En plus des condamnations et dénonciations, l'assassinat du député de l'opposition tunisienne de gauche Mohamed Brahmi, jeudi dernier, a provoqué une mobilisation populaire en Tunisie. Des représentants de partis politiques et de la société civile, qui étaient partis de l'avenue Habib Bourguiba à Tunis, ont afflué, hier, vers le siège de l'Assemblée nationale constituante (ANC) pour dénoncer l'assassinat du député et coordinateur général du courant populaire, rapporte l'agence de presse TAP. «Ce mouvement de protestation se transformera en un sit-in», ont affirmé plusieurs manifestants à l'agence TAP. Les protestataires ont scandé des slogans dénonçant l'assassinat de Mohamed Brahmi et condamnant le mouvement Ennahdha, le parti au pouvoir, particulièrement son président, Rached Ghannouchi, qu'ils accusent d'être «derrière les assassinats politiques dans le pays». Un important dispositif de sécurité a été déployé aux alentours de l'ANC pour désengorger la circulation et protéger le bâtiment, selon la TAP. Evidemment, face au mouvement populaire, il y aura les soutiens du gouvernement qui organiseront également leur manifestation. Des milliers de personnes ont ainsi manifesté, hier après-midi, dans Tunis pour soutenir le gouvernement dirigé par le parti Ennahda, et ce peu après la manifestation qui dénonçait l'assassinat de Mohamed Belaïd et la complicité du gouvernement dans ces violoentes dérives. Les manifestants ont scandé des slogans en soutien au mouvement Ennahdha, à son président Rached Gannouchi et à la légitimité, d'après l'agence de presse tunisienne. Encadrés par la police et un service d'ordre, les manifestants por-gouvernement ont parcouru une partie de l'avenue centrale Habib Bourguiba ouverte à la circulation, scandant des slogans appelant à l'union nationale. Hommes et femmes sortis de la mosquée El-Fatah (centre), après la prière du vendredi, agitaient le drapeau national et entonnaient l'hymne national devant le ministère de l'Intérieur, selon la TAP. Le ministre tunisien de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou a accusé, hier, un «salafiste extrémiste, Boubaker Hakim» d'implication dans l'assassinat du député. Selon lui, la même arme avait été utilisée pour tuer les opposants Mohamed Brahmi, abattu jeudi, et Chokri Belaïd, tué dans des circonstances similaires en février.