu'ils projetaient dans l'achat d'armes à feu. La mosquée El Hidaya de Chteïbo où l'accusé Missoum Driss présidait, sans autorisation, les prières, en l'absence de l'imam accrédité, était utilisée comme lieu de rencontre des mis en cause dans cette affaire de terrorisme. Hier à la barre, à l'exception de Adeldjabar Mohamed qui a reconnu tous les griefs retenus contre lui, le reste des inculpés a réfuté en bloc les accusations en arguant le fait d'avoir formulé des déclarations sous la torture. Chacun a prétendu n'avoir aucune accointance avec les autres accusés. Le représentant du ministère public a insisté sur les déclarations contradictoires des accusés tout en soulignant que les résultats de l'enquête prouvent incontestablement leur culpabilité dans les faits qui leur sont reprochés. Il a conclu en requérant une peine de réclusion criminelle à perpétuité pour chacun des inculpés. Les avocats de la défense ont basé leurs plaidoiries respectives sur l'insuffisance de preuves pouvant incriminer leurs mandants avant de demander leur acquittement. Au terme des délibérations, la cour criminelle a prononcé cinq peines de trois ans de prison ferme et un acquittement.