Le BAC algérien, version 2013, est déjà dans l'histoire. Il surclasse manifestement toutes les précédentes sessions, même celles ayant été émaillées par des «incidents» ou même des fuites. Il faut espérer que les sessions à venir ne lui disputeront pas cette triste copie. Le déroulement des épreuves, comme la proclamation des résultats, ont été accompagnés par des irrégularités inacceptables. Il s'agit pourtant d'ordinaire d'opérations que l'Algérie organise depuis l'indépendance dont nous célébrons demain le 51e anniversaire. Nul besoin cependant de sortir des grandes écoles où il n'y a pas de place pour un baccalauréat de la triche ni à un enseignement au rabais, pour déduire que ce qui arrive aujourd'hui à notre école est le résultat d'une longue navigation à vue. Elevée, depuis au rang de normes de «performance», les chiffres officiels de la gouvernance Benbouzid faisant foi, cette navigation à vue vient de révéler à quoi elle mène réellement : au désastre. L'ambiance qui a marqué le déroulement des épreuves du BAC, début juin, ne peut pas constituer un acte isolé. Car, quand des candidats aux épreuves viennent à contester les questions à travers lesquelles ils sont examinés, l'acte ne traduit pas seulement un effet de «surprise». Peut être que les nouvelles mœurs de notre école y sont pour quelque chose. Les élèves ont été tellement habitués à des «facilitations» qu'ils trouvent anormal que les sujets posent quelques «problèmes» difficiles à résoudre ! Tout comme ils se mettent, depuis quelques années, à exiger un seuil pour les révisions des cours au delà duquel il est inutile de réviser. Bien qu'elle ne répondait pas à une quelconque règle écrite ou une orientation scolaire, la procédure a bel et bien fonctionné. Tout le monde trouvait son compte jusqu'à ce que survienne ce cas de parfait désordre. Mais l'espace du désordre enregistré a été tellement large qu'il n'est pas si facile de situer, avec l'exigence de précision, toutes les responsabilités. Peut être aussi que l'âge du malaise de l'école algérienne n'est pas de nature à faciliter le diagnostic. Cumulant au moins deux décennies de bricolage, le mal ne peut logiquement se suffire de quelques mesures de circonstances. C'est que la fin empoisonnée de l'année scolaire 2012/2013 sonne comme le stade final d'une faillite avérée d'un système scolaire. Ce n'est peut être pas un hasard si le malaise qui couve dans notre école s'exprime de cette manière à l'heure de l'examen final du cycle scolaire. La réforme, initiée par les uns, et la contre réforme, suggérée par les autres, n'auront servi, au final, qu'à palabrer autour d'un système éducatif de plus en plus dangereux pour l'avenir du pays. A. Y.