Après cinq jours d'attente, le Mali connaît enfin le résultat du premier tour de l'élection présidentielle, qui s'est tenue dimanche dernier. Un scrutin qui a eu la particularité de se dérouler dans le calme. Le Mali qui vit une des périodes les plus difficiles de son histoire tente de se réorganiser politiquement. La crise a commencé lorsque le président Amadou Toumani Touré, «ATT», a été renversé par un groupe mutin de l'armée. Ce qui a ouvert la boîte de Pandore et le basculement de la partie nord du pays. L'ancien Premier ministre, Ibrahim Boubacar Keïta, dit «IBK», 68 ans, est arrivé en tête de ces élections avec 39,2% des voix face à Soumaïla Cissé, 63 ans (19,4%). Le candidat du plus grand parti malien, l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), Dramane Dembélé, est arrivé lui en troisième position avec près de 9,6%. Le quatrième, Modibo Sidibé, un ancien Premier ministre comme Ibrahim Boubacar Keïta, obtient près de 4,9%. Les 23 autres candidats au premier tour se partagent les voix restantes. L'annonce des résultats de ce premier tour a traîné en longueur suscitant la controverse. Ibrahim Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé seront finalement départagés lors d'un second tour, prévu pour le 11 août prochain. IBK a occupé les fonctions de Premier ministre et de président de l'Assemblée nationale. Candidat malheureux aux présidentielles de 2002 et 2007, il se représente pour la troisième fois. C'est un cacique de la vie politique du Mali qui a la réputation d'être un «homme à poigne». De son côté Soumaïla Cissé, ingénieur de formation de 63 ans, est un farouche opposant au putsch du 22 mars 2012 qui a plongé son pays dans le désordre. Une prise de position et une participation à une large coalition anti-putsch, le Front pour la démocratie et la république, lui ont valu d'être brutalement arrêté par les hommes armés du capitaine Sanogo, chef des putschistes. Ces élections présidentielles très attendues particulièrement dans un contexte malien très complexe, se sont déroulées dans de bonnes conditions. Le président par intérim, Dioncounda Traoré, a même déclaré en votant : «De mémoire de Malien, c'est le meilleur scrutin qu'on organise depuis 1960.» La participation aura été particulière. Plus de 51,5%, un taux exceptionnel pour le Mali où la participation à ce type de scrutin n'avait jamais dépassé 38% dans l'histoire du pays. L'engouement populaire pour l'élection du président est probablement imputable à la situation difficile dans laquelle se trouve ce pays. Les Maliens entendent sortir le plus vite possible de la crise actuelle. La mutinerie du 22 mars avait mis l'armée malienne en déroute notamment dans le nord du pays. Ce qui entraînera un effet de chaîne particulièrement désastreux. L'annonce du mouvement touareg Mnla de la création de leur Etat, suivie par l'entrée en jeu des mouvements extrémistes djihadistes, et finalement l'intervention controversée de l'armée française. Le nouveau Président aura pour lourde tache de relever le pays en grande difficulté économique mais aussi de résoudre la complexe question touareg dans le nord. M. B./agences