En effet le ministère du Commerce vient d'annoncer de son côté, par la voie du directeur général de la régulation et de l'organisation des activités commerciales que six mille tonnes de viande bovine congelée importées seront distribuées durant le mois de Ramadhan. En ce qui concerne le ministère de l'Agriculture, son premier responsable a déclaré dans un point de presse qu'il a animé dernièrement à Constantine, que 12 000 têtes bovines importées, par des opérateurs privés, sous la forme de viande fraîche sous vide seront mis en vente par le biais de boucheries. Lors de ce point de presse, tenu en marge d'une rencontre régionale regroupant les responsables des Conseils régionaux interprofessionnels des filières des céréales, du lait et de l'aviculture, les Chambres de l'agriculture des wilayas de l'Est et des cadres du secteur, Rachid Benaïssa a indiqué que les préparatifs d'importation de la viande rouge congelée ont été entamés depuis sept (7) mois. Il a, dans ce contexte, rappelé que des dérogations ont été accordées par son ministère pour l'importation des viandes rouges congelées, provenant essentiellement du Brésil, de l'Inde et de quelques pays européens. Toujours au sujet de l'approvisionnement du marché en viande rouge et blanche pendant le mois de Ramadhan, M. Chadi, président de la Société de gestion des participations productions animales (SGP. Proda) a déclaré à l'APS que de nombreux points de vente seront ouverts en la circonstance. Notons également que les importations de viande rouge par les opérateurs privés, en prévision du mois de Ramadhan 2013, ont sensiblement augmenté comparativement à 2012 (voir tableau ci-contre) et où seul la viande bovine congelée a enregistré une diminution en volume importé. Cela dit, et comme nous l'ont souligné des professionnels bien au fait du circuit de la commercialisation de la viande rouge, que nous avons rencontrés lors de notre passage aux abattoirs du ruisseau, vendredi et samedi dernier, les mesures ou le dispositif spécial Ramadhan «n'aura aucun impact sur les prix à la consommation. S'appuyant notamment sur le constat des précédents Ramadhan où les prix avaient grimpés malgré toute la série de mesures», nous ont rappelés nos interlocuteurs. L'un d'eux nous dira : «Et quand bien même le volume des importations de cette année est en hausse, les prix vont augmenter ou tout au moins rester au niveau de ceux affichés pendant le mois de juin». Il arguera que «dès lors où la demande en viande fraîche durant tout le mois de Ramadhan reste forte, les prix sont appelés à la hausse». En clair la demande sera nettement supérieure à l'offre par l'effet de l'augmentation considérable de la consommation en produit carné frais pendant tout le mois de Ramadhan et comme l'offre ne va pas suivre, cela va occasionner, à coup sûr, de la surenchère sur la viande rouge comme aussi sur la viande blanche. En somme, avec une croissance de la production animale faible et une demande plus forte, notamment pendant le mois de Ramadhan, cela ne peut qu'ouvrir les portes à la surenchère sur le produit carné frais. Une surenchère qui s'est installée dans la durée et fort entretenue par des maquignons, chevillards et des bouchers qui en fait ont réussi à imposer leur diktat sur tous les marchés à bestiaux que compte le pays. Preuve en est, les prix au kilogramme de la viande ovine se sont multipliés par 80 en trois décennies. Une tendance jugée des plus paradoxales chez nombre de nos concitoyens. Car ils n'arrivent pas à comprendre comment avec un potentiel de production dont dispose l'Algérie, à savoir plus de 20 millions de têtes ovines, deux millions bovines et une production moyenne de 300 000 tonnes de viandes blanches par année, les prix sur les étals sont si élevés et atteignent des pics lors du Ramadhan et des fêtes religieuses. Ce paradoxe du marché de la production animale est la conséquence, selon des spécialistes bien au fait du dossier en question, d'une dérégulation dans ce secteur. De plus et comme l'ont souvent martelé des agronomes versés dans la production animale «l'élevage ovin et bovin se singularise par sa faible productivité pondérale ou numérique» et pour ces spécialistes cela est dû «aux conditions du milieu mais également à un ensemble de contraintes qui limitent l'expression du potentiel productif. Elles sont d'ordre organisationnel, nutritionnel technique et sanitaire». En clair, «la production des viandes rouges en Algérie est irrationnelle», ont-ils souvent lancés. Mais jusqu'à quand va-t-elle continuer d'être irrationnelle ? C'est une question que se posent tous ceux parmi les consommateurs qui n'arrivent plus à suivre la sempiternelle hausse des prix des produits carnés frais. Ce n'est pas demain la veille qu'ils pourront disposer du ratio nécessaire et utile en protéine. Ils le feront peut être durant la première semaine de Ramadhan mais au prix d'énormes sacrifices. Z. A.