L'Egypte a renoué, une fois de plus avec la violence hier matin. Pas moins de 10 personnes ont trouvé la mort dans des affrontements entre partisans du Président déchu et ses détracteurs. Politiquement, l'impasse est totale entre les Frères musulmans, mouvement dont est issu M. Morsi, et leurs détracteurs. Comptant sur la mobilisation de la rue pour faire plier les nouvelles autorités transitoires, qui continuent d'aller de l'avant dans la mise en place d'institutions transitoires, la confrérie cherche de plus en plus l'affrontement. Confinés près de certaines mosquées dans les banlieues cairotes, les militants de la confrérie ont vraisemblablement décidé de venir se frotter aux manifestants de la place Tahrir. Ce frottement ne pouvait entraîner que des affrontements sanglants comme hier matin. Six personnes ont trouvé la mort aux premières heures non loin de l'Université du Caire. Deux d'entre elles au moins ont été tuées par un homme qui a ouvert le feu sur des militants pro-Morsi. Les abords de l'Université, proches du centre-ville, sont, avec ceux de la mosquée Rabaa al-Adawiya dans le nord-est du Caire, l'un des deux sites occupés en permanence par les islamistes depuis près de trois semaines. Quatre autres personnes avaient été tuées lundi soir, trois dans la ville de Qalioub, à la périphérie nord de la capitale, et une au Caire, près de la place Tahrir. Les partisans de Mohamed Morsi continue à réclamer son retour, arguant qu'il est le premier président égyptien élu démocratiquement. Ses adversaires estiment, quand à eux, qu'il s'est disqualifié par une gestion au profit de son seul camp, et ajoutent que les manifestations monstres du 30 juin pour réclamer son départ ont traduit la perte de légitimité. L'organisation Human Right Watch (HRW) a pour sa part lancé un cri d'alarme face à une recrudescence des violences contre la communauté chrétienne copte. «Depuis l'éviction de M. Morsi le 3 juillet, au moins six attaques contre des chrétiens ont eu lieu dans divers gouvernorats d'Egypte», écrit HRW, qui incrimine des partisans de M. Morsi dans plusieurs incidents, mais aussi l'inaction de la police face à ces violences dans la plupart des cas. Lundi, la famille de M. Morsi, détenu au secret depuis sa destitution, a accusé le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, de l'avoir «enlevé», et a déclaré qu'elle allait engager des poursuites devant les juridictions égyptiennes et internationales. Le nouveau pouvoir n'a donné aucun écho aux demandes des Etats-Unis et de l'Union européenne de libérer M. Morsi, se contentant à assurer qu'il était bien traité. M. S.